Javaid Rehman est un juriste anglo-pakistanais et professeur de droit islamique et de droit international à l'Université Brunel et rapporteur spécial de l’ONU sur la situation des droits de l'homme en République islamique d'Iran.
Dans son dernier compte-rendu, comme dans celui de 2019, le rapporteur spécial des Nations unies sur la situation des droits humains en Iran, Javaid Rehman, a mis en lumière les manifestations anti-régime de la mi-novembre qui ont secoué la République islamique pendant quatre jours.
Rehman a affirmé dans son compte-rendu qu'il était « choqué » par le nombre de décès, de blessures graves et d'histoires de mauvais traitements infligés aux personnes détenues lors des manifestations de novembre 2019.
« Selon les informations, les détenus sont torturés ou subissent d'autres formes de mauvais traitements, parfois pour obtenir des aveux forcés », a déclaré M. Rehman dans son compte-rendu, publié le mercredi 19 février.
« Il y a également des informations de refus de traitement médical, notamment pour des blessures causées par l'usage excessif de la force par les forces de sécurité, certains autres prisonniers étant détenus au secret ou soumis à une disparition forcée », indique le rapport de Rehman.
Le soulèvement de la mi-novembre contre le régime dominé par le clergé en Iran a été le plus meurtrier des troubles de l'histoire de la République islamique en quatre décennies.
Les documents et données recueillis par Radio Farda montrent que les forces de sécurité et militaires de la République islamique ont tué des centaines de manifestants et arrêté au moins 8 600 pendant les quatre jours de troubles à travers l'Iran.
Les manifestations déclenchées par la multiplication, par trois, du prix de l'essence en une nuit, le 15 novembre, se sont rapidement répandues dans plus de 100 villes dans 29 des 31 provinces du pays.
Plus de trois mois après le soulèvement, la République islamique n'a pas encore publié de document officiel sur le nombre de morts lors des manifestations.
Entre-temps, les autorités ont maintes fois soutenu que la plupart des détenus étaient les « meneurs » des manifestations.
Depuis la fin des troubles, la télévision publique (IRIB) a diffusé au moins 22 vidéos d'aveux forcés de détenus.
Rehman affirme qu'il « est préoccupé par les informations selon lesquelles des familles de personnes tuées par les forces de sécurité ont été menacées de ne pas parler. »
S'inquiétant des restrictions persistantes de la liberté d'expression en Iran, Rehman a noté que « bien que l'accès à Internet ait été rétabli depuis sa fermeture au plus fort des protestations, la politique d'intimidation et de harcèlement des journalistes et de leurs familles s'est poursuivie. »
Le nouveau compte-rendu de Javaid Rehman a été élaboré en vertu de la résolution 74/167 de l'Assemblée générale des Nations unies (AGNU) et devrait être présenté au Conseil des droits de l'homme des Nations unies le 9 mars 2020.
Le rapport détaillé fait également référence à la poursuite des exécutions, à la pendaison de mineurs, à la violation des droits des femmes et des minorités, à la restriction de la liberté de pensée et d'expression et aux conditions de détention difficiles des détenus, ainsi qu'à la répression des rassemblements et des associations.
« Le Rapporteur spécial reste gravement préoccupé par la situation des binationaux et des étrangers en détention en République islamique d'Iran, notamment les binationaux et les étrangers Ahmadreza Djalali, Kamran Ghaderi, Robert Levinson, Siamak Namazi et Nazanin Zaghari-Ratcliffe. Un certain nombre de nouveaux cas ont été signalés en 2019, y compris le cas d'un ressortissant australien, d'un ressortissant français et d'un ressortissant irano-français », déclare M. Rehman dans son rapport, ajoutant qu'il se réjouit de la nouvelle selon laquelle deux Australiens arrêtés en juillet 2019 ont été libérés en octobre 2019.
En reprochant à la République islamique d'avoir maintenu des avocats de renom, dont Nasrin Sotoudeh et Amir-Salar Davoudi, derrière les barreaux, M. Rehman a fait part de son inquiétude quant au sort des manifestants contre le hijab obligatoire, Monireh Arabshahi, Yasaman Aryani, Mojgan Keshavarz et Saba Kord Afshari.
En outre, Rehman a également souligné la situation désastreuse des adeptes iraniens de la foi bahaïe, des autres minorités religieuses et des Kurdes qui transportent des marchandises sur leurs épaules aux frontières occidentales de l'Iran et sont souvent abattus par les gardes-frontières.
Source : Radio Farda
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire