Une histoire rocambolesque qui a donné un scénario de film à succès et qui prèterait à rire si elle ne se passait pas dans l'Iran des mollahs, où le rire en soi est un délit dûment sanctionné.
Il y a 17 ans, Khaled Hardani, pris à la gorge par de grave problèmes financiers, décide de quitter l'Iran avec famille et baggages. Ne parlant à personne de ses intentions, il annonce à tout le monde qu'il leur offre des vacances sur le Golfe Persique. Il embarque donc avec les 18 membres de sa famille proche et belle-famille (4 femmes et 14 hommes) dans le vol partant d'Ahwaz (sud-ouest de l'Iran) en direction de Bandar-Abbas (au sud du pays). Lunettes de soleil, tong et valises estivales.
Or peu avant l'arrivée, Khaled entre dans la cabine de pilotage et ordonne au pilote de se diriger hors d'Iran. Détournement d'avion. Un garde de la sécurité intervient, échaufourée. La famille - qui ne connait pas l'intention de Khaled - vient à son secours. Une balle est tirée. Khaled est touché. L'opération capote et l'avion aterrit sans retard à Bandar-Abbas. Manque de chance, il n'y a pas de justice chez les mollahs. A l'aéroport, c'est toute la famille qui est arrêtée et qui sera condamnée à mort.
Un peine commuée
Grâce aux efforts d'un avocat qui brandit la législation en place stipulant qu'un détournement d'avion n'est puni que de 3 à 15 ans de prison, la peine de mort est levée et diverses peines vont être distribuées. Beaucoup de mineurs parmi les prévenus, dont le beau-frère du pirate amateur, Chahram Pour-Mansouri, 17 ans à l'époque.
Actuellement en grève de la faim dans sa cellule, il vient d'envoyer une lettre salée au guide suprême des mollahs, Ali Khamanei ; une missive saluée dans et hors les murs pour son audace, car "l'outrage au guide" est puni de mort en Iran. Il se trouve que sa peine d'emprisonnement a pris fin il y a neuf mois, et qu'il n'a toujours pas été libéré. Il a décidé d'entamer une grève de la faim pour alerter le monde sur l'injustice qui le frappe, lui et les siens ; ils sont encore trois en prison.
Malédiction
"M. Khamenei, vous qui vous parez des couleurs de l'islam et de la religion, vous qui poussez tout le monde à partir se battre en Syrie pour y défendre l'islam, pourquoi mentez-vous à la population ? Pourquoi n'avez-vous pas même dit un mot de vrai jusqu'à présent aux gens ? Pourquoi vous considérez-vous comme le dirigeant de l'Iran ?
Je m'appelle Chahram Pour-Mansouri et cela fait dix-sept années que je suis en prison. J'avais 17 ans quand j'ai été injustement condamné à mort à la 20e chambre du tribunal de la révolution par le bourreau Movahed-Kermani du ministère du renseignement, et nous avons été envoyés sous la pression des services de renseignement mon frère, mon beau-frère et moi-même de la prison d'Evine (à Téhéran)à la maison d'arrêt de Gohardacht (en banlieue) pour y être exécutés.
Mais par manque de chance, en raison de l'action de ma famille et de notre avocat qui ont pu à parler au chef du judiciaire, ils ont réussi à empêcher notre exécution. Si seulement ils n'étaient pas intervenus, tout se serait terminé à ce moment-là, et ma famille n'aurait pas autant souffert. Je lui en demande pardon.
En cet instant il ne me reste même pas la force d'écrire, ma santé peut flancher à tout moment et je me prépare à mourir. Car durant ces douze jours de grève de la faim, pas un seul responsable n'est venu me voir en cellule pour savoir quels sont mes problèmes.
Comment se fait-il qu'au moment d'exécuter quelqu'un, tout le monde est présent au pied de la potence au nom de l'islam, mais lorsqu'il s'agit d'entendre les douleurs dont je souffre à cause de votre régime, pas un chat ne pointe à l'horizon?
Quoi qu'il en soit, je maudis à voix haute l'islam que vous prêchez et les Iraniens que vous représentez.
J'appelle à l'aide toute la population en Iran et tous les gens épris de liberté dans le monde et je demande à toutes les instances des droits humains dans le monde de ne pas laisser ma mort impunie."
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