Malgré des décennies de tentatives du régime d’imposer des valeurs réactionnaires et de supprimer la pensée indépendante, la jeunesse iranienne continue d’incarner l’esprit de dissidence et la poursuite de la liberté. Leur courage est devenu une force puissante contre le système même qui cherchait à les réduire au silence.
Cette tension latente a atteint un point d’ébullition le lundi 21 avril, lorsque la publication d’un protocole d’accord controversé entre le commandement de la police de la République islamique d’Iran (Faraja) et le ministère de l’éducation a été rendue publique. Cet accord a suscité l’indignation et l’inquiétude de la société civile iranienne, en particulier des éducateurs, des défenseurs des droits de l’enfant et des experts juridiques.
Selon les termes du mémorandum, des projets tels que les « enseignants assistants de police » et le stationnement d’agents des forces de l’ordre dans un rayon de 500 mètres autour des écoles doivent être mis en œuvre. Officiellement, l’objectif est de « prévenir les dommages sociaux », « d’établir l’ordre et la discipline » et « d’enseigner un comportement respectueux de la loi » aux élèves.
Cependant, les critiques affirment que le mémorandum marque un dangereux empiétement des forces de sécurité dans la sphère éducative. Les professionnels de l’éducation et les défenseurs des droits de l’homme avertissent que de telles actions sont en contradiction avec les normes juridiques internationales et nationales, en particulier celles concernant les droits et la sécurité psychologique des enfants.
Les experts ont condamné cette mesure comme une violation flagrante du principe de séparation entre les institutions de la société civile, affirmant que l’éducation devrait être dirigée par des professionnels qualifiés, et non par l’appareil de sécurité. Ils avertissent que la présence de la police dans les écoles transforme ce qui devrait être un environnement nourricier en un espace de peur et d’intimidation, érodant le sentiment de sécurité des élèves et nuisant à leur développement.
L’Iran est signataire de la Convention des Nations unies relative aux droits de l’enfant, qui stipule que toutes les politiques concernant les enfants doivent donner la priorité à « l’intérêt supérieur de l’enfant ». Un environnement éducatif sûr et exempt de menaces est la pierre angulaire de ce principe. Le déploiement de la police dans les écoles, selon les critiques, est fondamentalement incompatible avec cet engagement.
Plutôt que de recourir à des mesures de sécurité, les observateurs insistent sur le fait que les efforts visant à lutter contre les préjudices sociaux dans les écoles devraient se concentrer sur des solutions constructives et éducatives, telles que le renforcement de la présence de conseillers scolaires et de psychologues scolaires, et l’extension des programmes de préparation à la vie active. Selon eux, ces approches sont bien plus efficaces pour responsabiliser les élèves et réduire leur vulnérabilité qu’un environnement scolaire militarisé.
Dans une déclaration commune, les militants des droits de l’enfant et les éducateurs iraniens ont souligné les risques de traumatisme psychologique, l’atteinte à la dignité humaine des élèves et la violation des normes juridiques constitutionnelles et internationales. Ils soulignent que le ministre de l’éducation n’a pas l’autorité légale pour autoriser un tel mémorandum, qu’ils décrivent comme une « catastrophe éducative et juridique » visant à contrôler idéologiquement les enfants et les adolescents.
La réaction de la communauté éducative a été rapide et sans équivoque. Le Conseil de coordination des syndicats d’enseignants iraniens a publié une déclaration ferme :
« Le ministère de l’éducation n’est pas la propriété personnelle du ministre ni un terrain de parade pour les forces militaires. L’entrée des forces de l’ordre dans l’enceinte sécurisée des écoles est un acte illégal et oppressif qui viole les droits des enseignants et des élèves ».
Le syndicat des enseignants de la province de Fars a qualifié l’accord de « ridicule et honteux », écrivant dans une lettre ouverte :
« Monsieur le soldat ! Si vous êtes un soldat, quittez l’enseignement et retournez à votre poste principal. Les enseignants ne sont les soldats de personne. Ils sont des éducateurs. Leur devoir est d’enseigner, pas d’obéir à des ordres ».
La controverse n’a pas seulement déclenché une nouvelle vague de résistance civile et syndicale, elle a également relancé le débat plus large sur l’indépendance des institutions éducatives iraniennes. Au fond, il s’agit de l’âme de l’éducation en Iran : Les écoles doivent-elles être des espaces de croissance, d’apprentissage et de développement personnel ou des outils de contrôle idéologique et de répression ?
Alors que les appels à l’abrogation immédiate du mémorandum se multiplient, un message des éducateurs et des militants résonne clairement : le caractère sacré de l’école doit être préservé. L’éducation doit retrouver sa mission humaine, culturelle et intellectuelle, à l’abri de l’ombre des forces de sécurité.


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