lundi 8 avril 2019

Iran : L’anniversaire de l’arrestation d’une irano-britannique incite à reprendre le combat pour sa libération


Zaghari Ratcliffe prisonnière iran Mercredi, de nombreux médias occidentaux ont publié des commentaires sur le troisième anniversaire de l'arrestation de Nazanin Zagahri-Ratcliffe, une citoyenne possédant la double nationalité britannique et iranienne.

Elle a été arrêtée, il y a 3 ans par les pasdarans (le corps des gardiens de la révolution iraniens). L'incident n’est qu’un exemple parmi tant d’autres d’une série d’arrestations à caractère politique, d'individus ayant soit la nationalité d'un pays occidental, soit un autre lien important avec des pays décrits comme des « ennemis » par les autorités iraniennes extrémistes.
Dans son article sur le sujet publié dans le Washington Post, Jason Rezaian, lui-même un ancien prisonnier politique, a déclaré qu'il semblait « y avoir un nouveau cas chaque mois » depuis sa libération d'Iran avec quatre autres otages en janvier 2016. Mais il décrit également l’affaire Zaghari-Ratcliffe comme étant « plus difficile à supporter pour les autres », du fait qu’elle a été arrêtée avec sa fille, alors âgée de moins de deux ans, après une visite à leur famille iranienne.
La jeune enfant, Gabriella est, depuis, sous la garde de ses grands-parents, incapable de retourner chez son père en Angleterre. Nazanin purge, elle-même actuellement, une peine de cinq ans d'emprisonnement pour laquelle aucune preuve significative n'a été présentée publiquement. Rezaian a spécifiquement choisi de ne pas signaler les accusations portées contre elle, affirmant que « cela confère une certaine crédibilité - même si elle est faible - à l'insistance de l'Iran qu'il s'agit d'une affaire judiciaire nationale ».
En effet, le pouvoir judiciaire iranien insiste depuis longtemps sur la seule autorité de celui-ci dans les affaires impliquant des binationaux, quelles que soient les circonstances de leur arrestation. La République islamique ne reconnaît pas le principe de la double nationalité et considère que tous les Iraniens nés dans le pays ne sont citoyens que de ce pays, même après un retour d’une longue période de résidence à l'étranger. En conséquence, les doubles ressortissants comme Nazanin Zaghari-Ratcliffe se voient refuser l'assistance consulaire, même s’ils sont souvent diabolisés comme des actifs étrangers dans les médias iraniens.
Cette mesure a été prise en janvier de cette année, sous la forme d’un documentaire spécial qui comprenait des images secrètement enregistrées de l’arrestation de la femme irano-britannique, ainsi qu’une série d’accusations sans fondement. Comme il a été rapporté à ce moment-là, la décision de diffuser cette séquence pouvait être liée à l’annonce d’une grève de la faim annoncée par Zaghari-Ratcliffe, à la décision du gouvernement britannique de lui offrir sa protection diplomatique, ou les deux.
Au Royaume-Uni, de nombreux avocats des prisonniers ont déclaré que cette protection diplomatique était bien trop tardive. Dans un article paru dans The Independent, Daren Nair, son compatriote ayant aussi une double nationalité irano-britannique, le décrit comme «une reconnaissance officielle par notre gouvernement que le traitement infligé à Nazanin ne respecte pas les obligations de l'Iran en vertu du droit international et l'élève à un problème formel d'État à État ». Mais Nair souligne également que la pression publique sur le gouvernement britannique était nécessaire pour générer cette reconnaissance.
C'est un sentiment qui se répète dans le Washington Post, où Rezaian a écrit : « Nous pensions que l'on pouvait généralement compter sur nos élus pour nous protéger des dommages causés par les puissances étrangères. Cette hypothèse de sécurité semble toutefois diminuer à chaque nouvelle affaire ». Mais Rezaian reconnaît que le nouveau secrétaire britannique aux Affaires étrangères, Jeremy Hunt, a initié un changement et a reconnu « tout le caractère insidieux du problème de la prise d'otages parrainée par l'État ».
Dans le même temps, le commentaire de Nair suggère que le changement de politique du gouvernement britannique pourrait être le résultat de pétitions de citoyens et de diverses autres mesures activistes appelant à la libération de Zaghari-Ratcliffe. En outre, le même article exprime sa préoccupation quant à la possibilité que le Royaume-Uni laisse encore la pression sur la République islamique s'il trouve à nouveau une raison de privilégier les accords commerciaux avant le bien-être des citoyens britanniques à l'étranger.
Toutefois, ce danger pourrait s’atténuer face à l’escalade des tensions entre l’Iran et le monde occidental. Un changement radical de la politique américaine sous le gouvernement Trump a certainement joué un rôle de premier plan dans la création de ces tensions, mais l’Iran ne s’est pas rendu service en rejetant la quasi-totalité des normes internationales régissant son comportement sur la scène mondiale.
Ce défi a été démontré, par exemple, dans la date limite de février pour le respect par l'Iran des règles du Groupe d'action financière sur la lutte contre le blanchiment d'argent, et dans les tests de missiles iraniens en cours qui ont récemment donné lieu à une plainte commune devant les Nations Unies par le Royaume-Uni, la France et l’Allemagne.
Cette pression européenne sur le renforcement militaire provocateur de l’Iran a été, à la fois mentionné et rejeté, par le ministre iranien des affaires étrangères, Javad Zarif, dans une série de tweets qui ont été mis en évidence par l’agence de presse Fars. Cette condamnation de la pression occidentale a coïncidé avec les propos tenus par Zarif via le site web du Guide suprême Ali Khamenei, dans lesquels il critiquait l'Union européenne pour son supposé refus de repousser les sanctions américaines qui ont été réimposées après le retrait du président Trump de l'accord sur le nucléaire de 2015, laissant les trois nations européennes susmentionnées le faire respecter aux côtés de la Russie et de la Chine.
Les remarques de Zarif ont en réalité rejeté le "fond spécialisé" (Special Purpose Vehicle) créé récemment par les Européens pour les transactions iraniennes, mais qui n’est pas devenu opérationnel. Le ministre iranien des affaires étrangères a déclaré que l'Union Européenne était "incapable" de contourner les sanctions américaines et que le régime iranien se concentrait sur ses alliés de l'Est et n’ "espérait pas" de partenariats économiques significatifs avec l'Occident.
Si les décideurs européens prennent ces déclarations au sérieux, ils seront peut-être encore moins incités à conclure des accords commerciaux avec l'Iran, en particulier lorsque ces accords négligent le tort causé aux ressortissants occidentaux en Iran et aux autres victimes des violations bien connues des droits humains à Téhéran.
De telles violations continuent de faire les gros titres de l'actualité internationale, l'Iran continuant de faire l'objet d'une surveillance attentive de la part d'acteurs et de professionnels, y compris l'actuel Rapporteur spécial des Nations Unies sur les droits humains, Javaid Rehman. Son premier rapport avait été présenté à l'organe international, le 11 mars, et affirmait une tendance aggravante aux arrestations à caractère politique, dont Nazanin Zaghari-Ratcliffe n'est que l’une des nombreuses victimes.
Comme EA Worldview l’a souligné le 25 mars, l’Iran a fermement refusé de coopérer avec lui et d’autres rapporteurs spéciaux, ou de leur accorder l’accès au pays. Néanmoins, le régime a insisté sur le fait que le rapport en question constituait une « action injustifiée et illégale », une « supercherie politique » et une « preuve claire des intentions malveillantes et hégémoniques de ceux qui parrainent ce théâtre scandaleux ».
Même si de telles déclarations peuvent être bien accueillies par les partisans extrémistes du système théocratique, elles servent par ailleurs à rappeler à la communauté internationale le refus fondamental de Téhéran d’écouter les critiques de bonne foi concernant son bilan en matière de droits humains. Cela souligne, à son tour, l’observation de Jason Rezaian selon laquelle les individus concernés « ne devraient pas s’attendre à ce que le régime fasse soudainement la bonne chose », mais doivent continuer à faire pression pour le contraindre à reconnaître les exigences du monde.
Source : INU

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