Le Huffington Post, le 15 juin 2016, par Yves Bonnet* - Le sujet est plus qu'intéressant, la matière d'une exceptionnelle richesse, les intentions sans doute louables mais, une fois n'est pas coutume, la chaîne ARTE , pourtant connue pour la liberté de ton et l'indépendance fondamentale de ses productions, s'est fourvoyée dans un reportage trop rapidement livré à une vision normalisée d'un pays confronté à une dictature pire que sa devancière impériale.
Si le rappel historique mentionne justement le rôle des services américains dans le renversement du gouvernement du docteur Mossadegh, et si, au détour d'une phrase le shah Pahlavi exprime sa haine du marxisme tout en balayant d'une phrase la réailté de la menace intégriste, il reste sommaire et, de ce fait, inexact, dans le récit des évènements qui ont privé le peuple iranien de sa révolution : en clair la confiscation du pouvoir par les seuls religieux n'est pas expliquée alors qu'aujourd'hui encore on ne peut comprendre la situation politique en Iran ni les luttes pour le pouvoir si l'on n'explique pas, au préalable, les principes fondateurs de la Constitution de la « République » islamique, dont le plus important est la confiscation de toutes les fonctions de l'Etat par une seule classe, celle des religieux.
Les lacunes de l'émission fourmillent, qui seraient admissibles si elles ne s'appliquaient pas à l'essence même du régime, à son caractère absolutiste, son intolérance, son mépris des droits de l'Homme et son messianisme fondamentaliste à l'extérieur. Ces manques visent à lisser l'image d'un des régimes les plus répressifs au monde, à le présenter comme parfaitement fréquentable alors qu'il a sciemment recherché la confrontation armée avec l'Irak, respectueux de la loi internationale alors qu'il est le seul au monde à violer les usages diplomatiques, et tolérant alors qu'il persécute jusqu'au delà de ses frontières toute forme d'opposition. Aucune allusion à la volonté affichée de l'Iran de détruire Israël, à l'annexion de facto de l'Irak voisin, à la participation à la guerre civile qui ravage la Syrie, aux aides apportées à des organisations étrangères, Hezbollah libanais, Hamas, Houthis yéménites. Aucune évocation de la situation intérieure de l'Iran, des lourdes atteintes aux droits de l'Homme, des exécutions capitales, de l'application stricte de la charia. Aucune mention du Vevak, la police politique du régime, classée comme organisation terroriste par la Cour Supême du Canada, alors que la Savak du shah, dont il est au passage l'héritier, est dénoncé pour ses agissements criminels.
Les seuls intervenants iraniens sont des personnalités du régime, jusqu'à Mohsen Rezaï, placé par Interpol sur la liste des personnes faisant l'objet d'un mandat d'arrêt international. Quant aux intervenants étrangers, français et américains pour la plupart, il s'agit soit de diplomates qui arrondissent les angles, soit de géostratèges qui adoptent le point de vue de Sirius : leurs analyses sont pourtant les seules qui apportent quelques chose au débat. En revanche, aucune intervention d'une quelconque personnalité iranienne en exil ( puisqu'aucune forme de contestation n'est tolérée en Iran ) ne semble avoir été sollicitée alors que la pratique voudrait, comme cela se fait sur d'autres sujets et à propos d'autres pays, que la parole soit donnée à l'opposition, fût-ce brièvement.
La tonalité générale du reportage se ressent de cette approche. On comprend mieux pourquoi quand se déroule le générique de l'émission qui fait apparaître le partenariat avec les officiels du régime, qui en fait une coproduction franco-iranienne, au passage soutenue et financée par la région Ile de France. Il n'est que de se référer au titre de l'émission, l'Iran une puissance dévoilée, avec un jeu de mots révélateur et facile, pour en situer l'intention et la finalité, réhabiliter une dictature que son accession au nucléaire militaire rendra plus dangereuse encore. Ce qui s'appelle faire œuvre de désinformation.
Il me paraît important de le souligner afin que nul n'en ignore.
Les lacunes de l'émission fourmillent, qui seraient admissibles si elles ne s'appliquaient pas à l'essence même du régime, à son caractère absolutiste, son intolérance, son mépris des droits de l'Homme et son messianisme fondamentaliste à l'extérieur. Ces manques visent à lisser l'image d'un des régimes les plus répressifs au monde, à le présenter comme parfaitement fréquentable alors qu'il a sciemment recherché la confrontation armée avec l'Irak, respectueux de la loi internationale alors qu'il est le seul au monde à violer les usages diplomatiques, et tolérant alors qu'il persécute jusqu'au delà de ses frontières toute forme d'opposition. Aucune allusion à la volonté affichée de l'Iran de détruire Israël, à l'annexion de facto de l'Irak voisin, à la participation à la guerre civile qui ravage la Syrie, aux aides apportées à des organisations étrangères, Hezbollah libanais, Hamas, Houthis yéménites. Aucune évocation de la situation intérieure de l'Iran, des lourdes atteintes aux droits de l'Homme, des exécutions capitales, de l'application stricte de la charia. Aucune mention du Vevak, la police politique du régime, classée comme organisation terroriste par la Cour Supême du Canada, alors que la Savak du shah, dont il est au passage l'héritier, est dénoncé pour ses agissements criminels.
Les seuls intervenants iraniens sont des personnalités du régime, jusqu'à Mohsen Rezaï, placé par Interpol sur la liste des personnes faisant l'objet d'un mandat d'arrêt international. Quant aux intervenants étrangers, français et américains pour la plupart, il s'agit soit de diplomates qui arrondissent les angles, soit de géostratèges qui adoptent le point de vue de Sirius : leurs analyses sont pourtant les seules qui apportent quelques chose au débat. En revanche, aucune intervention d'une quelconque personnalité iranienne en exil ( puisqu'aucune forme de contestation n'est tolérée en Iran ) ne semble avoir été sollicitée alors que la pratique voudrait, comme cela se fait sur d'autres sujets et à propos d'autres pays, que la parole soit donnée à l'opposition, fût-ce brièvement.
La tonalité générale du reportage se ressent de cette approche. On comprend mieux pourquoi quand se déroule le générique de l'émission qui fait apparaître le partenariat avec les officiels du régime, qui en fait une coproduction franco-iranienne, au passage soutenue et financée par la région Ile de France. Il n'est que de se référer au titre de l'émission, l'Iran une puissance dévoilée, avec un jeu de mots révélateur et facile, pour en situer l'intention et la finalité, réhabiliter une dictature que son accession au nucléaire militaire rendra plus dangereuse encore. Ce qui s'appelle faire œuvre de désinformation.
Il me paraît important de le souligner afin que nul n'en ignore.
* Article rédigé par Yves BONNET, Préfet honoraire, ancien directeur de la DST
http://www.csdhi.org/index.php/actualites/repression/7590-iran-du-bon-usage-de-la-desinformation-par-yves-bonnet
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