CNRI - " Je me suis immolée, pas parce que je voulais mourir, pas pour moi, mais à cause d’un peuple, mon peuple, parce que je voyais et je sentais que cette attaque du 17 juin entrait dans un marchandage avec les mollahs pour détruire la résistance au fascisme religieux, de maintenir une dictature pour des intérêts économique," a déclaré la résistante iranienne Marzieh Babakhani.
Elle s'exprimait le 24 septembre lors d'uneconférence à la Salle Wagram pour célébrer la victoire juridique de l'Organisation de Moudjahidine du Peuple d'Iran en France, à la suite du non-lieu prononcé par le juge Marc Trévidic à l'encontre des membres du mouvement. Marzieh Babakhani s'était immolée le 18 juin 2013 pour protester contre la rafle dont a été visée le mouvement dans une collusion entre le gouvernement français de l'époque et le régime des mollahs qui exigeait l'extraditions des dirigeants arrêtés en France.
Dans son intervention, la courageuse militante iranienne a déclaré: « Je suis venue dire aujourd’hui ce qui s’est passé pour moi le 17 juin 2003. Il y a onze ans, le 18 juin 2003, pour protester contre un marchandage honteux, je me suis immolée par le feu devant le siège de la DST à Paris.
Je suis restée plus de deux ans à l’hôpital. J’ai été isolée longtemps dans une chambre. Je suis tombée dans le coma. Je comprenais mais je ne pouvais pas parler. J’avais mal, mais je ne pouvais pas le dire. C’était une période très difficile. Je savais que si je restais vivante, le monde serait différent.
Malgré toute la douleur à cause des brûlures et du manque de perspectives, je n’ai pas regretté une minute mon geste et aujourd’hui, onze ans après, je sais que c’était juste.
C’était mon devoir vis-à-vis du peuple iranien, et de 120.000 martyrs. C’était mon devoir vis-à-vis de mes frères Taghi, 21 ans, et Mehdi 25 ans qui ont été exécutés par le régime des mollahs parce qu’ils défendaient la liberté. C’était mon devoir vis-à-vis de Homeyra Eshragh et de Simine Hojabr, mes camarades de classe arrêtées et exécutées avec des milliers de jeunes par les mollahs, ces camarades qui ont sacrifié leurs vies pour la cause de la liberté.
Je me suis immolée, pas parce que je voulais mourir, pas pour moi, mais à cause d’un peuple, mon peuple, parce que je voyais et je sentais que cette attaque du 17 juin entrait dans un marchandage avec les mollahs pour détruire la résistance au fascisme religieux. Le but était de maintenir une dictature pour des intérêts économiques.
Je ne pouvais garder le silence. Je n’avais rien d’autre que ma vie. Les dirigeants d’un gouvernement démocratique marchandaient avec une dictature religieuse. Sous la pression des centres du pouvoir, la presse a fait beaucoup de propagande et publié beaucoup de mensonges.
C’est parce que j’aime la vie que j’ai fait ce geste. C’est pour la beauté de la vie que j’ai fait ce geste. Je voulais que les femmes de mon pays soient libres. J’ai fait ce geste pour qu’un jour mon pays connaisse la liberté et la justice. Oui, dans mon pays les femmes s’immolent à cause des discriminations et de la répression. L’Iran a le plus grand nombre de suicides de femmes dans le monde. Je me suis immolée pour dénoncer ceux qui voulaient sacrifier la résistance du peuple iranien pour des intérêts économiques.
Ce qui a été le plus douloureux pour moi durant toutes ces années, ce ne sont pas les souffrances de mes brûlures qui pourtant étaient terribles. Non ! C’est la propagande des mollahs qui se répétait, mais sous le couvert de s’inquiéter pour moi, en disant que d’autres personnes avaient décidé à ma place. C’est une insulte à une haute caractéristique humaine qui est la liberté de choisir et de décider.
Chère Maryam Radjavi,
Je sais que vous étiez et que vous êtes opposée à ce geste. Vous m’avez dit votre opposition. Mais je reste persuadée que ma décision, prise en toute conscience, était juste. Il y a dans la vie des moments où chacun doit décider. Pour moi, la plus grande caractéristique de l’être humain est sa volonté, et sa possibilité de choisir et de décider.
Je sais que vous étiez et que vous êtes opposée à ce geste. Vous m’avez dit votre opposition. Mais je reste persuadée que ma décision, prise en toute conscience, était juste. Il y a dans la vie des moments où chacun doit décider. Pour moi, la plus grande caractéristique de l’être humain est sa volonté, et sa possibilité de choisir et de décider.
L’attaque du 17 juin 2003 visait toute la résistance d’un peuple. Vous représentez cette résistance. Vous incarnez cette résistance. J’étais devant un choix. Je me suis révoltée contre ce marchandage honteux. C’était résister ou capituler. J’ai choisi de résister.>>
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