CSDHI - Deux étudiants d’élite iraniens emprisonnés continuent de se voir refuser un avocat et des visites de leur famille depuis leur incarcération arbitraire le 10 avril 2020 en Iran. Ces derniers mois, Ali Younesi et Amir Hossein Moradi ont été torturés pour obtenir des aveux et maintenus en isolement pendant près de deux mois.
Ces deux étudiants primés dans des olympiades d’astrophysique nationales et internationales ont été interrogés lors d'une réunion générale des procureurs, des responsables des services de renseignement et d'autres agents le 14 juillet, sans avoir accès à un avocat.
Aucun des parents des deux étudiants n'était présent à cette réunion.
L'interrogateur, les responsables judiciaires et des services de renseignement ont bombardé les deux détenus de questions et ont cherché à les forcer d’accepter certaines accusations.
Reza Younessi, le frère d'Ali, a écrit sur son compte Twitter que certains « soi-disant » professeurs et étudiants « totalement liés aux forces de sécurité » ont joué « le rôle d'interrogateurs dans une séance d'interrogatoire de groupe ».
Il a souligné que « même lors de cette séance d'interrogatoire de groupe », Younesi et Moradi « ont rejeté les accusations ».
Selon des informations de l'Association islamique des étudiants, Ali Younesi a déclaré « Je veux seulement que mon dossier soit retiré du ministère du Renseignement pour pouvoir me défendre au tribunal ».
Selon plusieurs informations publiées, il est clair que les deux étudiants iraniens primés ont été soumis à des pressions pendant leur détention pour leur arracher des aveux télévisés.
Au cours de cette réunion funeste, Ali Younesi a déclaré en partie qu'il n'était pas disposé à faire cette interview dans le cadre d’une émission télévisée.
Moradi a également déclaré : « Il y a beaucoup de choses que je veux dire, mais je ne peux pas le faire en quelques minutes. »
Au cours de la réunion, des autorités judiciaires ont également diffusé des vidéos de plusieurs actes de « sabotage », affirmant qu'ils avaient été menés par Ali Younesi et Amir Hossein Moradi.
L'Association islamique des étudiants de l'Université de technologie Sharif a noté dans une information que « les visages des individus dans les séquences n'étaient pas identifiables », et les deux étudiants détenus « n'ont pas confirmé ou nié leur présence dans les films ».
L’association ajoute que lors de cet interrogatoire, les deux étudiants n'ont pas eu le droit de voir leur famille et ni eu accès à un avocat ou un conseiller juridique de leur choix.
Le 22 juillet, la sœur d'Ali Younesi a écrit sur son compte Twitter : « Cela fait 31 jours que nous avons été informés que l'enquêteur Jafari a choisi un avocat commis d'office dans la liste des avocats de la sécurité, sans le consentement d'Ali Younesi et d'Amir Hossein Moradi et de leurs familles. Mon père s'est opposé à Jafari, et plus tard Ali a déclaré au téléphone qu'il n'avait pas accepté l'avocat d’office. Mais Jafari a dit qu'il fallait accepter et qu'il n'y avait pas d'autre choix. »
Dans un autre tweet, elle a également dit que « l’avocat d’office (Reza Dardizadeh) que vous avez désigné prépare davantage le scénario des forces de sécurité que la défense de mon frère !!! ».
Les autorités ont arrêté Ali Younesi, 20 ans, dans une rue de Téhéran le 10 avril 2020, puis l'ont emmené chez lui le visage en sang pour une perquisition. Son ami, Amirhossein Moradi, également âgé de 20 ans, a été arrêté le même jour.
Le 5 mai, le porte-parole du pouvoir judiciaire, Gholamhossein Esmaili, a accusé les deux étudiants d'avoir des liens avec l'Organisation des Moudjahidine du peuple d'Iran (OMPI/MEK), et de mener des actions de « sabotage ».
Ali Younesi est médaillé d'argent et d'or aux Olympiades nationales d'astronomie en Iran et a remporté la médaille d'or en 2018 aux Olympiades internationales d'astronomie et d'astrophysique qui se sont tenues en Chine. Amir Hossein Moradi a remporté la médaille d'argent aux Olympiades nationales d'astronomie iraniennes.
Le 7 mai, le Conseil national de la Résistance iranienne (CNRI) a publié les noms de 18 autres "sympathisants" ayant été arrêtés ces derniers mois.
En vertu de l'article 48 de la procédure pénale de 2014 en Iran, les détenus accusés de diverses infractions, notamment de crimes contre la sécurité nationale ou internationale, de crimes politiques et de crimes contre les médias, doivent choisir leur avocat parmi un groupe pré-approuvés, sélectionnés par la justice iranienne au cours de l'enquête. En juin 2018, le pouvoir judiciaire a publié une liste qui ne comprenait que 20 avocats autorisés à représenter des personnes accusées de délits liés à la sécurité nationale dans la province de Téhéran. Cette liste ne comprenait aucune femme ni aucun avocat spécialisé dans les droits humains.
Le droit international garantit à tout accusé l'accès à un avocat à tous les stades de la procédure pénale, y compris pendant l'enquête, la procédure préliminaire et le procès lui-même. En vertu de l'article 1 des principes de base des Nations unies concernant le rôle de l'avocat, « toute personne a le droit de faire appel à l'assistance d'un avocat de son choix pour protéger et établir ses droits et pour le défendre à tous les stades de la procédure pénale ».
Source : Iran Human Rights Monitor
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