Le vétéran de la marine américaine Michael White a été convoqué à plusieurs reprises devant la justice iranienne sans avocat ni traducteur avant d'être condamné à 10 ans d'emprisonnement en mars 2019, a déclaré un représentant de sa famille au Centre pour les droits de l'homme en Iran (CDHI).
Lors d'une entrevue le 3 avril, le représentant de la famille, Jonathan Franks, a informé le CDHI que White n'avait été autorisé à faire appel qu'à un avocat nommé par le tribunal qui ne parlait pas anglais et à un traducteur lors de sa dernière comparution, lorsqu'il a été reconnu coupable d'avoir « insulté le Guide suprême » et pour « publication d’une photo privée sur les médias sociaux ».
White, 46 ans, n'a également pas été autorisé à entrer en contact direct avec sa famille depuis son arrestation à la fin du mois de juillet 2018. Il est actuellement incarcéré à la prison de Vakilabad, dans la ville de Mashhad.
Le 11 mars, le procureur de Mashhad, Gholamali Sadeghi, a affirmé qu'il y avait des plaignants privés et publics contre White, mais il n'a pas fourni aucun détail. Sa famille continue de faire campagne pour sa libération.
Voici des extraits de son interview.
CDHI : À quelles accusations M. White fait-il face ?
Franks : Il fait face à deux accusations. L'une d'elles semble être liée au fait qu'il ait publié une photo de la femme iranienne à qui il a rendu visite à Mashhad. Nous pensons avoir la photo dont ils parlent. Elle a été publiée sur Instagram. Je ne sais pas exactement comment on pourrait conclure que cette image est délictueuse, mais apparemment, il semble que ce soit le cas. Nous ne sommes pas certains que l’accusation soit fondée sur le fait qu’il a « insulté le Guide ». Nous savons quelles sont les accusations et quelle est la peine. Nous ne savons pas quelle preuve ils prétendent avoir ni quels faits ont justifié ces accusations.
CDHI : Pouvez-vous décrire la photo sur Instagram ?
Franks : Ils étaient tous les deux complètement vêtus, assis ensemble sur ce qui semble être un banc extérieur. C’est juste une photo de deux personnes ensemble, c’est pourquoi nous ne comprenons pas ce qui était indécent sur cette photo.
CDHI : Etes-vous sûr que l'accusation portée contre lui était basée sur cette photo ?
Franks : Nous pensons que c'était la photo Instagram. Le chef d’accusation disait : « publication d’une photo privée sur les médias sociaux ». Nous pensons donc connaître les comptes de médias sociaux qu’il avait et qu’il n’y a rien d’indécent sur aucun d’eux.
CHRI : Quel tribunal a rendu le verdict ?
Franks : Nous ne savons pas. Ce n'était pas le tribunal révolutionnaire. Cela semble être un tribunal normal dans la ville de Mashhad. Nous n’avons pas reçu de copie du verdict, nous en savons donc peu sur la procédure. Nous savons qu'il a été traduit devant la justice environ quatre fois. A chaque fois, il était sans traducteur ni avocat, sauf lors des deux dernières comparutions, où ils lui ont fourni un traducteur et un avocat qui ne parlait pas anglais.
N'oubliez pas que nous nous basons sur des informations fournies par Michael dans une prison avec un agent du ministère du renseignement lui disant ce qu'il peut et ne peut pas dire aux diplomates suisses [la Suisse représente les intérêts américains en Iran]. Il a donc signalé avoir été traduit devant un tribunal en première instance au moins deux fois sans qu'un avocat ou un traducteur ne lui donne la capacité de comprendre les accusations. Nous savons que le procureur de Mashhad s’est occupé de l'affaire. On nous a dit que c'était devant un tribunal iranien normal.
CDHI : Il n’a pas été autorisé à se défendre ?
Franks : J'imagine que non, car les procédures se sont déroulées en farsi et que Michael ne parle pas le farsi. Apparemment, lors de la dernière ou des deux dernières procédures, ils ont fourni un avocat nommé par le tribunal et une sorte de traducteur. L'avocat ne parlait pas anglais. Certes, avant qu'il ne soit traduit devant un tribunal, Michael n'avait aucune idée de ce qui se passait.
CHRI : Avez-vous réussi à obtenir un avocat pour lui en Iran ?
Franks : Nous avons identifié un avocat iranien disposé à faire appel pour lui. Nous travaillons toujours pour payer cet avocat.
CDHI : La mère de Michael a déclaré qu’il a été battu en prison. Avez-vous des informations à ce sujet ?
Franks : Nous devons faire la distinction entre la prison et le premier centre de détention. Nous ne prétendons pas qu'il a été battu à la prison de Vakilabad à Mashhad, car nous n'avons aucune information à ce sujet. Nous disons que Michael a dit aux diplomates suisses qu'il avait été battu en détention après sa première arrestation. Nous pensons qu'il a été en détention environ deux mois avant son transfert en prison.
CDHI : Que savez-vous de sa santé ?
Franks : Nous recevons des rapports mitigés sur sa santé. Avant d'aller en prison, il souffrait de graves problèmes de santé qui nécessitaient un traitement continu. La partie iranienne semble croire que sa santé est meilleure que ce que nous pensons. Nous ne serons pas convaincus qu’il est en bonne santé tant qu’un médecin indépendant, issu d’un organisme international comme la Croix-Rouge ou les Nations Unies, ou un médecin choisi par l’ambassadeur de Suisse, indiquera que Michael est en bonne santé. Cela nous satisferait. La parole des médecins pénitenciers iraniens ne suffit pas à satisfaire la mère de Michael, car j’imagine que la parole des médecins pénitenciers américains pourrait ne pas être à la satisfaction d’une mère iranienne dans la même situation.
CDHI : Avez-vous pu avoir des contacts avec l'avocat commis d'office ou avec Michael lui-même ?
Franks : Nous ne savons pas qui était l’avocat nommé par le tribunal - nous savons qui nous voulons essayer d’engager pour lui. Nous avons communiqué avec cet avocat. Mais nous n’avons eu aucune communication directe avec Michael depuis son arrestation en Iran.
CDHI : Le département d'État américain a-t-il eu des contacts avec les autorités iraniennes ?
Franks : L’ambassade de Suisse à Téhéran a fait le meilleur travail possible. Ils ont rendu visite à Michael à deux reprises, et c'est de là que nous obtenons la plupart de nos informations. Le département d'État est un peu coincé. Ils font de leur mieux sans personnel sur le terrain en Iran. Ils dépendent entièrement des Suisses.
Le fait que les Suisses aient pu obtenir un accès consulaire à Michael a été à la fois surprenant et positif. L’une des choses que nous demandons est que l’Iran respecte les droits humains fondamentaux de Michael. Il existe un traité bilatéral entre l’Iran et les États-Unis - il a été approuvé depuis l’époque prérévolutionnaire mais il ne semble pas avoir été annulé - concernant l’accès consulaire et la manière dont leurs ressortissants doivent être traités dans les pays de l’autre. Cette arrestation n’a nullement respecté les obligations internationales bilatérales de l’Iran.
Source : Le Centre pour les droits de l’homme en Iran
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