Mohammad Mohaddessin est Président de la Commission des Affaires étrangères du Conseil National de la Résistance iranienne
Depuis son fondement, le régime théocratique au pouvoir en Iran s’est servi d’élections truquées pour peindre un tableau démocratique de sa gouvernance tyrannique à travers le monde. Malheureusement, pour diverses raisons, certains hommes politiques et gouvernements Occidentaux admettent cela et essayent d'investir dans la lutte pour le pouvoir entre les soi-disant factions des « modérés » et les « radicaux » au sein du régime des mollahs, un scrutin qu'ils croient authentique.
S’il ne découle pas d’intérêts économiques et des considérations politiques, cette logique se fonde sur une évaluation erronée de la nature de la dictature religieuse au pouvoir en Iran. Cette logique erronée et les décisions auxquelles elles ont conduit, ont porté un énorme coup au processus démocratique en Iran et à la paix et à la stabilité dans la région.
La dynamique du régime des mollahs, sa répartition du pouvoir et les courants internes confirment que les élections dans le pays n’ont aucun lien avec les pratiques démocratiques connues en Occident.
Les élections présidentielles iraniennes sont, en fait, une parade au 20ème siècle pour voiler un régime médiéval qui est le reflet idéologique de Daech.
Khomeiny, fondateur du régime et créateur de la théorie du Velayat-e Faghih (pouvoir absolu du Guide religieux), a décrit explicitement le pouvoir islamique comme le « règne absolu du Guide Suprême » dans lequel ce dernier peut passer outre le vote de l'ensemble de la population. Il y stipule notamment : « Nous voulons un Calife qui coupe les mains et lapide jusqu’à la mort. »
Les responsables du régime des mollahs affirment que les frontières religieuses outrepassent celles géographiques. Sous un tel régime, les élections ne sont plus qu'une parodie de démocratie.
Conformément aux lois des intégristes, seules les individus qui ont une « croyance sincère à la religion » et qui font preuve d’ « allégeance pratique au Guide Suprême », peuvent se présenter comme candidat à la présidence. Les candidatures sont approuvées par le Conseil des gardiens, un organe de douze membres, dont six sont nommés directement par le Guide Suprême, et le reste est choisi par le chef du pouvoir judiciaire – qui est lui-même désigné par le Guide Suprême.
Plus de 1600 personnes se sont inscrites pour l’élection de cette année, parmi eux six ont été retenues pour la phase finale. Même l’ancien président Mahmoud Ahmadinejad (2005-2013), qui a eu par le passé la pleine faveur d'Ali Khamenei, le Guide Suprême, a été disqualifié en raison de ses désaccords avec ce dernier pendant les dernières années de son mandat présidentiel.
Le président n’a pas de pouvoir de décision. Selon l'article 110 de la Constitution, le Guide Suprême est l’unique détenteur de la plupart des pouvoirs que des pays comme les États-Unis et la France accordent à leur président. Le Guide Suprême a l’autorité requise pour passer outre les pouvoirs dérisoires du président.
Mohammad Khatami, qui a été président du régime de 1997 à 2005, a avoué au cours de ses dernières années au pouvoir que le président n'est rien d’autre qu'un « intendant » logistique de l'État.
En d'autres termes, les élections présidentielles ne sont qu'une lutte entre différentes factions au sujet du pillage de la richesse du pays et un conflit sur la façon de maintenir le régime au pouvoir.
Après avoir trié les candidats, le Guide Suprême et les Gardiens de la révolution (pasdaran) – sa sinistre branche militaire, « orchestrent », le résultat de l’élection et décident quel candidat servira le mieux leurs objectifs. Indifférents aux promesses trompeuses de croissance économique et de bien-être social que les candidats mettent en avant, les Iraniens rejettent ces farces. Toutefois, la « chambre de décompte les votes » (otaghe tajmie ara) du régime déclare la participation électorale comme nombreuse.
La survie de la dictature religieuse iranienne s’est toujours basée sur les trois piliers que sont la répression intérieure, l'exportation du terrorisme et l'extrémisme, et le projet d’obtention d’armes nucléaires. Les six derniers présidents du régime n'ont jamais divergé en ce qui concerne ces points clés. La participation active et l'approbation de l'exécution et de la torture ont surtout été le test décisif de la loyauté et l'évaluation de la qualification à assumer des fonctions essentielles.
Ayant connu la chute du régime du Chah, les mollahs savent parfaitement que tout assouplissement de l'oppression entraînera rapidement le relâchement de leur emprise sur le pouvoir et l'effondrement de leur régime. En 1977, la décision du Chah de limiter la torture et l'exécution a ouvert la voie aux soulèvements populaires qui ont renversé sa monarchie en moins de deux ans.
Les horribles antécédents d’Hassan Rohani et d’Ebrahim Raïssi éclaircissent davantage ce point. Tous les deux confirment avoir gagné la faveur du Guide Suprême concernant leur candidature, et se vantent de leur rôle clé dans la répression de la population et l'approbation de l'ingérence violente du régime en Irak et en Syrie, entre autres.
D’un côté, il y a Raïssi, un bourreau de masse qui a été promu au poste de procureur général dans différentes villes à l'âge de 18 ans, et a, depuis, été occupé à tuer des innocents. Il a été le membre le plus actif et le plus impitoyable de la « Commission de la mort », une assemblée de quatre membres que Khomeiny a nommés en 1988 pour mener le massacre de 30 000 prisonniers politiques, principalement des membres de l'Organisation des Moudjahidine du Peuple d'Iran (OMPI/MEK), le principal mouvement d’opposition qui se dresse contre les mollahs. Ce crime contre l'humanité était si odieux qu'il a causé un désaccord dans les plus hautes sphères du pouvoir au sein du régime et continue de se répercuter jusqu'à ce jour.
De l’autre côté, il y a Rohani, un vétéran de l'appareil sécuritaire qui a servi de commandant en chef adjoint pendant la guerre de huit ans des mollahs contre l'Irak. Il faisait partie des autorités responsables du renvoi des dizaines de milliers d'enfants et de jeunes iraniens vers la mort sur les champs de bataille. Il a participé activement à la répression des femmes et à la répression des manifestations, en particulier lors des soulèvements de 1999. Il se vante d’avoir réussi à tromper l'Occident au sujet du programme nucléaire du régime des mollahs. Au cours de son mandat, plus de 3 000 personnes ont été exécutées. Selon ses propres propos, les dépenses militaires du régime ont augmenté de 145% au cours de son premier mandat présidentiel. Il était également parmi les décideurs du massacre de 1988, et son adjoint, le ministre de la Justice ainsi que son entourage étaient parmi ceux qui ont perpétré le crime. D'autre part, son ministre de la Défense, Hossein Dehghan, est responsable du bombardement en 1983 des casernes des marines américaines à Beyrouth.
Depuis le début de la répression ouverte de l'opposition et de l'exécution des dissidents en 1981, ce régime a finalement perdu sa légitimité. Les mollahs ne représentent pas la nation iranienne, son peuple et ses valeurs. Les iraniens n'ont jamais accepté le règne des mollahs et saisissent toutes les occasions pour exprimer leur désir de renverser les dirigeants du régime. Les révoltes de juin 1981, les manifestations nationales du début des années 90, ainsi que les soulèvements de 1999 et de 2009 témoignent de cette réalité indéniable.
120 000 prisonniers politiques exécutés, dont l’OMPI et ses partisans constituent les 90%, sont le témoignage ultime du prix que les Iraniens sont prêts à payer pour que la liberté et la démocratie soient instituées dans leur pays. La volonté et les désirs de ce peuple sont exprimés par le plan en dix points de Mme Maryam Rajavi, la présidente élue du Conseil National de la Résistance iranienne, pour un Iran libre et démocratique fondé sur l'égalité entre les sexes et la laïcité, et pour un Etat non nucléaire qui adhère aux conventions ainsi qu’aux lois internationales.
Parallèlement à la violente répression de la population iranienne, la politique d'apaisement a énormément contribué à préserver la gouvernance des mollahs. Les huit dernières années ont été les pires concernant cette approche infructueuse.
Lorsque le population iranienne est descendue dans les rues et a appelé au renversement des mollahs, le président américain était occupé à envoyer des lettres aux dirigeants du régime. Lorsque la révélation de la résistance iranienne au sujet du programme d'armes nucléaires de Téhéran, en plus des sanctions internationales, a mis les mollahs à genoux, les puissances mondiales, avec l'administration Obama en tête, leur ont accordé le plus de concessions possibles. En 2010, l'administration Obama a facilité la réélection de Nouri Al-Maliki en tant que Premier ministre de l'Irak, qui a, en retour, ouvert la voie à l'invasion par le régime iranien du territoire et des politiques irakiennes, et par conséquent, à l'expansion de son ingérence en Syrie. L'histoire jugera sévèrement les approbateurs du rapprochement avec le régime des mollahs pour les dégâts infligés à la paix et à la stabilité mondiale et pour leur contribution à l'intensification du tourment de la population iranienne.
Les malheurs du peuple iranien, les crises qui frappent la région et bon nombre des problèmes qui hantent le monde sont liés à l'existence du régime des mollahs. Au lieu de cette parodie d’élection, il faut se concentrer sur les désirs réels de la population iranienne, notamment le renversement du régime théocratique et l'instauration de la démocratie et de la liberté. En raison des crises intérieures intensives du régime et des luttes intestines pour le partage du pouvoir, le seul effet réel des élections présidentielles iraniennes sera l'affaiblissement du régime au pouvoir dans son intégralité et son rapprochement de sa chute inévitable.
Mohammad Mohaddessin (@Mohaddessin) est le président de la Commission des Affaires étrangères du Conseil National de la Résistance iranienne (CNRI) et l'auteur du livre « Fondamentalisme islamique : la nouvelle menace mondiale »
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