CSDHI - Le tombeau de Cyrus le Grand, classé au patrimoine mondial de l'UNESCO, est situé au sud-ouest des palais de Pasargades, à Chiraz, dans la province de Fars, en Iran.
Une commémoration non officielle gagne en popularité malgré la répression du régime iranien.
Heshmatollah Tabarzadi, ancien prisonnier politique, a été arrêté le 29 octobre 2019 pour avoir essayé de pénétrer sur le site archéologique de Pasargades, où se trouve la tombe de Cyrus le Grand.
Les forces de sécurité ont fermé la route menant à la tombe de l’ancien Roi de Perse, au nord de Chiraz, dans la province de Fars, pour empêcher les gens d’assister à la « Journée de Cyrus », une célébration officieuse organisée par les nationalistes et les monarchistes iraniens pour honorer l’héritage du souverain préislamique.
La célébration a gagné en popularité en Iran au cours de la dernière décennie en dépit des efforts déployés par le gouvernement pour la réprimer.
« Suite à l’invitation de nombreux défenseurs et organisations de la société civile à participer à un rassemblement à l’occasion de la Journée Cyrus à Pasargad, Heshmatollah Tabarzadi et d’autres membres du Front démocratique iranien [interdit] ainsi que des militants des droits civiques ont été arrêtés sur la route de Pasargades », disait un tweet posté sur le profil Twitter de Tabarzadi, au sujet du 29 octobre.
Tabarzadi a été relâché le lendemain. Il est difficile de savoir exactement qui d'autre a été arrêté et si oui ou non, ils sont toujours en détention.
Le compte Twitter de Tabarzadi a également mis en ligne une vidéo le 30 octobre montrant l’état désastreux de son domicile à Téhéran après une perquisition faite par les forces de sécurité alors qu'il était en détention dans la ville de Chiraz.
L'ancien chef du groupe d'opposition interdit du Front démocratique, Tabarzadi, avait déjà été arrêté à plusieurs reprises au cours des trois dernières décennies pour avoir critiqué la politique de l'État.
En février 2018, Tabarzadi et 14 autres personnalités iraniennes ont signé une déclaration exigeant la tenue d’un référendum pour déterminer l’avenir politique du pays.
Le 28 octobre, l'avocat de la défense Mohammad Hossein Aghasi a tweeté qu'il avait été convoqué à un poste de police à Téhéran après avoir été faussement accusé d'avoir assisté à la célébration de la Journée Cyrus.
« Ils m'ont appelé et ils m'ont dit que je devais me présenter au poste de police de la sécurité », a déclaré Aghasi au Centre pour les droits de l'homme en Iran (CDHI). « Quand je suis arrivé là-bas, j'ai vu que d'autres personnes avaient également été convoquées. On m'a demandé si j'avais déjà participé aux célébrations de la Journée Cyrus à Pasargades. Je leur ai dit que je n'avais pas eu cet honneur. Ils ont dit que quelqu'un avait acheté une carte SIM sous mon nom et s'était rendu à Pasargades. Je leur ai dit qu'ils devraient appeler cette personne, pas moi. Ensuite, ils m'ont demandé de signer un document sur lequel je m’engageais à ne pas aller à Pasargades. »
Aghasi a ajouté : « Les gens comme moi n'ont pas peur de ces choses parce que nous les connaissons bien. Mais certaines personnes du commissariat étaient vraiment terrifiées et se demandaient pourquoi la police de sécurité les poursuivait. Convoquer des personnes et leur demander de signer des engagements est illégal. Aller sur la tombe de Cyrus ne l’est pas. »
Aghasi a ajouté qu'honorer Cyrus le Grand n'était pas illégal.
« Rien dans la loi ne stipule que se rendre à Pasargades le 29 octobre est un délit », a-t-il déclaré. « Ils ne peuvent interdire aux gens d’aller sur la tombe de Cyrus ou sur qui que ce soit et les tribunaux ne peuvent punir personne pour cela car ce n’est pas un délit. »
Haniye Daimi, la soeur de la militante des droits civiques emprisonnée Atena Daemi, avait également tweeté sur le fait qu'elle avait été convoquée au poste de police le 28 octobre.
Le militant des droits civils Bahman Ahmadi Amooee, autrefois emprisonné, a tweeté qu'il avait également été convoqué mais qu'il avait refusé de se soumettre.
« Lundi 28 octobre, j'ai reçu un appel de la police de sécurité et on m'a dit que je devais venir au poste de Jannatabad [district de Téhéran] pour répondre à certaines questions », a tweeté Amouee.
« J'ai demandé pourquoi et l'homme au téléphone a dit qu'il avait été signalé que j'avais fait une déclaration ou envoyé un message à propos de Cyrus », a ajouté Amouee. « Il s'attendait à ce que je vienne tout de suite et que je m'asseye avec obéissance devant lui. Je lui ai dit qu'il était manifestement nouveau dans son travail et ne savait pas quelle sorte de personne j’étais. »
Certains responsables iraniens sont sensibles aux démonstrations d’honneur publiques de Cyrus le Grand parce que de nombreux critiques iraniens du gouvernement iranien décrivent l’héritage du roi antique comme une défense précoce des droits de l’homme tout en soulignant les abus commis sous le gouvernement actuel.
Certains responsables iraniens sont sensibles aux démonstrations d’honneur publiques de Cyrus le Grand parce que de nombreux critiques iraniens du gouvernement iranien décrivent l’héritage du roi antique comme une défense précoce des droits de l’homme tout en soulignant les abus commis sous le gouvernement actuel.
D'autres représentants de l'État affirment que le gouvernement ne devrait pas tenter de réprimer l'événement.
« Nous avons traité le 29 octobre comme une question de sécurité, alors qu’en fait, c’est quelque chose qui a des racines dans notre culture et nous devons donc trouver des solutions culturelles », a déclaré l’ayatollah Lotfollah Dejkam : le leader de la prière du vendredi de Chiraz et le représentant du Guide suprême, Ali Khamenei, dans la province de Fars, dans une interview accordée à l’Agence de presse officielle de la République islamique (IRNA), le 10 octobre 2019.
Il a ajouté : « Certaines personnes pensent que le 29 octobre marque l'anniversaire de l'entrée triomphale de Cyrus à Babylone, lorsqu'il a présenté la Charte des droits humains. C’est pourquoi ils l’ont baptisée, la Journée de Cyrus, en son honneur. En même temps, d’autres pensent que cela n’a pas été prouvé par l’histoire et reprochent aux étrangers d’en faire toute une histoire. »
Plus tôt cette année, le député Bahram Parsaie a appelé le gouvernement à reconnaître officiellement la Journée de Cyrus.
« Le fondateur des droits humains est une source de grande fierté pour notre histoire et l'histoire du monde. Le 29 octobre a été déclaré Journée de Cyrus car il peut constituer une occasion de faire preuve d’une solidarité nationale, attirer des touristes et mettre en valeur la richesse culturelle de notre pays », a déclaré Parsaie à l’agence de presse parlementaire iranienne, ICANA, le 17 juillet 2019.
« Nous devrions organiser et célébrer cette journée de manière à attirer non seulement les touristes mais également à présenter notre culture et notre civilisation dans un environnement sécurisé, plutôt que d'en faire une question de sécurité », a-t-il ajouté.
Source : Le Centre pour les droits de l’homme en IranCyrus
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