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Par Amir Taghati
Pourquoi les autorités norvégiennes se sentent-ils obligés de dérouler le tapis rouge pour Javad Zarif, ministre iranien des Affaires étrangères, lors de sa tournée en Scandinavie, interroge l'ancien législateur norvégien Lars Rise.
Dans un éditorial pour l'International Policy Digest publié le jeudi 22 août 2019, M. Rise a écrit : « Le régime des mollahs a le taux d'exécution par habitant le plus élevé au monde et est le principal État parrain du terrorisme. Entre autres activités régionales destructrices, Téhéran a été le principal soutien du dictateur syrien Bachar el-Assad, et menace de plus en plus le monde entier avec son programme de missiles balistiques. »
« La théocratie au pouvoir en Iran est basée sur le concept de Velayat-e faqih, ou pouvoir absolu du Guide Suprême. Chaque responsable est tenu de lui faire allégeance, et Ali Khamenei choisit lui-même un certain nombre de ministres, notamment le ministre des affaires étrangères. Il n'est donc pas surprenant que Zarif ait été complice pendant des années des activités malveillantes de Téhéran. Il n'a pas seulement été le visage et la voix du pouvoir des ayatollahs, il a personnellement travaillé à la mise en œuvre de l'agenda irresponsable de Khamenei et à la justification ainsi qu’au et blanchiment des crimes de Téhéran au pays et à l'étranger. En réalité, il s'agit davantage d'un ministre de la propagande que d'un ministre des Affaires étrangères », a affirmé M. Rise.
« Avec un large sourire et un anglais courant, Zarif est considéré par certains en Occident comme le visage modéré de son régime. Mais ce rôle lui a été délibérément confié par les dirigeants du régime afin de consolider leur impunité. En réalité, Zarif est tout sauf modéré. »
« Depuis qu'il est devenu ministre des Affaires étrangères en 2013, le régime a exécuté plus de 3 500 personnes, dont des femmes et des enfants. Selon l'opposition iranienne, plus de 8 000 militants ont été arrêtés lors de manifestations début 2018 dans plus de 160 villes du pays et plusieurs parmi eux ont été torturés à mort. »
« Zarif n'est pas étranger aux crimes contre l'humanité. Il a été un diplomate de carrière actif aux Nations Unies en 1988 alors que son gouvernement massacrait plus de 30 000 prisonniers politiques, membres et militants de l’Organisation des Moudjahidine du Peuple d’Iran, le principal mouvement d'opposition en Iran. »
« Un diplomate de l'ambassade d'Iran à Vienne a été inculpé d'une tentative d’attentat à la bombe contre un rassemblement de l’OMPI à Paris en juin 2018 et attend son procès en Belgique. L'ambassadeur et premier secrétaire de l'ambassade d'Iran en Albanie a été expulsé de ce pays en décembre dernier pour des motifs similaires. Zarif est en fin de compte leur patron », a souligné M. Rise.
Il a ajouté que Zarif se vante publiquement d'être membre d’une cohorte de personnalités sinistres comme Qassem Soleimani, le commandant de la sinistre Force des Gardiens de la révolution (pasdaran), qui a été directement impliqué dans une grande partie du chaos en Irak, au Yémen et en Syrie. Lors d'une réunion en février 2019 entre Zarif et Hassan Nasrallah, le chef du Hezbollah libanais, Nasrallah a remercié Zarif pour l'aide de son régime dans la lutte contre ce qu'il a appelé « l'agression sioniste ».
Selon Al-Manar TV, une chaîne de télévision affiliée au Hezbollah, M. Zarif s'est engagé à maintenir le soutien de Téhéran au Hezbollah, malgré le fait que les évaluations du gouvernement iranien prévoient que 70 % de la population iranienne vit en dessous le seuil de pauvreté à fin 2019.
M. Rise a également écrit : « La participation de Zarif au double jeu de son régime a bien fonctionné pour les ayatollahs au fil des ans grâce à une politique de complaisance qui a été menée des deux côtés de l'Atlantique pendant trois décennies. Mais cette politique touche à sa fin, et le régime des mollahs ne peut plus compter sur les États-Unis pour lui lancer des bouées de sauvetage. »
« On pourrait espérer qu'il en soit de même pour les alliés des États-Unis comme la Norvège. Mais recevoir la visite de quelqu'un comme Javad Zarif est contraire à l'éthique. Ce n'est pas non plus politiquement avisé. Téhéran fait face à des signes croissants de dissidence, en particulier chez les jeunes, son économie s'effondre et son isolement international se renforce. Quiconque accueille favorablement Zarif donne une légitimité à un gouvernement qui est sur le point de s'effondrer. »
« Personne ne veut d'une guerre avec l'Iran, mais la meilleure façon de prévenir la guerre est de rejeter en bloc la conduite flagrante de Téhéran. En rejetant la visite de Zarif et en lui demandant des comptes, la Norvège adopterait une position éthique et de principe tout en envoyant un message de soutien au peuple iranien qui réclame la liberté », a conclu M. Rise.
Lars Rise est un ancien membre du Parlement norvégien du Parti démocrate-chrétien.
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