Hubert Védrine, président de l’Institut François-Mitterrand, était épaulée par deux autres anciens ministres des Affaires étrangères, Michèle Alliot-Marie et Bernard Kouchner et plusieurs élues français, alors que la majorité des députés (295) de l’Assemblée nationale et des dizaines de sénateurs ont récemment signé une déclaration de soutien au combat du peuple Iranien et l’alternative démocratique du CNRI et le plan en dix point de Maryam Radjavi pour l’Iran libre de demain.
Dans son intervention, Hubert Védrine a déclaré :
J’ai accepté l’invitation pour trois raisons. D’abord un intérêt personnel, ancien et réel pour l’Iran, son histoire, sa culture. Le pays que j’ai vu plusieurs fois à titre personnel, une fois en tant que ministre pour voir le président Khatami, pour voir s’il avait une marge de manœuvre ou pas. Il n’avait pas de marge de manœuvre. La troisième raison : une véritable admiration pour le courage des Iraniens, notamment les femmes, surtout depuis l’assassinat de Mahsa Amini. C’est vraiment impressionnant et ça donne confiance
L’analyse de la situation de ce pays, qui était très bien expliqué par les intervenant, me donne le sentiment, et c’est ma troisième raison, c’est que tout devient possible en Iran. C’est pourquoi j’ai saisi l’occasion de venir vous dire, Madame, par rapport à votre énorme et fantastique mouvement, que vous avez maintenant une très très grande responsabilité. Vous n’êtes pas simplement un mouvement courageux qui combat historiquement la dictature et tout ce que ça représente. Vous ne représentez peut-être pas toute l’avenir de l’Iran, mais une grande partie de l’avenir de l’Iran.
Ça donne une responsabilité nouvelle, énorme, qui devient crédible. Et on n’est plus dans la simple dénonciation de toutes les horreurs de la dictature. Alors j’essaierais de poser les questions que je sais très compliqués – et je ne vais pas me mêler de la politique intérieur iranienne, ni maintenant ni demain.
Mais il est évident, si les opposants au régime iranien étaient unis, ça serait beaucoup plus puissant, mais je ne vais pas plus loin. Le droit d’amitié se cache derrière cette remarque. Une remarque d’efficacité politique simplement.
Deuxièmement, on va énormément attendre de vous, des indications sur comment vous concevez le changement. Vous l’avez dit un peu tout à l’heure. Mais, évidemment, ça ne va pas suffire. Et plus le changement va devenir crédible, plus on va vous demander, à d’autres peut-être, mais surtout à vous, comment vous imaginer la suite. Est-ce qu’il est possible qu’il y ait un changement sans tragédie, ou avec le moins de tragédie possible ? donc ces questions vont venir vers vous de plus en plus, on vous demandera de plus en plus qu’elle est la démocratie que vous imaginez demain pour l’Iran ?
Le vice-président Pence a dit tout à l’heure, et je suis d’accord, le peuple iranien ne voudra pas d’un autre dictateur. Ce qui nous ramène à la démocratie. Mais quelle démocratie ? vous avez répondu déjà, en partie. Vous vous êtes déjà avancé sur ce terrain très compliqué, vous avez dit des choses… Mon pronostique c’est que ces questions vont devenir pressantes.
Comment vous concevez le changement, comment vous concevez la démocratie après ? comment vous allez gérer la transition ? quel sera le rôle de la justice et de la politique ? Est-ce que les choses seront cotées par le justice ou par une Assemblée constituante, ou par une autre processus ?
Je ne sais pas quelle sera votre réponse, ce n’ai pas à moi ancien ministre français passionné par l’Iran de répondre, ce n’ai pas mon rôle, mais je sais que ça vas venir vers vous. Et vous avez une responsabilité historique d’y répondre par la suite. Et très vite on vous demandera, mais quel sera l’Iran de demain ?
J’ai évoqué des questions intérieurs historique et politique concernant l’Iran ; mais on vous demandera qu’est que vous ferez après, et il y évidement la question nucléaire que je n’y reviendrais pas ; et la question du voisinage, l’évolution récente entre l’Iran et l’Arabie, par exemple, sous l’impulsion chinoise, qui est un élément tout à fait nouveau dans la région. Je ne vais pas énumérer.
Dès lors qu’on se dira qu’il y a un changement en vue – on ne sait pas quand- quel sera le positionnement future de cet Iran Nouveau que nous appelons de tous nos vœux, tous ici. Par rapport aux voisin et aux grand interlocuteurs mondiaux. Ce sont des questions qu’on ne pose pas d’habitude à une opposition qui est engagé dans le combat, simplement le combat de la résistance à la répression, le combat à la dictature, l’appel à la démocratie, c’est le socle ça. Mais je sens qu’on va passer à l’étape suivant.
Je voudrais être le porte-parole ici, par anticipation, de tous ceux qui vont s’intéresser de plus en plus à votre parcours historique et à votre rôle demain, et qui vous poserons ce genres de questions. Et les réponses vont déterminer le processus, plus ou moins rapide, plus ou moins crédible, plus ou moins métrisé, pour aboutir à l’Iran de demain, que nous espérons connaitre très très bientôt.
Bon courage madame.
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