"Ce sont eux qui doivent répondre aux questions, pas nous". Mansoureh Behkish s'est vue interdite de quitter l'Iran et a été convoquée au tribunal pour son rôle dans la fondation des "Mères du parc Laleh"," également connu comme "les mères en deuil de l'Iran", un groupe formé par les mères dont les enfants ont été tués lors du massacre des prisonniers politiques par la République islamique au cours de l'été 1988.
"Le 16 septembre 2016, j'allais quitter le pays pour rendre visite à ma fille quand je me suis faite arrêtée à l'aéroport international de l'Imam Khomeini de Téhéran et l'on m'a interdit de quitter», a déclaré Mme Behkish dans une interview à la Campagne internationale pour droits de l'homme en Iran. "Ils ont confisqué mon passeport et ils m'ont donné un morceau de papier qui dit que je dois comparaître devant le tribunal de Shahid Moghaddas dans la prison d'Evine. J'ai décidé d'annuler mon voyage, mais les autorités ne veulent toujours pas me laisser seule et elles m'ont envoyé une citation à comparaître".
"La sommation dit que je dois faire une apparition pour répondre à des questions au sujet de certaines allégations, mais je ne sais pas ce à quoi ils font allusion. Est-ce qu'ils veulent s'excuser et me rendre mon passeport ? Peut-être qu'ils veulent continuer à me harceler ", dit-elle. "Au lieu de nous consoler du massacre de 1988, ils nous ont mis sous pression et ils nous menacent. Bien sûr, c'est cela la République islamique. Nous ne nous attendons pas à autre chose que de l'intimidation et de la torture".
"Je devais aller suivre un traitement pour des problèmes dans mon oeil droit après une opération de la cataracte, mais je vais probablement aller à Evine samedi matin, le 22 "octobre", pour savoir pourquoi ils m'ont convoqué" a-t-elle ajouté.
"Je devais aller suivre un traitement pour des problèmes dans mon oeil droit après une opération de la cataracte, mais je vais probablement aller à Evine samedi matin, le 22 "octobre", pour savoir pourquoi ils m'ont convoqué" a-t-elle ajouté.
La République islamique d'Iran, dans son histoire de 37 ans, a exécuté plus de 15 000 prisonniers politiques. En 1988, l'ayatollah Ruhollah Khomeini, chef suprême du pays à l'époque, a ordonné l'exécution de masse des prisonniers politiques.
Selon Amnesty International, au moins 4 482 jeunes hommes et femmes ont disparu au cours d'une période de deux mois en 1988. La plupart des prisonniers exécutés avaient déjà purgé leur peine. Les corps des victimes ont été enterrés dans des tombes anonymes et leurs familles n' ont jamais été informés de 'endroit où les corps de leurs proches se trouvent. En 2012, le tribunal populaire, présidé par des juges internationaux respectés, a enquêté sur ces crimes et a conclu que les dirigeants de l'Iran, coupables de crimes contre l'humanité.
Six membres de la famille de Behkish ont également été exécutés dans les années 1980 pour des raisons politiques.
Behkish a également dit à la campagne au sujet de ses démêlés fréquents avec des agents de la sécurité : "Toute personne qui s'oppose à leur point de vue est traité comme un ennemi. Ils savent que je n'ai jamais été membre d'un groupe politique, mais j'ai toujours et rechercherai toujours la justice. Je considère que c'est mon droit. Je les exposerai. Je leur ai dit que s'ils continuent à m'ennuyer et à me intimider, j'écrirai et crierai à ce sujet à tout le monde et dans le monde entier.
"On nous doit vraiment la justice. Ils ont commis tant d'atrocités. Ils ont tué les meilleurs jeunes de ce pays, par toutes sortes de tortures, sans expliquer comment et pourquoi. Je vais me lever et crier à ce sujet. Je crois que cela est est mon droit. Ce sont eux qui doivent répondre aux questions, pas nous. Ils nous doivent des réponses. Nous ne leur devons rien", dit-elle.
Le 25 décembre 2011, la 15e chambre du tribunal révolutionnaire a condamné Behkish à quatre ans et demi de prison pour "rassemblement et collusion contre la sécurité nationale par la formation de l'organisation "Mères en deuil". Après avoir fait appel, la peine a été réduite à six mois prison plus une peine d'emprisonnement de trois ans et demi avec sursis.
"Quel est le crime de Mansoureh, autre que celui de rappeler et d'exposer et de demander justice pour les crimes politiques commis dans notre société ?", écrit un activiste politique Parastou Forouhar sur sa page Facebook le 16 octobre. "Soutenons Mansoureh Behkish dans son combat pour la justice et soyons l'écho de sa voix de la protestation".
Source : Campagne Internationale pour les droits de l'homme en Iran
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