Les États-Unis et l'Union européenne devraient immédiatement prendre des mesures pour que l'Iran reçoive une aide humanitaire afin de soutenir les opérations de secours aux sinistrés des inondations dévastatrices qui ont tué des dizaines de personnes et causé des millions d’euros de dommages à leurs habitations et leurs infrastructures, a déclaré, hier, dans un communiqué, le Centre pour les droits de l’homme en Iran (CDHI).
De plus, le gouvernement iranien doit veiller à ce que l'aide soit distribuée de manière efficace et équitable, avec une totale transparence financière.
« Alors que le peuple iranien est confronté à cette catastrophe, causée par plus de deux semaines d'inondations soudaines, les autorités iraniennes jettent le blâme sur d’autres, les États-Unis font des déclarations creuses de soutien et l'UE n'a jusqu'à présent pas été en mesure d’apporter un soutien humanitaire concret », a déclaré le directeur exécutif du CDHI, Hadi Ghaemi.
« Des vies sont en péril ; il est urgent que toutes les parties veillent à ce que les différends politiques n'empêchent pas les Iraniens d'accéder à des secours en cas de catastrophe, complets et efficaces », a ajouté M. Ghaemi.
Le 3 avril 2019, Ahmad Shojaei, président de l'organisation médico-légale iranienne financée par l'État, a annoncé la mort de 62 personnes à la suite des inondations qui ont commencé à toucher l’Iran, le 19 mars, dans 23 des 31 provinces du pays.
Les provinces les plus durement touchées se trouvent dans le sud et le centre de l'Iran, notamment le Fars, Isfahan et le Lorestan, bien que les provinces du nord, notamment le Golestan et le Mazandaran, aient également été touchées. Le gouverneur de la province du Khouzistan avait déclaré l'état d'urgence suite aux inondations d'immeubles et de ponts dans sa région, le 31 mars.
Les secours aux sinistrés à la suite des inondations ont été entravés sur de nombreux fronts. Alors que le commerce humanitaire est autorisé par les sanctions imposées par les États-Unis, les sanctions secondaires imposées par les États-Unis affectant les transactions bancaires internationales ont rendu de nombreuses banques réticentes à gérer les échanges, même autorisés, avec l'Iran.
Le 2 avril, le secrétaire d'État américain, Mike Pompeo, a déclaré : « Les États-Unis sont prêts à aider et à contribuer à la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, qui dirigerait ensuite les fonds par l'intermédiaire du Croissant-Rouge iranien ».
Mais des responsables iraniens ont déclaré que l’Iran n’avait pas pu recevoir d’aide à cause des sanctions américaines.
Pourtant, les sanctions ne sont pas le seul problème qui affecte l'Iran. Le refus du pays de se conformer aux normes bancaires internationales a eu pour conséquence que de nombreuses banques internationales ont refusé de traiter des transactions financières autorisées liées à l’Iran.
« Pour les banques, il ne s’agit pas seulement d’être sanctionné pour avoir traité avec l’Iran », a déclaré Erich Ferrari, expert en sanctions économiques et en contrôles des exportations des États-Unis. « En travaillant avec l'Iran, ils s'ouvrent à une foule de problèmes et à un examen minutieux. Par exemple, ils pourraient être sanctionnés ou examinés par leurs autorités de réglementation pour n'avoir pas mis en place des contrôles suffisants contre le blanchiment de capitaux ».
L'Union Européenne a mis en place un fonds spécialisé (Special Purpose Vehicle) après le retrait des États-Unis de l'accord sur le nucléaire iranien et le rétablissement des sanctions américaines spécifiquement pour permettre des transactions financières pour le commerce humanitaire autorisé avec l'Iran. Mais jusqu'à présent, le mécanisme a été confronté à des problèmes logistiques et n'est pas encore opérationnel.
Pendant ce temps, le gouvernement iranien a été sévèrement critiqué en Iran pour sa mauvaise gestion, en ce qui concerne les mesures de prévention des inondations qui auraient dû être mises en place, les alertes précoces et les notifications lorsque les inondations ont commencé à se produire, et les efforts de secours en cas de catastrophe.
Le refus de l’Iran jusqu’à présent de respecter les normes bancaires internationales n’a fait qu’ajouter aux difficultés et à l’isolement financier du pays.
Appel au gouvernement américain
Le Trésor américain devrait publiquement et explicitement émettre une déclaration qui aborde les ambiguïtés concernant le respect des sanctions et les craintes relatives aux sanctions américaines. Il convient de souligner que le commerce avec l'Iran de produits humanitaires et essentiels tels que les denrées alimentaires, les médicaments et les fournitures est exempté de sanctions et il est autorisé, et il faut indiquer quelles banques sont autorisées à gérer un tel commerce.
Appel au gouvernement iranien
Les autorités iraniennes devraient désigner un canal financier pour gérer les transactions conformes aux normes bancaires internationales, veiller à ce que l'aide humanitaire soit distribuée de manière efficace et transparente en commençant par les régions les plus touchées par les inondations, et mettre en place des mécanismes garantissant que les droits humains ne soient pas violés pendant les secours.
Appel à l'Union européenne
L'UE devrait accélérer de toute urgence le processus de mise en œuvre de fonds spécialisé (Special Purpose Vehicle), en lui permettant d'assumer le rôle pour lequel il avait été conçu, à savoir permettre des transactions financières pour le commerce humanitaire autorisé avec l'Iran.
Le dilemme auquel est confronté le peuple iranien, qui n’a joué aucun rôle dans les différends politiques en Iran, est reflété dans une déclaration du chef de la Croix-Rouge internationale : « Dans de nombreux endroits du monde, l’espace réservé à une action humanitaire impartiale est menacé.
La dignité humaine est bafouée, l'applicabilité de la loi est mise en doute, l'aide humanitaire est politisée et délibérément détournée à des fins de profit politique ou de contrôle des populations ».
La dignité humaine est bafouée, l'applicabilité de la loi est mise en doute, l'aide humanitaire est politisée et délibérément détournée à des fins de profit politique ou de contrôle des populations ».
Source : Le Centre pour les droits de l’homme en Iran
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