« Incapable ou peu désireux de s’attaquer aux nombreux et graves défis auxquels l’Iran est confronté, le gouvernement a eu recours à son réflexe répressif d’arrêter les critiques populaires », a déclaré Tara Sepehri Far, chercheuse expérimentée sur l’Iran à Human Rights Watch. « Il n’y a aucune raison de croire que ces récentes arrestations sont autre chose que des manœuvres cyniques visant à dissuader l’indignation populaire face aux échecs généralisés du gouvernement. »
Des agents de l’Organisation du renseignement du Corps des gardiens de la révolution islamique (les pasdarans) ont arrêté Tajzadeh à 23 h 30 le 9 juillet à son domicile, a publié sa femme, Fakhrossadat Mohtashamipour, sur son compte Instagram. L’agence de presse Fars, proche des services du renseignement en Iran, a rapporté le 9 juillet que Tajzadeh, ancien vice-ministre de l’Intérieur, avait été arrêté pour avoir « agi contre la sécurité nationale » et « publié des mensonges dans l’intention de troubler l’opinion publique ».
L’agence officielle Islamic Republic News Agency (IRNA) a accusé Rasoulof et Al-Ahmad d’avoir recueilli des signatures pour une lettre de soutien à des manifestants demandant des comptes après l’effondrement d’un bâtiment dans la ville d’Abadan, dans la province du Khouzistan, le 23 mai, qui a fait plus de 40 morts.
Le régime iranien a poursuivi Rasoulof, cinéaste primé et critique franc, à plusieurs reprises, pour son travail. Dernièrement, en 2020, un tribunal l’a condamné à un an de prison et à une interdiction de réaliser des films pendant deux ans, pour « propagande contre le système », en raison du contenu de ses films.
Le 11 juillet, l’agence de presse Mehr, appartenant à l’Organisation de diffusion de l’idéologie islamique, a rapporté que Panahi, un autre réalisateur de premier plan, avait été arrêté, après s’être rendu au bureau du procureur de Téhéran pour s’enquérir de la détention de Rasoulof.
Le régime iranien avait déjà arrêté Tajzadeh le 13 juin 2009, immédiatement après les élections présidentielles contestées qui ont suscité des manifestations massives. Un tribunal l’avait condamné à six ans de prison pour « rassemblement et collusion visant à perturber la sécurité nationale. » Il a été libéré en juin 2016.
Les récentes arrestations du régime iranien s’inscrivent dans le cadre d’une répression depuis mai de la dissidence pacifique, dans un contexte de détérioration des conditions économiques et de ce qui semble être une impasse pour relancer l’accord nucléaire de la communauté internationale avec l’Iran. Les autorités ont arrêté, condamné et renvoyé en prison plus d’une dizaine de militants, dont Narges Mohammadi, Saeed Madani, Keyvan Samimi, Mohammad Habibi et Reza Shahabi. Rien que pendant la dernière semaine de juin, les autorités ont arrêté, condamné ou convoqué plusieurs journalistes et militants, dont Vida Rabani, Ahmad Reza Haeri, Amir Salar Davoudi et Masoud Bastani.
Les autorités iraniennes devraient mettre fin à la répression de la dissidence et libérer les personnes détenues pour leur activisme pacifique et leurs critiques de l’État, a déclaré Human Rights Watch.
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