Parmi les exemples les plus significatifs, citons l’octroi de nouveaux pouvoirs aux forces de sécurité pour sévir contre les femmes dites « mal-voilées » dans la rue, l’interdiction pour les musiciennes de se produire en concert, le retrait des licences des coaches féminins et la répression des supportrices de football qui demandaient à entrer dans le stade.
Du gaz poivré pour les supportrices de football
Le mardi soir 29 mars 2022, de nombreuses femmes et jeunes filles de Machad se sont rendues au stade Imam Reza. Elles détenaient des billets achetés officiellement pour assister au match de football entre les équipes nationales d’Iran et du Liban. Cependant, les forces de sécurité ne leur ont pas permis d’entrer.
Les jeunes femmes ont protesté devant le stade mais ont été attaquées par les forces de sécurité qui les ont aspergées de gaz poivré.
Selon les médias officiels, environ 4 000 billets avaient été vendus à des femmes.
Dans un souci de mise en scène, la Fédération iranienne de football a vendu un nombre limité de billets pour que les femmes puissent participer au match de qualification de la Coupe du monde entre l’Iran et le Liban. Mais le jour du match, la police a empêché les femmes d’entrer.
Le régime clérical s’attendait à ce que les femmes quittent les lieux lorsqu’elles verraient les agents. Face à leur résistance, les agents les ont sauvagement attaquées au gaz poivré. Ils ont également battu les femmes pour les empêcher d’entrer dans le stade.
Le fait que les femmes se soient opposées aux agents et se soient mises à chanter en signe de protestation a poussé l’affaire sur les réseaux sociaux.
Mme Maryam Radjavi a salué le courage des femmes et des jeunes filles qui ont manifesté devant le stade de Machad. Elle a déclaré : « Interdire aux femmes l’accès au stade et les attaquer au gaz poivré montre la sauvagerie d’un régime misogyne qui a exécuté des milliers de prisonnières politiques. »
Déclarations contradictoires
Dans une interview accordée aux médias, le procureur général Mohammad Jafar Montazeri, a admis avoir vendu des billets à des femmes. Cependant, la Fédération de football a nié en bloc cette affaire dans un communiqué le 30 mars. La Fédération a annoncé : « Nous n’avons pas invité de femmes » et « les conditions dans le stade n’étaient pas adaptées à l’entrée des femmes ». Le communiqué attribue la vente des billets à de « faux vendeurs ».
De son côté, le directeur général du département des sports et de la jeunesse de la province de Khorassan-Razavi a implicitement confirmé la vente des billets. Il a déclaré qu’ « il a été décidé à la dernière minute » d’empêcher les femmes d’entrer dans le stade.
Ali-Akbar Hashemi-Javaheri a déclaré : « Dans ce genre de compétitions, le nombre de spectateurs et d’autres questions reçoivent des instructions de Téhéran. Nous n’avons fait qu’appliquer les décisions qui ont été prises à Téhéran. La décision (d’interdire les femmes) a été prise à la dernière minute. » (Site Asriran.com, 30 mars 2022)
Mohsen Davari, le gouverneur de Machad, a également déclaré que la décision d’empêcher les femmes d’entrer dans le stade était « une décision nationale, pas locale. »
En réponse à une question sur le gaz poivré, le ministre de l’Intérieur des mollahs, Ahmad Vahidi, a déclaré : « Il y a eu un cas de gaz poivré, mais on ne sait pas qui l’a fait. »
Craignant les conséquences de la répression et dans le but de tromper l’opinion publique, Vahidi a promis d’enquêter sur la question. (News Network TV, 31 mars 2022)
Les Iraniennes et les Iraniens, en général, n’ont pas fondé d’espoir sur les enquêtes dans cette affaire. Comme dans le cas des attaques à l’acide contre des femmes, ils savent que les auteurs et les cerveaux de ce crime ne seront ni annoncés ni poursuivis.
Peur de se rassembler
La politique du régime iranien consiste à autoriser la vente de billets aux femmes pour faire croire qu’il respecte les protocoles et tromper la FIFA. Mais dans la pratique, il empêche les femmes d’entrer dans le stade.
Il y a deux ans, le 10 octobre 2019, lors du match Iran-Cambodge, le régime iranien a autorisé un nombre symbolique de femmes triées sur le volet à entrer dans le stade, sous la pression de la Fédération mondiale de football et à des fins de propagande. Cette mesure n’a fait que suivre l’auto-immolation et la mort de Sahar Khodayari, surnommée la fille en bleu, en septembre 2019.
Sahar Khodayari, que la police avait arrêtée pour avoir tenté de pénétrer dans le stade et condamnée à six mois de prison, s’est immolée par le feu en signe de protestation.
Le 12 octobre 2021, un match de football entre les équipes d’Iran et de Corée du Nord s’est déroulé sans aucun spectateur au stade Azadi. Pour empêcher l’entrée des femmes, le régime a interdit tous les spectateurs en utilisant l’excuse de la pandémie de coronavirus.
Terrifié par l’opposition des femmes à son régime honteux, le régime clérical empêche tout rassemblement de femmes qui ne soit pas sous le contrôle total de ses forces répressives.
Un autre exemple de la sauvagerie misogyne du régime
Le régime clérical s’inquiète du rôle croissant des femmes dans la société. Le régime voit sa négation et sa destruction dans la présence et la participation des femmes dans les luttes sociales et les unités de résistance. Les Iraniennes, au même titre que les hommes, ont participé à toutes les manifestations et à tous les soulèvements de grande ampleur et ont joué un rôle de premier plan dans de nombreux cas. C’est pourquoi le pouvoir renforce systématiquement et continuellement les mesures répressives contre les femmes.
Ebrahim Raïssi, le président criminel du régime, n’a laissé aucun doute sur le fait que la répression des femmes à Machad faisait partie de la politique officielle. « Il n’y avait aucune contradiction dans la prise de décision à Machad », a-t-il déclaré. « Les différents organes ne doivent pas agir selon leurs goûts ; ils doivent suivre la politique officielle. » (Entekhab.ir, 1er avril 2022)
Le scandale de Machad s’inscrit dans la continuité de la discrimination contre les femmes, une politique que le régime misogyne des mollahs mène de diverses manières depuis des décennies.
La commission des femmes du Conseil national de la Résistance iranienne (CNRI) a fermement condamné cette interdiction de stade pour les femmes d’entrer et l’agression au gaz poivré.
La Commission des femmes du CNRI a déclaré : « Il s’agit d’une nouvelle manifestation de la brutalité de la tyrannie médiévale et misogyne, qui considère les femmes comme des citoyens de seconde zone, les prive de leurs droits politiques, sociaux et économiques fondamentaux et a torturé ou exécuté des dizaines de milliers de prisonnières politiques. »
La Commission des femmes du CNRI a exhorté le Secrétaire général des Nations Unies, le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies, la Haute-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’Homme, les organes compétents des Nations Unies, ainsi que les autres défenseures des droits des femmes, à condamner les actions répressives du régime clérical à l’encontre des femmes et les empêchant de participer à des activités sportives.
Elle a appelé la Fédération internationale de football (FIFA) et les autres autorités sportives à sanctionner le régime iranien pour son apartheid sexuel et à le bannir des compétitions internationales.
Le sénateur Bob Menendez, président de la commission des affaires étrangères du Sénat américain, a twitté le 31 mars : « L’attaque de l’Iran contre des femmes qui protestaient pacifiquement contre l’interdiction de stade discriminatoire est répréhensible. La @FIFAcom doit enquêter sur la Fédération iranienne de football et la tenir pour responsable de sa tentative violente d’interdire aux femmes d’assister aux matches sponsorisés par la FIFA. »
Le 31 mars, le Washington Examiner a également écrit : « (L’Iran) doit être déchu de son droit d’assister à la Coupe du monde de football de 2022 au Qatar. Rejetant de manière flagrante les exigences contraires de la FIFA, l’Iran a empêché les supporters féminins détenteurs de billets d’assister à son match de qualification pour la Coupe du monde contre le Liban mardi. L’Iran a remporté ce match 2-0, s’assurant ainsi une place à la Coupe du monde en novembre. Mais les scènes qui se sont déroulées à Téhéran témoignent de l’immoralité intrinsèque du régime de l’ayatollah Ali Khamenei. »
Répression des femmes en hausse
Le régime iranien n’a cessé d’accroître sa répression des femmes au cours du mois dernier.
Lors d’une visite au Kurdistan, le commandant adjoint de la police, Qassem Reza’i, a déclaré que le dernier plan du régime iranien visant à imposer le hijab obligatoire aux femmes avait pour but de « sévir contre les femmes mal voilées sur la scène. »
« Nous devons avertir celles qui enlèvent leur voile (…) mais si certaines personnes défient la police, nos agents devront sévir », a déclaré le chef de la police, Hossein Ashtari, lors d’une conférence de presse. (Site Entekhab.ir, 28 mars 2022)
Ce qui est remarquable dans ces déclarations, c’est le « pouvoir légal » des forces de police de sévir contre des délinquants « sur place ». Cela signifie en termes juridiques, d’appliquer une sentence. En même temps, nul ne sait quelle autorité judiciaire rend la décision.
Or selon les lois des mollahs, la police n’a qu’un pouvoir exécutoire. Elle n’a pas le pouvoir de juger ni de rendre des verdicts.
Autre mesure discriminatoire, les cartes de deux coaches de fitness de saut ont été suspendues.
Sur ordre du directeur général du département des sports et de la jeunesse de la province du Khouzistan, Assieh Denyari et Ameneh Kaabi ont été suspendues de leurs fonctions de coach en raison de la diffusion d’une vidéo montrant des femmes pratiquant le fitness par le saut sur la côte de Mahchahr. (Le site d’État Aftabnews.ir, 30 mars 2022)
Par ailleurs, le concert d’un groupe de jeunes interprètes dans la province de Yazd a été annulé en raison de la présence de femmes.
Hamid Aramzadeh, 18 ans, un chanteur traditionnel, a expliqué au public une heure seulement avant le début de son spectacle, que la représentation avait été annulée à cause de la présence de trois femmes parmi les musiciens de son groupe. (Site Sharq, 30 mars 2022)
Un clip vidéo publié le 29 mars montre Aramzadeh, des sanglots dans la voix, face à cette injustice.
Selon les lois du régime clérical, les femmes ne sont pas autorisées à chanter en solo ou à jouer dans des concerts publics.
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