- Deux universitaires français emprisonnés en Iran pendant plus de six mois pour des charges de sécurité nationale ont été jugés, mardi 3 mars, dans une affaire qui a soulevé des tensions entre Téhéran et Paris.
Fariba Adelkhah, 60 ans, et Roland Marchal, 64 ans, tous deux chercheurs à l'université de Sciences Po à Paris, ont été arrêtés en juin 2019 sur la base d'accusations que des groupes de défense des droits humains et des collègues universitaires ont dénoncées comme étant scandaleuses.
Seul Adelkhah a comparu à l'audience à huis clos du tribunal révolutionnaire de Téhéran, selon les informations transmises à leur avocat Said Dehghan.
« M. Marchal n'a eu aucun problème pour se présenter au tribunal aujourd'hui, mais les autorités ne l'ont pas fait venir. Ils n'ont amené que Mme Adelkhah », a déclaré M. Dehghan à l'AFP à Téhéran.
Selon Dehghan, l'audience a été reportée à une date non précisée, et le juge a refusé une demande de la défense pour que deux avocats supplémentaires soient autorisés à les représenter.
Dehghan a accusé le juge d'avoir « violé la loi » sur cette affaire.
Adelkhah, un anthropologue et expert de l'Islam chiite, est accusé de « propagande contre le régime » et de « collusion pour commettre des actes contre la sécurité nationale. »
Son collègue Marchal, spécialiste de l'Afrique de l'Est, est accusé de la même accusation de sécurité nationale, a déclaré l'avocat.
Leur groupe de soutien basé à Paris et le ministère français des affaires étrangères ont tiré la sonnette d'alarme sur la santé des deux : Adelkhah a fait une grève de la faim pendant 49 jours et la santé de Marchal se serait détériorée.
- Craintes de virus -
Le groupe de soutien a dénoncé comme une "mascarade de justice" l'audience à huis clos présidée par le juge Fazlollah Salavati.
Le groupe a déclaré que les garder en prison était particulièrement dangereux étant donné l'intensité de l'épidémie de coronavirus en Iran, qui a fait 77 morts selon les autorités iraniennes.
« Les autorités iraniennes mettent délibérément en danger la vie de nos deux collègues - déjà affaiblis - en les gardant dans une prison surpeuplée alors que le pays est frappé par une grave épidémie de coronavirus dont l'ampleur est minimisée et qui n'est pas sous contrôle », a déclaré le groupe.
Les médias et les militants de langue persane en dehors de l'Iran ont affirmé que l'ampleur de l'épidémie est bien plus importante que ce qu'admettent les autorités, ce que Téhéran a nié avec véhémence.
L'Iran ne reconnaît pas la double nationalité franco-iranienne d'Adelkhah et s'en est pris à Paris pour ce qu'il a qualifié d'"ingérence" dans ces affaires.
Adelkhah et Marchal ne sont pas les seuls universitaires détenus par Téhéran, qui a été accusé par l'Occident de détenir arbitrairement des étrangers comme monnaie d'échange.
L'Australienne Kylie Moore-Gilbert, de l'Université de Melbourne, purge une peine de 10 ans après avoir été reconnue coupable d'espionnage.
Téhéran détient toujours plusieurs autres étrangers dans des affaires très médiatisées, notamment la mère irano-britannique Nazanin Zaghari-Ratcliffe et l'homme d'affaires irano-américain Siamak Namazi et son père, Mohammad Bagher Namazi.
Source : Radio Farda
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