Neuf mois après le début de la présidence d’Ebrahim Raïssi en Iran, il devient évident qu’il a échoué de façon spectaculaire à tous les égards, en particulier en ce qui concerne l’économie. Aucun des médias officiels du régime, même ceux qui sont affiliés à la faction dirigeante associée au Guide Suprême du régime Ali Khamenei et à Raïssi, ne peut nier la situation économique dévastatrice en Iran.
Les gens sont aux prises avec le désespoir jour après jour. Les hauts responsables de l’administration Raïssi, incapables de nier cette dure réalité, rejettent la faute sur le précédent cabinet d’Hassan Rouhani.
Deux indicateurs principaux expliquent cette chute libre de l’économie iranienne : les liquidités et l’inflation, qui montent en flèche.
« La raison des taux d’inflation actuels est la liquidité de 144,6 milliards de dollars que nous avons reçue de l’administration précédente », a déclaré Bahador Jahromi, porte-parole du cabinet Raïssi, mardi.
Au-delà des querelles internes du régime et des jeux d’accusations, ainsi que de la tentative du cabinet Raïssi de nier toute responsabilité dans la situation catastrophique du pays, les propos de Jahromi mettent en lumière les conditions économiques désastreuses en Iran, sans solution en perspective.
Toutefois, si nous acceptons ces propos du porte-parole du cabinet Raïssi à leur valeur nominale, cela signifie que rien qu’au cours des neuf derniers mois, les liquidités en Iran ont augmenté de 22,6 milliards de dollars. Cette augmentation, comparée au volume total des liquidités en Iran en 1981, indique une multiplication par 2 400.
Selon un article publié mardi 19 avril dans le quotidien officiel Mardom Salari, les experts associés aux institutions du régime prévoient que les liquidités du pays augmenteront à un rythme régulier d’environ 40 % et « dépasseront très certainement la barre des 180 milliards de dollars… et au mieux, elles atteindront un peu moins de 200 milliards de dollars ». Cela signifie que les liquidités seront multipliées par 18 000 par rapport à 1981.
Ces chiffres ahurissants indiquent que le pays se dirige rapidement vers un effondrement économique complet et la destruction des chaînes de production, générant davantage de pauvreté et de disparité générale. Les institutions du régime elles-mêmes reconnaissent que la classe moyenne iranienne est en train de fondre rapidement et que de nombreuses familles rejoignent la population de plus en plus pauvre du pays, dont le pourcentage est actuellement estimé à au moins 60 %.
Cela signifie que la population vivant dans une pauvreté extrême et n’ayant même pas assez à manger est estimée à 30 %, soit 25,5 millions de personnes sur les 85 millions d’habitants que compte l’Iran. Cela explique également pourquoi nous voyons de plus en plus d’images sur les médias sociaux de personnes à travers le pays cherchant de la nourriture dans les poubelles. « Les gens qui cherchent de la nourriture dans les poubelles se sont répandus des grandes villes aux villages… et les poubelles de nombreuses villes ne peuvent pas subvenir au nombre croissant de personnes qui cherchent de la nourriture dans les poubelles », selon un article publié le 18 avril dans le quotidien officiel Hamdeli.
La raison d’un tel phénomène, sans précédent en Iran depuis plus de 100 ans, est la montée en flèche des prix au quotidien, notamment ceux des produits alimentaires de première nécessité. Il s’agit notamment de la viande, de la volaille, des produits laitiers, du riz et du pain, qui deviennent trop chers pour des millions de personnes dans tout l’Iran. Selon les médias du régime, le prix moyen du riz iranien a augmenté de près de 125 % au cours des 12 derniers mois, celui des œufs de 97 %, celui de divers haricots de plus de 100 % et celui des pois de 147 %.
« Ne soyez pas surpris de vous réveiller demain matin et de voir qu’un véhicule Pride coûte désormais 10 milliards de rials. Dans les marchés volatils d’aujourd’hui, tout est possible », selon un article publié le 19 avril dans le quotidien Javan, un organe lié aux Gardiens de la révolution du régime (pasdaran). « Il n’y a pas de lumière au bout de ce tunnel ».
C’est pour le moins surprenant de la part d’un journal lié aux pasdaran et ce n’est que la partie émergée de l’iceberg de la situation économique désastreuse de l’Iran sous le règne des mollahs. C’est également étonnant, car l’Iran possède les deuxièmes réserves de gaz naturel et les quatrièmes réserves de pétrole brut du monde.
Raïssi et son entourage tentent désespérément de faire porter à Rouhani la responsabilité de la situation économique catastrophique du pays. C’est un cycle qui s’est répété au cours des 43 dernières années de règne des mollahs, chaque nouveau président rejetant la responsabilité de ses échecs sur ses prédécesseurs.
Cependant, aucun responsable du régime ne peut occulter le fait que l’état actuel des choses est la preuve accablante que l’initiative de Khamenei d’installer Raïssi à la présidence de son régime a lamentablement échoué. Rappelons que dans les semaines et les mois qui ont précédé les élections de juin dernier, Khamenei n’a cessé de répéter qu’un « gouvernement jeune et Hezbollahi » pouvait s’attaquer aux problèmes du pays.
En effet, l’ampleur de cet échec va bien au-delà de ses précédents stratagèmes lorsqu’il avait organisé l’élection de Mahmoud Ahmadinejad et de Mohammad Khatami.
Cela devient d’autant plus préoccupant pour Khamenei, et son régime dans son ensemble, que le quotidien officiel « Etemad » écrivait le 12 avril : « Le cabinet Raïssi est la dernière chance pour nous tous. »
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