samedi 13 mai 2017

« Élection » 2017 en Iran - Entretien avec le président de la Commission des Affaires étrangères du CNRI

 Dans une interview accordée à ncr-iran.org, le président de la Commission des Affaires étrangères du Conseil National de la Résistance iranienne (CNRI), Mohammad Mohaddessin, a répondu à une série de questions concernant la prochaine élection présidentielle du régime iranien. Voici la première partie de cette interview.
Quels sont les choix qui s’offrent à la population iranienne et qu'attend-elle ?

Question très intéressante. Si vous marchez dans les rues de Téhéran ou allez sur les réseaux sociaux en Iran, vous trouverez votre réponse. Vous verrez tellement d'affiches sur lesquelles on peut lire : « Non au bourreau Raïssi ; Non au Charlatan Rohani, je vote pour le renversement du régime ». C'est de cette manière que les iraniens voient les choix qui s’offrent à eux. Ils parlent de choisir entre le « pire » et le « pire encore ». Le peuple iranien, après 38 ans sous le régime théocratique, n'attend rien de l'élection. Ils ont été témoins de tant de ces simulacres d’élection. Ils savent au fond d’eux que les élections n'ont aucune valeur en Iran. Ce n'est qu'un spectacle qui tente de justifier le pouvoir absolue du Velayat-e Faqih. Il est temps pour l'Occident de se débarrasser de cette perception erronée, fomentée par le lobby de Téhéran, et selon laquelle les Iraniens prennent en compte de sérieuses différences entre les candidats. La seule différence est que l'un est un bourreau qui le clame haut et f
ort et l'autre qui parle de façon modérée, mais agit exactement de la même manière.
Rohani a récemment déclaré que « les iraniens ne soutiennent pas ceux qui, au cours des 38 dernières années, n’ont imposé que des exécutions et des emprisonnements », à qui se référait-il ? Ebrahim
Raïssi ? Y a-t-il eu une réaction à ses propos ? Comment analysez-vous ses commentaires ?
Les propos de Rohani sont un aveu clair selon lequel au cours des 38 dernières années, le régime théocratique a entièrement recouru aux exécutions et aux emprisonnements pour se maintenir au pouvoir et tous les responsables du régime, y compris Rohani lui-même, qui a été l'un des décideurs du régime pendant cette période, sont directement responsables des crimes commis. Évidemment, Rohani faisait référence à Raïssi qui a été nommé par Khomeiny en tant que membre de la « commission de la mort » lors du massacre de 30 000 prisonniers politiques en 1988.
Mais, par inadvertance, il a confirmé que 38 ans de pouvoir théocratique n’ont apporté au peuple iranien qu’exécutions et prisons. C'est pourquoi l'autre faction a fortement réagi à ses propos en déclarant qu’ils compromettaient tout le régime et lui rappelaient que depuis le début, il a été l'un des décideurs du régime. Ils ont, par exemple, fait référence aux précédents propos de Rohani, lorsqu’il a exigé que les « conspirateurs » soient amenés à la prière du vendredi et pendus en public pour que cela ait plus d'impact.
Dans ses propos, Rohani a également révélé que, dans le cadre d'une discussion privée, des membres de l'autre faction ont suggéré de mettre en place des murs sur les trottoirs pour la ségrégation entre les sexes. En réponse, l'autre faction a révélé qu'en effet, certains alliés proches de Rohani qui sont maintenant ministres dans son cabinet ou dirigent sa campagne électorale préconisent la ségrégation des sexes, mais Khamenei les en a empêchés ! Ils ont également restitué des portions du mémoire de Rohani dans lequel il admet qu'il était le principal responsable de l'imposition du « voile obligatoire » aux femmes. Dans le cadre de la querelle interne, chaque faction fait de nouvelles révélations sur l'autre faction au sujet de leur rôle dans la répression, l'exécution, le détournement de fonds, la corruption, etc. Cette lutte de pouvoir, qui découle essentiellement de l'incapacité du régime à répondre aux besoins les plus élémentaires de la population, a secoué l'ensemble du régime et l'a rendu plus vulnérab
le et plus faible.
D'autre part, la Résistance a été blanchie. Pendant des années, le régime utilisait tous les moyens réppressifs pour réprimer la population iranienne, afin d’empêcher la nouvelle génération d’être informée de tant de crimes commis par le passé et également pour faire taire l'opposition démocratique. Mais maintenant, ils admettent ce que nous disons depuis des années. Par conséquent, nous avons assisté à une augmentation de soutien pour notre mouvement et notre message résonne aujourd'hui en Iran bien plus qu’avant.
Pouvez-vous faire une prédiction en ce qui concerne le prochain président ? Quel est votre point de vue ?
Tout d'abord, je dois répéter qu'en Iran, le résultat des élections ne dépend pas du peuple, mais du rapport des forces au sein du régime. Il est vraiment temps pour les décideurs Occidentaux de sortir de leurs bulles et de voir la réalité.
Deuxièmement, tous les candidats ont été approuvés non seulement par le Conseil des gardiens, mais personnellement par le Guide Suprême avant d'entrer dans la course. Dans un système électoral sans la présence de la véritable opposition, où les choix offerts à la population ne représentent que davantage de souffrance pour le peuple iranien, le résultat ne fait aucune différence. Par conséquent, on peut dire tous les candidats sont dans le domaine de l’acceptable pour Khamenei.
Tout indique toutefois que Khamenei préfère avoir Raïssi en tant que figure de proue, mais une ligne rouge pour lui c’est aussi que l’orchestration de l’élection n’entraine pas un soulèvement résultant de l'intensification de la querelle interne. En effet, les nouveaux propos de Rohani visent également à transmettre à Khamenei ce message selon lequel opter pour Raïssi pourrait lui coûter plus cher. Alors que Khamenei a le dernier mot, néanmoins, la position vulnérable de l'ensemble du régime et la peur d'un soulèvement populaire, conjuguée au fait qu'il a, dans une certaine mesure, perdu son influence au sein du régime et son emprise sur une population mécontente, fait qu’il a les mains liés. Cependant, dans l’un ou l’autre des cas, le résultat serait un régime beaucoup plus faible et plus vulnérable. C'est le dilemme de Khamenei et l'impasse auxquels le régime est confronté.

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