TheDiplomat.com, 29 juin 2016, Par Perviz Khazaii * - Tout au long des trois années de la présidence d’Hassan Rohani, certains en Occident ont maintenu l'espoir qu'il annoncerait une ère de modération et de réforme en Iran. Suite à l'accord nucléaire entre l'Iran et les P5 + 1, ce sentiment a été encore accentué par les mêmes personnes. Nous sommes à un moment opportun pour vérifier les faits.
Il y a eu plus de 2400 exécutions en Iran, en un peu moins de trois ans. Les victimes sont des opposants politiques, et plus particulièrement les militants de l'organisation des Moudjahidine du peuple d'Iran. Dans un rapport le 10 mars 2016, Ahmed Shaheed, le rapporteur spécial de l'ONU pour les droits de l'homme en Iran, a déclaré que les exécutions avaient bondi à près de 1000 en 2015, le plus haut niveau depuis plus d'un quart de siècle. Le nombre d'exécutions en 2015 était à peu près le double de celui en 2010 et dix fois plus qu'en 2005. Amnesty International a souligné dans son rapport annuel que l'Iran compte le plus grand nombre d'exécutions par habitant.
Cette tendance se poursuit. Le régime iranien a mené au moins 21 pendaisons en 48 heures dans la deuxième semaine de mai.
L'Iran est probablement le plus grand exécuteur de mineurs délinquants. Et les exécutions des membres de minorités ethniques et religieuses ont augmenté de façon spectaculaire.
Pendant ce temps, ceux qui ne sont pas mis à mort peuvent être soumis à des châtiments cruels. En aout de l'an dernier, un prisonnier à Machad a été amputé de la main droite et du pied gauche pendant que d'autres étaient contraints de regarder.
Les châtiments violents ne se limitent pas aux prisons de l'Iran. Par exemple, en octobre 2014, des gangs affiliés au régime ont dirigé des agressions à l'acide contre au moins 25 femmes et filles iraniennes jugées mal voilées ou en infraction des normes religieuses.
Ce genre d'application de l'idéologie du régime a également motivé une répression massive et continue des militants, écrivains, blogueurs et artistes. Cela a aidé l'Iran à obtenir son titre de plus grand geôlier de journalistes au Moyen-Orient.
En bref, la situation des droits de l'homme se détériore à un rythme rapide.
La conduite infâme de Téhéran n'est pas limitée aux frontières du pays. Jour après jour, l'Iran développe son implication dans la guerre civile syrienne. Il est maintenant évident que s'il n'avait pas le soutien total du régime iranien, le dictateur syrien Bachar al-Assad aurait été renversé depuis longtemps. Le régime iranien est donc la principale cause de la poursuite du carnage en Syrie.
Les gardiens de la révolution ont maintenant envoyé un contingent de plus de 70.000 troupes sur le terrain, composée de 10.000 membres de la Force Qods et de dizaines de milliers de fantassins et de mercenaires d'Afghanistan, d'Irak, du Liban et du Pakistan. Téhéran est tellement coincé dans le bourbier syrien, qu'il vient aussi d’envoyer une brigade de l'armée régulière en Syrie.
Le 13 mai, le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif a comblé d'éloges le haut commandant militaire en Syrie du Hezbollah, groupe terroriste notoire, qui est mort dans une explosion à Damas.
"Je présente mes condoléances pour le martyre du grand combattant sacré Mustafa Badreddine qui était plein d'esprit et d'héroïsme dans la défense des valeurs justes de l'islam et du peuple combattant du Liban", a déclaré Zarif dans un message aux dirigeants du Hezbollah. Ceci fait suite à des actes antérieurs de Zarif telles que la pose d'une couronne sur la tombe d'Imad Moughnieh, l'ancien commandant militaire et chef de l'appareil terroriste du Hezbollah, en 2014. Ces louanges sur des terroristes internationaux notoires montrent clairement que Zarif considère le terrorisme comme un instrument d'état.
Je ne suis pas étranger aux relations diplomatiques. Je faisais partie des trois diplomates iraniens qui avaient démissionné de leurs postes d'ambassadeur pour protester contre une vague effrénée d'exécutions en Iran au début des années 1980 et qui ont rejoint le Conseil national de la Résistance iranienne (CNRI), dirigée par Mme Maryam Radjavi. C'est un choix que nous avons payé très cher. Deux d'entre nous ont été abattus en plein jour à Genève et à Rome par des terroristes envoyés de Téhéran, le premier en 1990 et le second en 1993. Je suis le seul survivant.
Malgré le danger persistant, je reste actif dans le CNRI à ce jour. Le 9 juillet, je me rendrai à Paris afin de prendre part au rassemblement pour "un Iran libre", qui va attirer des dizaines de milliers de personnes, non seulement des exilés iraniens mais aussi leurs partisans au sein de gouvernements et de communautés militantes de nombreux pays d'accueil pour dénoncer le comportement malfaisant de Téhéran en Iran et à l'étranger, et appeler à une nouvelle politique aux côtés du peuple iranien et de son désir de liberté.
La récente politique occidentale qui flirte avec la complaisance et néglige les droits humains, tout en mettant les accords commerciaux et les relations élargies bien au-dessus de ces questions, est tout à fait inacceptable. La vie et la sécurité ne peuvent être subordonnées à des intérêts économiques à court terme.
Il est grand temps pour les pays occidentaux de prendre position sur la terrible situation des droits humains en Iran et de conditionner toute amélioration des relations avec Téhéran et les relations commerciales à l'amélioration de la situation des droits humains, y compris l'arrêt immédiat des exécutions dans ce pays.
* Perviz Khazaii est ancien ambassadeur d'Iran en Suède et Norvège et le représentant du Conseil national de la Résistance iranienne en Scandinavie.
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