mercredi 8 juillet 2020

Le quartier des femmes de la prison d’Evine ; conditions inhumaines en pandémie

 CNRI Femmes – Le quartier des femmes de la prison d’Evine est le lieu de détention des prisonnières politiques et d’opinion. Située au nord de la capitale iranienne, la sinistre prison d’Evine est un complexe de 40 hectares comprenant plusieurs sections, dont celle des femmes.

Le quartier des femmes de la prison d’Evine comprend deux salles principales. La salle n° 1 est formée de trois salles. La première contient 12 prisonnières politiques, la seconde 10 prisonnières politiques et la troisième huit prisonnières politiques.
La salle n° 2 était auparavant utilisée pour détenir les femmes et les enfants des condamnés de sexe masculin. Ces détenus ont été libérés sur décision de la justice en mars 2020 après l’épidémie de coronavirus.
Sur l’insistance des prisonnières politiques, la salle n°2 a été utilisée pour l’isolement temporaire des détenues soupçonnées d’avoir contracté le Covid-19.

Les nouvelles arrivées et le service de quarantaine

Les nouvelles arrivantes sont détenues pendant 14 jours dans la salle n°2, ou dans une pièce de la section administrative du quartier de quarantaine, avant d’être autorisées à entrer dans le quartier des femmes de la prison d’Evine.
Cet isolement s’avère toutefois inefficace, car les téléphones de la prison situés dans le « club de sport » et le magasin de la prison sont utilisés par toutes les détenues et la quarantaine est violée dans la pratique.
Seul le sens de la responsabilité personnelle des prisonnières dans le respect des gestes barrière et de distanciation sociale, peut leur sauver la vie.
Les prisonniers doivent se procurer leurs propres masques et gants dans le magasin de la prison ; chaque masque ou paire de gants est vendu entre 8 000 et 10 000 tomans .
Les détergents et les désinfectants sont rationnés par les autorités pénitentiaires, ce qui ne suffit pas et les détenues doivent acheter leurs propres produits à des prix bien plus élevés que dans le commerce à l’extérieur.

Pas de separation des prisonnières

Les prisonnières détenues dans le quartier des femmes de la prison d’Evine ne sont pas séparées selon la catégorie de leurs délits. Les femmes accusées de délits de droit commun sont transférées dans le quartier des femmes d’Evine, au lieu d’être détenues dans le quartier général. Elles y restent pendant plusieurs jours ou plusieurs mois. La situation devient vraiment problématique lorsque des toxicomanes sont écrouées dans ce quartier et privées de l’accès à leurs médicaments.

La nourriture

La plupart des détenues du quartier des femmes d’Evine doivent acheter leur propre nourriture en raison de la mauvaise qualité des repas servis par la cuisine de la prison.
Le magasin de la prison vend ses marchandises à des prix plusieurs fois supérieurs au prix normal du marché.

Traitements médicaux et soins de santé

A l’épidémie, les prisonnières devaient payer leurs propres frais médicaux si elles se rendaient dans des hôpitaux civils, mais les autorités pénitentiaires empêchaient systématiquement leur envoi dans des centres médicaux hors de la prison.
Si une prisonnière réussissait à obtenir une visite à l’hôpital, elle était rapidement renvoyée en prison sans avoir reçu de traitement adéquat.
Les visites à l’hôpital sont devenues encore plus difficiles après l’apparition du Covid-19. Les visites nécessaires sont effectuées soit très tard, soit de manière irrégulière.
Les prisonnières malades rencontrent également divers obstacles pour se rendre au dispensaire de la prison et les médecins spécialistes se rendent rarement dans le quartier des femmes d’Evine.

Citations à comparaître

La pandémie de coronavirus n’a pas réduit le nombre de convocations des prisonnières et des militantes civiles. Au contraire, un plus grand nombre sont convoquées devant les tribunaux.
Atena Daemi et Maryam Akbari Monfared sont deux prisonnières politiques qui ont été convoquées à plusieurs reprises devant les tribunaux et de nouvelles accusations ont été fabriquées contre elles.
Ces prisonniers politiques ont refusé de comparaître devant le tribunal parce que les gardiens et les agents qui les accompagnent au tribunal ne respectent pas les protocoles sanitaires et ne portent pas de masques ou de gants.

Visites et appels téléphoniques

Les détenues du quartier des femmes de la prison d’Evine ne sont en principe autorisées à passer des appels téléphoniques que trois fois par semaine, les samedi, lundi et mercredi, et seulement pendant dix minutes.
Les téléphones se trouvent dans le « club de sport ». Chaque détenue n’est autorisée à enregistrer que cinq numéros sur sa carte téléphonique.
Pendant les appels de dix minutes, un enregistrement est diffusé plusieurs fois indiquant que l’appel est passé depuis la prison d’Evine. Cet enregistrement est très dérangeant pour les petits enfants, dont les mères sont emprisonnées, et les mères sont stressées lorsqu’elles parlent à leurs enfants.
Après l’épidémie, toutes les parloirs en personne ont été annulées et les visites en cabine ne sont plus effectuées qu’une fois par semaine, le dimanche.
Les autorités ne fournissent pas de désinfectant pour les visites en cabine afin d’essuyer le récepteur téléphonique et les sièges. Les familles apportent donc leurs propres désinfectants.

Le club de sport

La plupart des instruments et équipements du club de sport de la prison pour femmes d’Evine sont usés ou hors d’usage, et les autorités pénitentiaires n’ont pris aucune mesure pour les réparer.
Pendant la pandémie, il n’y a eu aucun protocole sanitaire, de sorte que si les détenues utilisent le matériel, elles risquent d’être infectées. Dans le cas contraire, elles sont privées de l’aptitude physique minimale dont elles ont besoin dans l’environnement fermé de la prison.

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