Dans une session en ligne le mercredi 3 juin, l'ex envoyé de l'ONU en Irak M. Ad Melkert a répondu aux questions sur la crise actuelle en Irak et la situation des réfugiés iraniens, actuellement dans le Camp Liberty, près de l'aéroport international de Bagdad.
M. Ad Melkert, représentant spécial de la Mission d'Assistance des Nations Unies pour l'Irak (2009-2011) a donné son point de vue sur la situation en Irak en soulignant l'importance de l'unité nationale pour résoudre les problèmes actuels dans le pays.
"De façon générale en Irak, la situation est devenue plus chaotique, plus difficile à gouverner et plus contestable en ce qui concerne l'unité nationale qui mènera le pays vers un avenir meilleur. En effet, la région est plus que jamais dans la tourmente et c'est pourquoi il est grand temps de revenir à l'espoir qui était là [initialement] mais qui exigera beaucoup d'efforts de la part de nombreux acteurs", a-t-il déclaré.
Il a également abordé la question du Camp Liberty en Iraq et a averti que "la possibilité d'escalade ne peut pas être exclue, donc une raison de plus pour accélérer les efforts visant à trouver une solution pour les résidents."
Répondant à une question sur le massacre de plus de 100 habitants d'Achraf et Liberty dans les attaques précédentes, il a déclaré: "à l'époque des atrocités au Camp Ashraf, nous avons essayé de convaincre le gouvernement irakien de mettre en place une enquête impartiale sur ce qui s'est passé, pour savoir qui était le commanditaire et comment la protection pourrait être assurée à l'avenir. Cependant, il n'y avait malheureusement aucun soutien en faveur de cela.”
"Il ne fait aucun doute que le gouvernement iranien a joué un rôle et très probablement est en train de jouer un rôle pour maintenir la pression sur le gouvernement irakien pour qu’il ne laisse pas les habitants de Camp Liberty partir. De toute façon, je sais pertinemment que les atrocités qui ont eu lieu à l'époque où les habitants étaient encore au Camp d'Achraf... n'auraient pas pu être perpétrées sans le soutien de la partie iranienne".
À la question de savoir s'il y a eu des changements pendant le nouveau gouvernement irakien, il a décrit la situation actuelle comme imprévisible et douteuse : « J'ai eu espoir qu’avec le nouveau gouvernement sous le leadership du premier ministre Al Abadi, il serait possible de créer une certaine détente autour du Camp Liberty et de travailler de manière constructive vers des solutions. »
“Malheureusement, je ne pense pas que le fonctionnement de ladite Comité (de répression) d’Achraf, qui est en charge de la gestion et de la surveillance du camp, ait changé. Je n'ai pas observé de changement substantiel”.
L'ancien émissaire de l'ONU en Irak a souligné que la position des habitants du Camp Liberty doit être vue sous l'angle d'une tragédie humanitaire et a ajouté : " voir des gens presque pris en otage dans une situation qui n'est pas de leur fait. Ils ont dû quitter leurs demeures à Achraf où ils avaient cultivé et construit un très bon niveau de vie. Ce niveau de vie est certainement pire là où ils sont maintenant. Il y a des problèmes sur une base continue avec les services médicaux, avec la fourniture de l'électricité, les égouts etc. Rendre la vie désagréable, parfois insupportable, les exposant aux intimidations qui ne devraient pas avoir lieu".
En référance aux propositions contenues dans son rapport sur les solutions du Camp Liberty, qui ont été envoyées à beaucoup de décideurs en Irak mais aussi en Europe et en Amérique du Nord, M. Melkert, a déclaré :
"La première chose est vraiment la nécessité que les résidents soient pleinement reconnus en tant que réfugiés et le camp devrait ainsi avoir le statut de camp de réfugiés. C'est important parce qu'il y a des normes internationales et une pratique internationale qui fournit la protection de ce type de missions. Le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés en est la clé. Il est reconnu que les résidents sont effectivement des personnes de situation préoccupante et qu'ils ont le droit de demander l'asile".
Quelques centaines de résidents ont trouvé l’asile en Albanie et dans d'autres pays mais "une large majorité de la population est encore au camp Liberty dans une situation pas très bonne. Et le HCR avec la MANUI devraient vraiment être à la hauteur pour s'assurer qu'ils trouvent un endroit à l'étranger. Entre-temps les résidents doivent être protégés contre toute manœuvre d'intimidation. Malheureusement, il y a eu trop de preuves à ce sujet au cours de la période récente”, a-t-il déclaré en réponse à des solutions possibles à cette crise humanitaire.
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