Shayan Saeedpour
Mardi, le régime iranien a exécuté un mineur, suscitant une condamnation immédiate des rapporteurs spéciaux des Nations Unies et d’autres défenseurs des droits de l’homme. Les experts de l’ONU ont déclaré dans un communiqué qu’ils étaient “choqués que les autorités iraniennes aient une fois de plus manqué à leurs obligations internationales” en exécutant une personne âgée de moins de 18 ans au moment du crime pour lequel il a été condamné.
Shayan Saeedpour avait 17 ans lorsqu’il a été arrêté pour avoir tué un homme lors d’une bagarre. Il a d’abord été condamné à mort en octobre 2018, et la condamnation a été confirmée par la Cour suprême du régime en février 2019. La mise en œuvre de cette peine est intervenue avec peu d’avertissement, car les groupes internationaux de défense des droits de l’homme publient régulièrement des déclarations publiques dans le but de mettre pression sur le pouvoir judiciaire lorsqu’il avertit de l’exécution imminente d’un mineur.
Les prisons du régime iranien ont une longue histoire de placement des condamnés à mort en cellule d’isolement en préparation de leurs pendaisons, pour les renvoyer ensuite dans leurs cellules ordinaires. Dans certains cas, des prisonniers ont été soumis à des transferts des dizaines de fois, comme une forme de torture psychologique qui les laisse constamment conscients du fait que leur exécution pourrait avoir lieu à tout moment.
Saeedpour a cependant été immédiatement exécuté, car le régime voulait intimider les prisonniers de la prison de Saqqez, où Shayan a participé à une rébellion et s’est brièvement échappé. Amnesty International estime qu’à tout moment, le régime compte plus de 90 de ces personnes dans le couloir de la mort. On sait que quatre mineurs délinquants ont été exécutés publiquement au cours de l’année 2019, mais le régime iranien est notoirement secret concernant certaines procédures judiciaires et sanctions.
Ce caractère secret entraîne une certaine incertitude quant au nombre total de détenus, toutes catégories confondues, exécutés chaque année. L’organisation Iran Human Rights estime qu’il y a eu 280 exécutions en 2019, dont une partie seulement a été publiquement reconnue par les autorités du régime.
La réaction publique qui en résulte peut inspirer à un comportement secret supplémentaire de la part de criminels comme Hassan Rohani qui essaient de rétablir la réputation du régime sur la scène internationale. En d’autres termes, ils ne sont pas contre les exécutions, mais ils essaient de les dissimuler afin de faciliter le travail des apologistes du régime et de ceux qui sont pour une politique de complaisance face au régime des mollahs.
Afin d’intimider les Iraniens, Ebrahim Ra’issi a été nommé à la tête du pouvoir judiciaire par le dictateur Ali Khamenei.
Cette décision a été largement condamnée par les défenseurs des droits de l’homme et les militants politiques iraniens, en raison de la longue histoire de Ra’issi de violations présumées des droits de l’homme. Il est entre autres considéré comme l’un des principaux auteurs d’un massacre de prisonniers politiques iraniens en 1988, qui étaient pour la plupart membres et sympathisants de l’Organisation des Moudjahidine du peuple d’Iran (OMPI, Moudjahidin-e Khalq ou MEK). On estime que ces exécutions massives ont fait 30 000 morts, et dans les décennies qui ont suivi, Ra’issi a défendu ce massacre et a demandé encore plus de peines corporelles et capitales de la part des juges iraniens.
Compte tenu de cette histoire, la nomination de Ra’issi et son comportement ultérieur ont été identifiés comme des signes d’un rejet assumé des normes relatives aux droits de l’homme. Ce message a été souligné par une série de répressions violentes contre la dissidence, notamment la réaction du régime aux manifestations à l’échelle nationale en novembre 2019, qui a entraîné, selon l’OMPI, la mort d’environ 1 500 manifestants. Des milliers d’autres ont été arrêtés et nombre d’entre eux ont été condamnés à de longues peines pour leurs activités pacifiques. Le régime a également arrêté plus de 12 000 manifestants. Ils sont toujours détenus au milieu de l’épidémie de coronavirus dans les prisons .
La condamnation à la peine de mort est un signe de ce virement brutal et la crise est amplifiée par les effets de l’épidémie de coronavirus en Iran, qui est, selon certains témoignages, la pire au monde. Selon l’OMPI, près de 35 000 personnes ont jusqu’à présent perdu la vie à cause du coronavirus.
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