Ali Heidari, le directeur de l’Institut iranien de lutte contre le sans-abrisme, a averti que le phénomène du sans-abrisme a une relation directe avec la situation économique des familles.
« Nous passons du phénomène des personnes sans abri à un phénomène plus dangereux appelé familles sans abri ».
Selon le directeur de l’Institut pour la fin du sans-abrisme, si la situation économique du pays ne s’améliore pas, bientôt les familles sans-abri se généraliseront en Iran, car dans la situation actuelle, les familles de la classe moyenne ont déménagé à la périphérie des villes, et les familles qui vivaient dans les bidonvilles n’ont nulle part où aller. Elles sont obligées de vivre dans la rue dans des tentes ou sur des cartons.
Dans son interview avec l’agence de presse officielle ROKNA, Heidari a confirmé qu’environ 85% des personnes qui dorment sur ou dans des cartons dans les rues sont des toxicomanes.
« Toutefois, si la situation actuelle se poursuit, nous verrons bientôt un groupe qui n’est ni toxicomane ni sans famille, mais plutôt des familles entières qui vivent dans des tentes au bord des rues. Et cela devrait tirer la sonnette d’alarme pour la société et les gens », a-t-il ajouté.
Selon le directeur de l’Institut de lutte contre le sans-abrisme, de nombreux sans-abri migrent vers les villes du sud pendant les saisons froides et reviennent à Téhéran lorsque le temps se réchauffe. C’est pourquoi la ville de Bandar Abbas, dans le sud du pays, compte un nombre élevé de sans-abri.
Ali Heidari a regretté que la population de sans-abri éduqués soit également en augmentation et a déclaré : « D’après nos statistiques, 30% des sans-abri ont des diplômes ou plus, et parmi eux, il y a aussi des personnes ayant un doctorat. »
Selon Heidari, environ 20% des sans-abri sont des femmes et des enfants. Il a reproché à l’organisation d’aide sociale, aux municipalités et à la radio et à la télévision officielles de ne pas remplir leurs fonctions. Puis, il a déclaré qu’au lieu de remplir ses fonctions, l’organisation d’aide sociale ne cherchait qu’à louer ses propriétés.
« Les municipalités n’ont construit qu’un nombre limité d’abris qui offrent des services très limités. »
Les institutions officielles de la République islamique d’Iran ne disposent pas de statistiques précises sur les sans-abris, et si elles en ont, elles les cachent. Cependant, les médias iraniens ont mentionné différentes statistiques. En janvier, après que le phénomène des bus dormants a fait la une des journaux à Téhéran, l’agence de presse officielle Danjeshju a cité des responsables de la ville et écrit que 24 000 sans-abris vivaient dans la capitale. Les informations précisaient que la plupart de ces personnes vivaient dans le district 12 et dans la banlieue de Téhéran.
Pour comprendre l’ampleur de cette catastrophe, il suffit de considérer la capacité des abris de la capitale qui ne peuvent accueillir que 2 800 personnes par jour. Ali Hiydari estime qu’il y a environ 35 000 personnes sans abri dans la capitale.
L’hiver dernier, les médias iraniens ont révélé que certains travailleurs passaient les froides nuits d’hiver à dormir dans les bus de la ville. Des informations faisant état de personnes dormant sur des toits et dans des tombes ont également fait la une des journaux. Dans tous ces cas, les autorités de la République islamique d’Iran ont nié l’ampleur des informations et affirmé avoir pris des mesures efficaces pour soutenir les personnes dans le besoin.
Auparavant, Sepideh Alizadeh, une militante civile dans le domaine de la toxicomanie et des femmes, a déclaré que, parallèlement à l’extension de la pauvreté, les visites des familles dans les foyers pour sans-abri avaient également augmenté. Selon Mme Alizadeh, ces personnes ne sont pas des toxicomanes mais elles sont devenues des sans-abris. Et, comme il n’est pas possible d’accepter des familles entières dans les refuges en raison de la ségrégation des sexes, les femmes et les enfants sont acceptés dans les refuges pour femmes et les hommes dans les refuges pour hommes.
Source : Iran HRM /CSDHI
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