Farzad Madadzadeh, un ancien prisonnier politique, qui s’est enfui de l’Iran l’année dernière, a écrit son récit des raisons pour lesquelles il prévoit se joindre aux dizaines de milliers d’iraniens et à leurs partisans internationaux au rassemblement « Free Iran » du 9 juillet à Paris.
Dans un éditorial rédigé mardi pour le site web politique The Hill, M. Madadzadeh a écrit : « Inutile de le dire, c’est un événement international important concernant un enjeu international important. Mais pour moi c’est vraiment personnel. En esprit, je serai avec une plus grande foule. Nous serons rejoints par un nombre incalculable d'iraniens vivant encore sous la coupe du régime théocratique, qui prendront le risque de représailles en assistant aux procédures sur les chaînes de télévision satellite interdites.»
« Comment est-ce que je sais ? Après le rassemblement de cette année j’aurai regardé l’événement depuis tous les deux côtés du mur idéologique qui sépare la République islamique de la plupart du reste du monde. Au cours des dernières années, je faisais partie des iraniens qui ont supporté le CNRI et son principal groupe constitutif, l’Organisation des Moudjahidine du Peuple d’Iran (OMPI ou MEK), depuis un endroit silencieux au sein du pays. Je mets ma sécurité et ma liberté en danger, comme l’ont fait bon nombre de mes collègues, afin de continuer l’activisme local des groupes. J’ai passé 5 ans en prison de 2009 à 2014 et subit de graves tortures physiques et psychologiques à cause de mon soutien à l’OMPI. J’ai fui de l’Iran à l’âge de 29 ans l’année dernière. »
« Malgré la répression agressive à laquelle j’ai assistée de la part du régime, je n’ai jamais perdu espoir que le système de la domination théocratique s’effondrerait à temps. Les images du rassemblement du CNRI, avec 100.000 iraniens et leurs partisans étrangers chantant pour un « Iran Libre » ont largement contribué à renforcer cet espoir. Pour nous militants, ce jour a toujours été une occasion spéciale. J’ai même suivi des messages de l’événement en prison. »
« Des manifestations nationales de 2009 à la désobéissance quotidienne que les iraniens d’origine démontrent, il a toujours été clair pour moi que l’écrasante majorité de la communauté soutenait une cause commune avec le réseau d’activistes auquel j’ai dédié mes efforts. Entre-temps, les activités du CNRI à l’extérieur ont clairement montré que notre direction exilée faisait de grands progrès dans la sécurisation des types de soutien étranger qui pousseront notre cause vers le succès.»
«Je me réjouis de pouvoir contribuer à cet effort cette année. Les décideurs mondiaux se sont progressivement rendu compte du besoin impérieux de changement de régime en Iran, et maintenant je serai personnellement en mesure de porter ce cas devant une audience internationale. Si je suis chanceux, mon histoire et celle d’autres évadés récents de la République islamique atteindront les oreilles de bon nombre de politiciens Américains et Européens importants et des spécialistes qui seront là. »
« En tout état de cause, je sais que le message plus large est déjà clair pour eux. La modération du gouvernement iranien n’est pas une possibilité réaliste. La liberté et la démocratie ne peuvent être garanties que par un changement de régime. Je suis convaincu que les rangs de ces partisans occidentaux continueront à gonfler au fur et à mesure que l'image de la répression iranienne et de l'ingérence régionale se fera plus claire. » .
« L'événement de cette année aura lieu presque exactement un an depuis la conclusion des négociations nucléaires entre l'Iran et le P5 + 1. Ainsi, ce sera l'occasion pour les décideurs occidentaux d'évaluer l'impact du plan global d'action conjoint et de la stratégie générale de conciliation. Les décideurs participant à l'événement savent déjà que la stratégie fait cruellement défaut. »
« Certains en Occident persistent apparemment dans leur optimisme au sujet des perspectives de l'Iran sous la présidence d’Hassan Rohani. Ma présence et celle d'un certain nombre de mes collègues activistes aidera sûrement à faire comprendre le fait que l’Iran ne montre aucune tendance à la modération. La répression sur le plan national et l’agression étrangère sont toutes les deux dangereuses sous Rohani. Le premier continue d’envoyer les dissidents iraniens, les activistes, et les artistes soit en prison ou en exil en dehors du pays. Et le dernier contribue à la crise grandissante des réfugiés, grâce au soutien indéfectible de l’Iran au dictateur syrien Bachar el-Assad.»
« Je sais d’expérience à quel point l’événement du 9 juillet sera émouvant pour les dissidents iraniens et les activistes de chez nous. Il est important que les gouvernements occidentaux prêtent attention à son message. Ce même message résonne de Paris et de la majorité silencieuse des iraniens de chez nous : « Iran Libre, » a-t-il ajouté.
Farzad Madadzadeh est un ancien prisonnier politique qui a été libéré en 2014 après 5 ans d’emprisonnement et qui s’est enfui de l’Iran au milieu de l’année 2015.
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