La plainte demande au procureur fédéral suisse Andreas Muller d’assurer l’arrestation et la poursuite du président iranien Ebrahim Raïssi « pour sa participation à des actes de génocide, de torture, d’exécutions extrajudiciaires et d’autres crimes contre l’humanité ».
Raïssi devait participer au Forum mondial des Nations unies sur les réfugiés, qui débute mercredi à Genève, mais l’ONU a indiqué lundi soir que le ministre des affaires étrangères, Hossein Amirabdollahian, conduirait la délégation iranienne, ce qui laisse présager que Raïssi pourrait ne pas se présenter.
La plainte déposée contre lui, dont l’AFP a eu connaissance, est datée de lundi. Le bureau du procureur n’a pas immédiatement confirmé qu’il l’avait reçue.
La plainte a été déposée par trois victimes présumées de la répression des dissidents en Iran dans les années 1980.
Les groupes de défense des droits de l’homme font depuis longtemps campagne pour que justice soit rendue sur les exécutions extrajudiciaires présumées de milliers de personnes, principalement des jeunes, dans les prisons iraniennes en l’espace de quelques mois au cours de l’été 1988, juste au moment où la guerre avec l’Irak s’achevait.
Les personnes tuées étaient principalement des partisans de l’Organisation des moudjahidines du peuple iranien, connue sous les abréviations, OMPI, un groupe considéré comme une organisation terroriste par l’Iran et qui a soutenu Bagdad pendant le conflit.
Les pétitionnaires à l’origine de la plainte déposée lundi ont déclaré qu’ils pouvaient identifier personnellement le président iranien comme faisant partie d’une commission qui a envoyé à la mort des milliers d’opposants emprisonnés au cours de la répression.
Il occupait le poste de procureur général adjoint de Téhéran à l’époque et était l’un des membres les plus empressés de sa commission à condamner des prisonniers à mort, selon la plainte.
Le principal requérant, Reza Shemiriani, a été arrêté en 1981 et fait partie des moins de 150 des 5 000 prisonniers détenus dans son bloc cellulaire qui ont survécu à la purge de 1988, selon la plainte.
Le président iranien Raïssi lui avait demandé à quel groupe il appartenait, et lorsqu’il avait répondu MEK, « sa condamnation à mort était assurée », selon la plainte, qui ajoute que Shemiriani ne sait toujours pas pourquoi sa vie a été épargnée.
Au lieu de cela, il est resté en prison jusqu’en 1991, subissant des tortures quotidiennes, selon la plainte.
Les deux autres pétitionnaires avaient également séjourné dans des prisons iraniennes en 1988 et ont déclaré avoir reconnu Raïssi « comme un membre de la commission de la mort », selon la plainte.
Campagne internationale
Parallèlement à la plainte, une campagne internationale a été lancée pour exprimer l’indignation suscitée par la participation du président iranien au forum des Nations unies sur les réfugiés et pour demander instamment qu’il soit poursuivi pour sa « participation à des crimes passés et présents relevant du droit international ».
« Raïssi est l’un des principaux responsables du massacre de milliers de prisonniers politiques en 1988. Sa présence au forum des Nations unies est en contradiction avec les valeurs fondamentales que défendent les Nations unies », indique la pétition.
Jusqu’à présent, la pétition a recueilli plus de 200 signatures de personnalités telles que des lauréats du prix Nobel, des juges, d’anciens ministres, des parlementaires, des universitaires et des experts des droits de l’homme des Nations unies.
« Nous croyons fermement que les Nations Unies, en tant que bastion des droits de l’homme et de la justice, ne devraient pas compromettre leur réputation en invitant une personne accusée de graves violations des droits de l’homme », indique la pétition, qui exhorte les Nations Unies à « annuler rapidement leur invitation à Raïssi ».
Interrogé sur la pétition, le HCR, l’agence des Nations Unies pour les réfugiés, a déclaré à l’AFP que « l’Iran est un Etat membre des Nations Unies et est donc invité au Forum mondial sur les réfugiés ».
« L’Iran est également l’un des plus grands pays d’accueil de réfugiés depuis plus de 40 ans », a déclaré un porte-parole dans un courriel, ajoutant que « la délégation iranienne sera dirigée par le ministre des Affaires étrangères ».
Source : VOA/ CSDHI : https://csdhi.org/actualites/repression/42863-la-suisse-depose-une-plainte-pour-crimes-contre-lhumanite-contre-le-president-iranien/
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