CNRI - " Je devais choisir. Que faire ? Devais-je laisser disparaitre tous mes rêves d’un Iran libre, accepter que la torture et les exécutions pour mon peuple se perpétuent à jamais? Ou je pouvais choisir de faire quelque chose", a déclaré le jeune résistante iranien Hamid Orafa.
Il s'exprimait le 24 septembre lors d'uneconférence à Paris à l'occasion de la victoire juridique de la Résistance iranienne en France, à la suite du non-lieu prononcé par le juge Marc Trévidic à l'encontre des membres de l'OMPI. Hamid Orafa s'était immolée le lendemain de la rafle du 17 juin 2013 pour protester contre la collusion du gouvernement français de l'époque avec le régime des mollahs qui exigeait l'extraditions des dirigeants arrêtés en France.
Dans son intervention, le courageux militant iranien a déclaré: « Le 17 juin 2003, j’avais 20 ans. J’étais un jeune homme avec beaucoup d’aspirations et de rêves pour mon avenir. J’avais aussi un fort sentiment vis-à-vis de mon pays, l’Iran et les atrocités dont mon peuple était victime. Comme beaucoup de jeunes Iraniens en exile j’ai toujours senti que mon cœur était là-bas et je n’ai jamais pu supporter la douleur de mon peuple et je souffrais avec lui.
« C’est pourquoi j’étais aussi un sympathisant de cette résistance, de ce pour quoi elle se battait, et des valeurs pour lesquelles elle luttait, parce qu’elle me donnait, à moi et aux jeunes comme moi, l’espoir de voir un Iran libre. Des valeurs comme la persévérance, l’endurance, les droits humains, l’égalité et la tolérance.
« Le 17 juin je me suis réveillé de bon matin avec le plus grand choc de ma vie. On avait détruit mes rêves et j’ai senti que je n’avais plus rien. Le gouvernement français disait qu’il attaquait ce mouvement sous prétexte de terrorisme. Mais tout ce qui les intéressait vraiment c’était des contrats pétroliers lucratifs, l’argent et des accords financiers avec le régime iranien.
« Et bien sûr, en retour pour cela, ils avaient un message pour nous les Iraniens. Ils nous disaient qu’il fallait cesser d’espérer, cesser de résister, oublier un Iran libre, et que nous devions laisser les mollahs asservir notre peuple jusqu’à la fin de notre vie.
« J’ai mené une lutte intérieure. J’étais face à un choix. Je devais faire quelque chose. Mais que faire, quand toutes nos voix étaient étouffées et que personne n’écoutait ce que nous disions parce que l’erreur faite était trop grande.
« Je devais choisir. Que faire ? Devais-je laisser disparaitre tous mes rêves d’un Iran libre, accepter que la torture et les exécutions pour mon peuple se perpétuent à jamais et cesser de croire même en ma propre humanité, et ne plus jamais me regarder dans un miroir ni dans les yeux d’aucun Iranien ? Ou je pouvais choisir de faire quelque chose.
« Ça a été la décision la décision la plus difficile de ma vie. Je pensais que je devais risquer mon corps, je devais accepter un handicap permanent, même la perte de la vue, et bien sûr la perte de ma vie. Cela a été très difficile. Cela a pris de longs moments avant d’arriver à cette conclusion. Mais j’ai décidé de m’immoler pour ramener ce message d’espoir à notre peuple.
« Onze années ont passé. J’ai dû subir 56 opérations chirurgicales. J’ai supporté beaucoup de douleur, beaucoup de souffrances, avec des difficultés inimaginables pour marcher, manger, respirer, et même dormir la nuit. Mais j’ai juré le jour où je me suis réveillé du coma, au bout d’un mois, que je ne me laisserai jamais dissuader par mon état physique pour agir en faveur de cette résistance, parce que c’est tout notre espoir.
« Malgré mon état physique, je sens que mon rétablissement est une partie de ma résistance et agir pour cette résistance est la garantie et la motivation de mon rétablissement. Beaucoup m’ont demandé si j’avais des regrets. Non, jamais, pas une seconde ! Je suis fier d’avoir pu faire un petit quelque chose pour sauver des vies et rendre les choses différentes, d’avoir propagé l’espoir et le message de la résistance.
« Tout au long de ces années j’ai eu une grande source d’inspiration, à travers ce dur combat, ce sont les femmes et les hommes courageux qui se battent vaillamment à Achraf et puis à Liberty, qui ont enduré tant de souffrances. C’est ce qui m’a permis de continuer. Je ne pense pas que quelqu’un puisse traverser ce que j’ai vécu à moins d’avoir cette grande résistance et cette inspiration derrière soi.
« Je suis si heureux de me trouver parmi vous aujourd’hui pour célébrer cette victoire de la justice, cette victoire que vous partagez tous avec la résistance. Je remercie tous les amis de cette résistance qui sont restés à nos côtés et qui ont incarné la solidarité du monde, pour nous et notre peuple. Je suis vraiment heureux d’être avec vous aujourd’hui. Merci pour tout ce que vous avez fait. »
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