Mardi, l’Association des correspondants accrédités des Nations Unies (ACANU) a organisé un webinaire pour discuter de la situation dans les prisons iraniennes, et en particulier dans les quartiers abritant des prisonniers politiques, pendant la pandémie de coronavirus en cours. L’événement a mis en évidence une dissimulation générale concernant les épidémies et les conditions dans ces installations, ainsi que des dissimulations spécifiques et récentes d’émeutes organisées par plusieurs groupes de prisonniers qui sont préoccupés par la menace posée par le nouveau coronavirus.
Le webinaire a présenté un ancien prisonnier politique iranien qui a réussi à s’échapper du pays alors qu’il était en liberté sous caution l’année dernière. L’homme de 31 ans était détenu à l’isolement depuis des mois en raison de l’affichage public d’une image de la présidente élue de l’opposition iranienne Maryam Radjavi. Pendant ce temps, il a observé des conditions qui ont clairement ouvert la voie à une propagation rapide d’une maladie aussi virulente que Covid-19.
Le récit de l’ancien détenu sur les cellules insalubres, le surpeuplement grave, le refus de soins médicaux et le manque de savon pour les mains et de produits de nettoyage a été corroboré par un certain nombre de rapports récents concernant les prisons dans lesquelles des émeutes liées au coronavirus ont eu lieu. Le webinaire a noté que la propagation des maladies infectieuses était déjà courante dans ces établissements avant le début de la pandémie mondiale. Cela jette naturellement un doute extrême sur les premiers efforts du régime iranien pour nier qu’aucune éclosion de Covid-19 n’ait été observée dans le système pénitentiaire.
Ces fausses déclarations ont certainement persisté même après que le pouvoir judiciaire iranien a annoncé ses premiers plans de mise en congé des prisonniers afin de se prémunir contre les flambées et de répondre aux préoccupations des défenseurs des droits humains. Les autorités affirment maintenant avoir libéré environ 100 000 personnes d’une population carcérale qui se chiffrerait à environ 240 000 personnes. Mais des militants affiliés au Conseil national de la Résistance iranienne (CNRI) et à un certain nombre d’organisations de défense des droits humains ont remis en question ces allégations. La question est de savoir pourquoi un régime, connu pour son oppression, n’avait pas de tiers témoin indépendant de cette évolution importante ? En d’autres termes, il s’agit là d’une autre fausse revendication du régime des mollahs.
Certains ont même allégué que le régime iranien utilise la situation actuelle pour perpétuer la disparition forcée de certains prisonniers, en particulier des prisonniers politiques. Le CNRI reconnaît que certains détenus de haut niveau ont été libérés, mais il a allégué que ces exemples faisaient simplement partie d’une campagne de relations publiques visant à détourner l’attention des conditions auxquelles sont encore confrontés tant d’autres.
Cette conclusion est sans doute étayée par les émeutes récentes, qui ont eu lieu dans au moins huit prisons iraniennes et ont fait pas moins de 36 morts. Ce nombre a été confirmé par Amnesty International, mais certains rapports provenant des zones locales de ces prisons suggèrent que le véritable nombre de morts pourrait être beaucoup plus élevé. Le CNRI rapporte que les autorités du régime ont tiré à balles réelles sur des détenus qui tentaient de s’échapper dans au moins six des huit endroits.
Un participant connu aux émeutes de la prison de Mahabad, Danial Zeinolabdin, a été torturé à mort après avoir été transféré dans un autre établissement. Cela suit potentiellement un schéma que les détenus du pénitencier du Grand Téhéran ont mis en garde dans une lettre annonçant une grève de la faim organisée le mois dernier. Les participants à cette manifestation ont noté qu’ils avaient vu des codétenus être transférés brusquement et sans explication, ce qui posait des questions non résolues sur leur sort.
Il serait facile pour les autorités du régime de prétendre que les sujets de tels transferts brusques ont été libérés en congé en attendant la fin de la pandémie de coronavirus. Mais en l’absence de suivi international de la situation dans ces prisons, il est extrêmement difficile de confirmer que le nombre réel de dispositions en matière de congé est proche des 100 000 réclamés par le pouvoir judiciaire du régime.
Ce manque de surveillance laisse également Téhéran peu incité à combler le manque de produits de première nécessité pour tout pourcentage de la population carcérale qui reste incarcéré tout au long de la pandémie. Iran Human Rights Monitor a souligné lundi cette privation, notant qu’à la prison de Ghezelhesar, par exemple, les détenus n’ont même pas accès à l’eau courante pendant quatre heures par jour. Le même rapport a confirmé que ces conditions persistent même si les prisonniers meurent de façon reconnaissable de Covid-19. La semaine dernière, au moins quatre détenus de la prison centrale d’Oroumieh sont morts de la maladie après avoir été transférés à l’hôpital.
Le CNRI a décrit ces décès comme étant des crimes et non de la simple négligence. L’ancien prisonnier politique lors du webinaire de mardi a transmis des messages de détenus actuels qui ont vu des patients malades être délibérément transférés auprès des services politiques chargés de cas de guerre biologique.
Ces actions s’ajoutent à une série d’autres tactiques pour punir ou exercer des pressions sur les prisonniers d’opinion et autres détenus gênants. Et la persistance de ces mauvais traitements familiers jette un doute supplémentaire sur les allégations de libération massive de compassion faites par le pouvoir judiciaire. Iran Human Rights Monitor rapporte que la pression sur les populations carcérales a augmenté à la suite des récentes émeutes et que les familles des détenus ont été explicitement informées que les demandes de congé sont rejetées.
Pendant ce temps, de longues peines continuent d’être prononcées à l’encontre de militants pacifiques, y compris ceux qui purgent déjà des peines dans des quartiers politiques notoires. Saeed Sangar a récemment vu sa peine arbitrairement prolongée de 15 ans après avoir déjà purgé deux ans en plus de sa peine initiale de 18 ans.
Des individus comme Sangar sont rejoints par un nombre croissant de nouveaux détenus qui ont participé aux manifestations nationales de novembre dernier contre le régime des mollahs. La Human Rights Activists News Agency a mis à jour la liste de ces prisonniers politiques la semaine dernière avec plus de deux douzaines de noms supplémentaires, dont les peines vont de trois mois à onze ans, plus une peine capitale pour « coopération dans le vandalisme et l’incendie volontaire avec l’intention d’agir» contre la République islamique d’Iran. “
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