lundi 29 août 2016

Iran - Le ministre de la justice de Rohani avoue sa participation au massacre des prisonniers politiques

 Mostafa Pour-Mohammadi, le ministre de la justice du gouvernement d’Hassan Rohani vient d’avouer pour la première fois sa participation au terrible massacre des prisonniers politiques en été 1988. Le ministre de la justice de Rohani affirme à propos de cette tuerie : « Nous sommes fiers d’avoir exécuté le commandement de Dieu à propos des hypocrites (Monafeghine, terme utilisé par le régime pour désigner les Moudjahidine du peuple d’Iran –OMPI). »
Les propos de Pour-Mohammadi qui intervenait lors du conseil administratif de la Province de Lorestan (Ouest de l’Iran) a été rapporté le 28 août par l’agence d’information Tasnim (appartenant à la force Qods des Gardiens de la révolution).
Cette déclaration consiste un aveu flagrant à sa participation à un épisode qualifié par Amnesty International et d’autres organisations humanitaires de crime contre l’humanité. Cet ancien vice-ministre du Vevak et actuel ministre de la justice se justifie : « Dieu a ordonné de n’avoir aucune clémence envers les mécréants, puisqu’ils n’auront aucune clémence envers vous, et il ne faut non plus avoir aucune clémence envers les Hypocrites (les membres de l’OMPI) puisque, s’ils le peuvent, ils vont vous faire rouler dans le sang et ils l’ont fait. Nous sommes fiers d’avoir exécuté l’ordonnance de Dieu au sujet des Hypocrites et nous avons contré et résisté avec force aux ennemis de Dieu et de la nation. »
A l’époque, Khomeiny qui a lancé une fatwa pour liquider les prisonniers politiques en particulier les membres et sympathisants des Moudjahidine du peuple d’Iran qui se trouvaient en prisons. Il avait alors nommé Pour-Mohammadi membre de la « Commission de la mort » chargée d’appliquer cette fatwa. Pour-Mohammadi représentait dans cette commission le ministère des renseignements (le Vevak) qui avait la haute main sur ces exécutions. En l’espace de trois mois plus de 30 000 prisonniers politiques ont été exécutés et enterrés clandestinement dans des fosses communes à travers le pays. Pour-Mohammadi avait nié dans le passé sa participation à ce crime.
L’affaire éclate 28 ans après, depuis que le site officiel de l’ayatollah Hossein-Ali Montazeri a mis en ligne l’enregistrement audio de la rencontre, trois semaines après le déclenchement du massacre, entre l’ayatollah (aujourd’hui décédé) – et alors dauphin de Khomeiny - et les membres de la commission de la mort dont Pour-Mohammadi.
On entend Montazeri s’indigner contre ces crimes en leur disant notamment : « A mon avis le crime le plus terrible perpétré en république islamique depuis la révolution a été commis par vous (…) Le plus grand crime en république islamique pour lequel l’histoire va nous condamner a été perpétré de vos mains. Et vous serez considérés parmi les criminels de l’histoire. Sans façon. »
http://www.ncr-iran.org/fr/actualites/iran-resistance/18355-iran-l-opposition-en-exil-demande-a-l-onu-une-resolution-sur-le-massacre-d-opposants-en-1988
Montazeri s’adresse également en particulier à Pour-Mohammadi lors de cette rencontre insistant sur sa responsabilité, ainsi que sur celui du Vevak et soulignant que l’élimination des opposants étaient planifiée par eux et par Khomeiny et son fils Ahmad depuis plusieurs années : « M. Pour-Mohammadi est responsable du Vevak mais il est aussi un membre du clergé. Le Vevak avait planifié (cette tuerie) et avait investi dessus. La personne d’Ahmad Khomeiny, fils de Khomeiny, disait depuis trois, quatre ans que les Moudjahidine (du peuple) doivent être exécutés, même ceux qui n’ont lu qu’un de leurs journaux, de leurs prises positon ou de leurs communiqués. »
La publication de cet enregistrement a éclaté comme une bombe dans la société iranienne. Le sujet de ce massacre était resté tabou et personne n’avait le droit de l’évoquer. Depuis la publication des propos tenus lors de la rencontre de Montazeri, les autorités du régime commencent à en parler pour se défendre, pour le justifier ou parfois pour prendre des distances par rapport à ce crime.
Si Pour-Mohammadi est sortie de son mutisme, après tant d’années, c’est qu’il a été interpellé par le vice-président du Majlis, Ali Motahari qui avait demandé aux membres de la commission de la mort de s’expliquer : « MM. Raïssi, Nayeri et Pour-Mohammadi qui était impliqué dans ces évènements doivent s’expliquer et clarifier la question pour le peuple, et bien entendu s’il y a eu lacune dans la manière d’appliquer les peines alors ils doivent présenter des excuses. »
Ces personnes occupent toujours des postes clés dans la plus haute sphère du régime : Nayeri est le chef de la Cour suprême compétente pour juger les magistrats, Pour-Mohammadi est ministre de la Justice du gouvernement d’Hassan Rohani et Raïssi était procureur général avant d’être nommé récemment par le Guide suprême Ali Khamenei à la tête d’un des plus puissants cartels religieux, politique et économique, la fondation d’Astane-Qods-Razavi, on parle même de lui comme un potentiel candidat pour remplacer le Guide suprême.
Lors de la visite d’une exposition consacrée à ce massacre, à la mairie du 2ième arrondissement de Paris le 23 et 24 août dernier, la présidente élue du Conseil national de la Résistance iranienne, Maryam Radjavi a appelé la communauté internationale à traduire en justice les responsables. Une dépêche de l’AFP rapporte les propos de Mme Radjavi : « Il est temps aujourd'hui pour l'ONU d'adopter une résolution sur ce massacre. La communauté internationale doit faire juger les mollahs au pouvoir en Iran »

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