Une militante iranienne qui cherche à obtenir justice pour ses parents assassinés par le ministère iranien du renseignement en 1998, sera bientôt jugée sur la base d'accusations portées contre elle par le même ministère.
« Je dois être jugée par la 28ème chambre du tribunal révolutionnaire de Téhéran sur la base des accusations portées contre moi par le ministère du renseignements, l'année dernière », a écrit Parastou Forouhar, le 8 novembre 2017.
« Le procès aura lieu trois jours après l'anniversaire du meurtre de mes parents », a écrit Forouhar, qui vit en Allemagne où elle travaille comme artiste professionnelle.
Parastou - qui se rend chaque année son pays natal d'Iran pour célébrer la cérémonie commémorative de ses parents - a ajouté qu'elle serait présente au procès le 25 novembre pour faire face aux accusations de « propagande contre l'État » et d' « insulte du sacré ».
Le politicien nationaliste de l'opposition Dariush Forouhar et son épouse, la politicienne, Parvaneh Forouhar, ont été assassinés lors des assassinats qui ont touchés des intellectuels, des écrivains, desartistes et de simples citoyens iraniens entre 1988 et 1998, connus sous le nom de « meurtres en série ».
Dariush Forouhar était un des principaux membres du parti d'opposition, le Front national et le secrétaire général du parti pan-iraniste d’Iran.
Une enquête menée par le gouvernement réformiste du président Mohammad Khatami a révélé que les politiciens avaient été tués par le ministère du renseignement.
Pendant des années, Parastou a poursuivi la justice pour ses parents à travers le système judiciaire iranien, malgré des cas répétés de harcèlement et de menaces d'arrestation par le ministère du renseignement.
En 2016, les agents du ministère ont bloqué les rues menant à sa maison pour empêcher la famille et les amis d'assister à la commémoration annuelle de ses parents.
« Il est clair pour moi qu'une affaire est en cours de construction contre moi afin de punir mes efforts pour préserver leur mémoire et exiger que justice soit faire pour eux », a écrit Parastou sur son blog.
« Ce n'est qu'un exemple parmi d'autres similaires où des mères, des sœurs et d'autres proches de victimes de crimes politiques ont été mises sous pression parce qu’ils commémorent leurs proches et demandent justice pour eux », a-t-elle ajouté.
En octobre 2017, un tribunal de Téhéran a condamné Shahnaz Akmali, la mère d'une victime bien connue de la répression étatique contre les manifestations de l'élection présidentielle de 2009, à un an de prison pour avoir demandé justice pour son fils.
Un mois plus tôt, Raheleh Rahemipour avait été arrêtée par le ministère du renseignement pour avoir refusé d'arrêter de chercher des réponses à propos de son frère et de sa nièce, qui avait disparu après sa naissance dans la prison d'Evine en 1984.
La maison de la famille Forouhar a été vandalisée en avril 2015 et saccagée par des inconnus qui ont volé des objets personnels. Parastou a déclaré qu'une enquête judiciaire sur l'événement « a abouti à une impasse et un simulacre de verdict ».
« Malgré toutes ces pressions, je crois que nous ne pouvons rompre cette chaîne qu'en continuant à nous lever et à faire pression pour réclamer la justice », a-t-elle écrit sur son blog.
« Nous ne devons pas céder aux pressions des dirigeants, ni à nos propres peurs et faiblesses », a-elle écrit. « Réclamer la justice est une responsabilité de groupe civil et quand le flambeau est abandonné, quelqu'un d'autre doit le ramasser et continuer le combat.
Source : Le Centre pour les droits de l’homme en Iran
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