Par Hamideh Taati
La courageuse prisonnière politique iranienne Maryam Akbari Monfared a écrit une lettre ouverte à l'occasion de l'anniversaire du massacre des prisonniers politiques en Iran en 1988, critiquant l'Occident pour son silence sur la question, soulignant que les auteurs de ces massacres occupent toujours des postes de haut rang dans le régime, et affirmant que ces deux choses sont liées.
Elle a écrit : « Quiconque [garde] le silence et ne se prononce pas contre les injustices [ou] décide d’adopter la politique de complaisance [trahit] la connaissance humaine et la liberté de choix. Cela détruit la pierre précieuse qui existe en tous les êtres humains et les distingue de toutes les autres créatures vivantes. Le fait que vous ayez caché ce crime, que vous ayez gardé le silence à son sujet et que vous ayez encouragé les commanditaires et les auteurs du massacre des vaillants fils de l’Iran a encouragé la théocratie au pouvoir en Iran dans ses actes de répression et de bellicisme. »
Akbari Monfared, qui est détenue dans le quartier des femmes de la prison d'Evin, a perdu une sœur et un frère lors du massacre de 1988 et deux autres frères lors des autres exécutions massives du début des années 1980. Elle déclare que les martyrs sont le sang qui coule dans les veines de l'histoire. Ses frères et sœurs étaient membres du principal groupe d'opposition démocratique iranien, l'Organisation des Moudjahidine du peuple d'Iran (OMPI).
Elle a écrit : « Dans cette aube où les victimes embrassaient leurs nœuds coudés, elles se sont transformées en sang qui coule dans les veines de l'histoire. Leurs souffles chauds répandent les graines de l'espérance sur le sol du passé. Dans le temps chaud et l'atmosphère répressive des chambres de torture, leurs slogans à la potence ont écrit notre histoire. »
Akbari Monfared a expliqué que le peuple iranien salue les martyrs et considère le massacre comme faisant partie de sa lutte pour la liberté, qui se poursuit encore aujourd'hui.
Elle a déclaré que l'Occident devrait s'élever contre le « plus grand crime contre l'humanité depuis la Seconde Guerre mondiale », soulignant que les mollahs n'ont fait que poursuivre leurs crimes, car ils n'ont pas eu à répondre de leurs actes. (Par exemple, l'assassinat de Mohammad Salas en mars 2018 pour justifier la répression du régime contre les derviches de la minorité religieuse et l'assassinat d'Alireza Shir-Mohammad-Ali plus tôt cette année en relation avec ses protestations sur les conditions de détention). Elle a exhorté l'Occident à adopter une politique ferme en matière de droits humains en Iran.
Elle a écrit : « Ces massacres se sont perpétués à cause de la politique de complaisance adoptée par les pays européens et les États-Unis. Le régime s'est appuyé sur cette politique pour commettre ses crimes... Le temps est venu pour vous de mettre de côté cette politique honteuse et de voir la réalité en face. Il s'agit d'un régime génocidaire et les assassins sont toujours au pouvoir. Cependant, c’est une vérité incontestable que le sang des martyrs rugit sans fin. »
La lettre ouverte d'Akbari Monfared a été publiée pour la première fois par la Commission des femmes du Conseil national de la Résistance iranienne.
Au cours de l'été 1988, le régime des mollahs a exécuté sommairement et de façon extrajudiciaire des dizaines de milliers de prisonniers politiques détenus dans les prisons iraniennes. Le massacre a été perpétré sur la base d'une fatwa émise par le Guide Suprême de l'époque, Ruhollah Khomeiny.
Les faits :
• Plus de 30 000 prisonniers politiques ont été massacrés en Iran au cours de l'été 1988.
• Le massacre a été perpétré sur la base d'une fatwa de Khomeiny.
• La grande majorité des victimes étaient des militants de l'opposition (OMPI).
• Une commission de la mort a approuvé toutes les condamnations à mort.
• Alireza Avaei, membre de la commission de la mort, est aujourd'hui ministre de la Justice de Hassan Rohani.
• Les auteurs du massacre de 1988 n'ont jamais été traduits en justice.
• Le 9 août 2016, une bande audio a été publiée pour la première fois où on peut entendre l'ancien héritier de Khomeiny reconnaissant que ce massacre avait eu lieu et qu’il avait été ordonné au plus haut niveau.
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