vendredi 4 novembre 2022

L’Iran déclare vouloir enquêter sur une vidéo montrant des violences policières

– L’Iran a ordonné mercredi l’ouverture d’une enquête sur des vidéos et des images de violences policières commises par les forces gouvernementales de la République islamique d’Iran contre des manifestants iraniens.

Dans l’une de ces vidéos de violences policières, on voit plusieurs agents du gouvernement frapper sévèrement un homme. Puis l’un des agents écrase l’homme avec une moto et un autre agent lui tire dessus à bout portant. L’authenticité de ces images, comme de nombreuses autres vidéos diffusées lors des manifestations actuelles en Iran, ne peut être vérifiée de manière indépendante.

La vidéo est apparue sur les médias sociaux tard mardi et provient prétendument de Téhéran.

« Cette vidéo choquante envoyée de Téhéran aujourd’hui est un autre rappel horrible que la cruauté des forces de sécurité iraniennes ne connaît aucune limite. Dans un contexte de crise de l’impunité, elles ont le champ libre pour frapper et abattre brutalement les manifestants », a déclaré Amnesty International sur Twitter.

L’organisation a ajouté que le Conseil des droits de l’homme des Nations unies devait immédiatement enquêter.

La police iranienne a publié une déclaration indiquant qu’une enquête sur l’incident avait été ordonnée.

« La police n’approuve absolument pas les violences policières et les comportements brutaux et non conventionnels. Elle traitera les contrevenants selon les règles en vigueur », indique le communiqué publié par l’agence de presse officielle IRNA.

Les troubles ont commencé en protestation contre le meurtre, à la mi-septembre, de Mahsa Amini, 22 ans, alors qu’elle était détenue par la police des mœurs, en raison d’une tenue vestimentaire inappropriée, et se poursuivent depuis sept semaines.

Les habitants de tout le pays en ont fait l’un des plus grands défis lancés au gouvernement depuis la victoire de la révolution islamique en 1979, en participant à des manifestations contre le régime et en scandant le slogan « Mort au Guide suprême, l’ayatollah Ali] Khamenei ».

Les dirigeants iraniens imputent la crise aux États-Unis et à d’autres puissances occidentales, un discours que la plupart des Iraniens ne croient pas.

Khamenei, qui a rarement commenté les manifestations, a accusé, dans un discours devant des écoliers, les États-Unis d’établir « un plan pour Téhéran et les grandes et petites villes du pays ». Il a qualifié les responsables américains qui soutiennent les manifestations d’ « indécents ».

Selon un bilan actualisé publié mercredi par le groupe Iran Human Rights, basé en Norvège, 176 personnes ont été tuées lors de la répression des manifestations déclenchées par la mort d’Amini.

101 autres personnes ont perdu la vie à Zahedan, dans la province du Sistan-Baloutchistan (sud-est).

Selon les militants des droits de l’homme, des milliers de personnes ont été arrêtées dans tout le pays, tandis que le système judiciaire iranien a déclaré que 1 000 personnes avaient déjà été inculpées pour avoir participé à des « émeutes », selon la qualification officielle.

Malgré les décès, les arrestations et un avertissement ferme du commandant des pasdarans, les manifestants en Iran continuent de risquer leur vie et de protester dans les rues malgré les violences policières.

Le défi lancé au régime est aggravé par la coutume iranienne de marquer les 40 jours qui se sont écoulés depuis la mort d’une personne, transformant chaque cérémonie de deuil pour les dizaines de personnes tuées lors de la répression, en un point de tension potentielle.

« Les funérailles et les cérémonies de commémoration des 40 jours pour les manifestants tués sont de plus en plus souvent à l’origine de nouveaux troubles et de violences policières », a déclaré Kita Fitzpatrick, analyste de l’Iran au Critical Threats Project de l’American Enterprise Institute.

« Cela place le régime dans une impasse : il court le risque de soutenir par inadvertance le mouvement de protestation en tentant de le réprimer violemment. »

Certaines informations de ce rapport proviennent de l’Agence France-Presse.

Source : VOA/CSDHI 


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