Dans un nouveau mouvement visant à renforcer l'interdiction imposée par l'État à l'application de messagerie Telegram, la compagnie des télécommunications d'Iran (TCI) a temporairement réacheminé le trafic de l'application Telegram en violation de la législation nationale en juillet 2018.
Pendant une heure, le 30 juillet, l'Iran a changé le routage des adresses IP de Telegram au TCI à la place des serveurs de Telegram, rendant l'application inutilisable même avec des outils de contournement de la censure tels que les réseaux privés virtuels (VPN).
Le piratage des adresses IP pourrait avoir des implications mondiales. En modifiant l'acheminement du trafic Telegram, l'Iran fait en sorte que d'autres serveurs dans le monde mettent également à jour leur routage, ce qui entraîne des adresses IP incorrectes qui pourraient également perturber le trafic Internet dans d'autres pays.
Le détournement des protocoles de passerelle frontalière (BGP) de la Compagnie iranienne des Télécommunications - qui gère la façon dont les données sont transférées sur Internet - est non seulement une violation de la loi iranienne, mais aussi la réputation du ministère iranien des télécommunications comme un violateur de la liberté de l'internet.
En répondant à cette requête, le ministre iranien des télécommunications, Mohammad Javad Azari Jahromi, a tweeté le 30 juillet : « Selon les informations que j'ai reçues jusqu'à présent, entre 4 et 6 heures du matin le 30 juillet, la Compagnie des Télécommunications iraniennes (TCI) s’est engagée à changer sa topologie et consolidé son réseau provincial dans les villes de Shiraz et Bushehr ».
« S'il est confirmé, le méfait de la TCI, intentionnel ou non, entraînera une lourde amende », a-t-il ajouté. « L'affaire est sous enquête de l’Autorité de régulations des Communications (CRA) de la République islamique d'Iran ».
Le détournement du BGP, c'est comme changer votre adresse de domicile pour recevoir du courrier au domicile de quelqu'un d'autre. Ce n'est pas la première fois que l'Iran recourt à des méthodes illégales pour étendre ses politiques de filtrage.
Les enquêtes du Centre pour les droits de l'homme en Iran (CHRI) montrent que, le 17 juillet 2018, l'Iran a également tenté de bloquer l'accès international aux sites web nationaux interdits en sabotant et interférant dans le trafic de données en violation de sa propre loi sur les crimes informatiques.
Par exemple, lorsqu'un utilisateur en dehors de l'Iran a tenté d'accéder à fileniko.com, la compagnie des télécommunications d’Iran (TIC) a inséré un code dans ce site Web qui redirigeait les utilisateurs vers un site Web différent, http://peyvandha.ir/, qui affiche une liste de sites Web recommandé par les autorités iraniennes.
La liste n'est plus affichée car l'Iran a supprimé le filtre sur le site.
L'autorité responsable de cette action était le TIC, qui dépend du ministère des télécommunications. Tous les ministères en Iran fonctionnent sous la présidence, qui nomme le ministre principal.
On ne sait pas combien de sites en Iran ont été rendus inaccessibles via cette méthode.
En bloquant l'accès international au site, le TIC a commis un sabotage et piraté le réseau en violation des articles 736 et 737 de la loi iranienne sur les crimes informatiques, un crime passible de deux ans de prison et une amende maximale de 780 euros (...)
Source : Le centre pour les droits de l’homme en Iran
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