mardi 25 mai 2021

Confessions forcées en Iran : des centaines de prisonniers politiques torturés

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CSDHI – La torture et les traitements inhumains infligés aux prisonniers politiques pour  sont une pratique courante dans les prisons iraniennes. Les autorités iraniennes les soumettent à une forte pression psychologique. Puis elles les utilisent pour leur arracher des confessions contre eux-mêmes.

Ils causent des dommages psychologiques et physiques irréversibles à leur santé.

Les tactiques inhumaines des mollahs en violation des normes internationales

Les interrogatoires prolongés, l’intimidation, le harcèlement sexuel, les coups portés aux détenus pendant les interrogatoires, l’isolement prolongé et la privation d’accès aux soins médicaux sont quelques-unes des tactiques employées par les interrogateurs du régime pour faire avouer à leurs victimes ce qu’elles n’ont pas fait.

Ces tactiques violent de manière flagrante les normes internationales en matière de procédure régulière. Elles contreviennent même à la lettre des lois et règlements iraniens qui interdisent de telles pratiques.

Dans de nombreux cas, la justice condamne des prisonniers à de longues peines de prison, voire à la mort, sur la base d’aveux extorqués sous la torture.

Les prisonniers refusant d’avouer sont doublement torturés

Les prisonniers qui refusent de faire des aveux sont doublement torturés. On les transfère alors dans des quartiers surpeuplés à côté de prisonniers dangereux. Ou les autorités ne leur donnent pas accès aux soins médicaux.

Les dimensions réelles des pressions et des tortures exercées sur les détenus par les pasdarans et le ministère du renseignement restent encore largement mal connues.

Dans le passé et aujourd’hui, la justice iranienne a explicitement reconnu l’imposition de peines fondées sur des « aveux sous la torture. » C’est une procédure judiciaire et officielle des différents services du renseignement du pays. Les conséquences de ces procédures n’ont jamais préoccupé les agences de sécurité.

Dans un exemple de condamnation basée sur des aveux forcés en Iran, les autorités ont utilisé les confessions forcées du prisonnier politique et manifestant Navid Afkari. Elles les ont extraites sous la torture, pour l’incriminer devant le tribunal. Les mollahs l’ont pendu, le 12 septembre 2020.

Ces dernières années, la télévision officielle iranienne a diffusé les confessions forcées présumées d’au moins 355 personnes en Iran au cours de la dernière décennie. C’est une méthode courante pour réprimer la dissidence. Elle permet aussi d’effrayer les activistes en République islamique au nom des services de sécurité. C’est ce qu’a révélé une étude publiée en juin 2020 par Justice for Iran (JFI) et la Fédération internationale des droits humains.

Iran HRM a documenté les cas de plusieurs détenus torturés pour leur extorquer des aveux.

Vahid et Habib Afkari

Neuf mois après l’exécution du lutteur Navid Afkari, âgé de 27 ans, l’état de ses frères, Vahid et Habib Afkari, suscitent des inquiétudes. Les forces du régime les ont arrêtés lors des manifestations de 2018 dans la ville de Chiraz (sud-ouest). On les a maintenus en isolement prolongé dans la prison d’Adelabad. Là, les agents iraniens les ont torturés et menacés d’exécution.

Les tortures et autres tactiques d’intimidation imposées aux frères pour les forcer à « avouer » ont été si intenses que Vahid Afkari aurait fait deux tentatives de suicide.

Récemment, on a révélé que deux hauts responsables parlant au nom du chef du pouvoir judiciaire Ebrahim Raisi ont offert aux frères Afkari la liberté après un an de prison. La condition, ils doivent reconnaître avoir commis un meurtre, sous peine d’exécution.

Les membres de la famille de Vahid et Habib Afkari ont déclaré que les frères ont subi diverses formes de torture psychologique. Les autorités les ont empêchés d’avoir des contacts avec leurs proches lors des visites. Les autorités pénitentiaires ont également rejeté les demandes d’informations de la famille sur l’état de santé des frères.

Entre-temps, les autorités ont refusé de donner aux avocats des frères l’accès à leur dossier. Cela a accru la pression exercée sur les frères pour obtenir des aveux forcés.

Le fait de passer environ neuf mois à l’isolement, le refus d’accès aux soins médicaux, les restrictions sévères imposées aux visites de la famille et la pression continue exercée sur les frères Afkari par des menaces de mort de la part des autorités judiciaires sont des exemples manifestes de torture.

Ali Younesi et Amirhossein Moradi

Un an a passé depuis l’arrestation et les tortures infligées aux étudiants, Ali Younesi et Amirhossein Moradi. Aujourd’hui, ils sont toujours détenus dans le quartier 209 de la prison d’Evine à Téhéran, contrôlée par le ministère. Ils n’ont pas accès à des avocats et à leurs proches.

Un ancien compagnon de cellule d’Ali Younesi a révélé en avril que les interrogateurs ont exercé de fortes pressions. Ils l’ont torturé pour le forcer à avouer.

Mojtaba Hosseini a passé neuf mois avec Younesi. Il a déclaré en avril : « Physiquement, il n’allait pas bien du tout. Lorsqu’il m’a parlé de toutes les tortures psychologiques et physiques, j’ai compris ce que le jeune homme avait enduré pendant ces 100 jours de détention. »

Des agents du ministère du Renseignement ont arrêté Hosseini, car il avait publié des tweets humoristiques critiquant le gouvernement. Il a dit avoir vu qu’un des yeux d’Ali était très enflé. Ce pour quoi le médecin de la prison avait prescrit des antibiotiques.

Les interrogateurs avaient menacé Ali Younesi de l’ « exécuter » à la prison d’Evine s’il n’acceptait pas les accusations des interrogateurs.

Ali Younesi enfermé en isolement pendant 2 mois

Au cours de sa détention initiale, Ali Younesi a passé 60 jours en isolement dans une petite cellule. Il n’y avait qu’un seul plafonnier toujours allumé, a déclaré Hosseini.

Mostafa Nili, l’avocat des deux étudiants, n’avait pas le droit de les voir. Il a déclaré dans une interview accordée au site officiel Emtedad : « Maintenir des suspects en isolement ou dans des quartiers de sécurité constitue en soi une violation de leurs droits. Dans certains cas, cela pourrait être considéré comme de la torture. »

« En outre, mes clients n’ont même pas pu contacter librement leurs familles. En tant qu’avocats, nous n’avons pas pu leur rendre visite ou leur téléphoner », a-t-il ajouté.

La justice doit juger les étudiants de l’Université de technologie Sharif, le 11 avril 2021, pour des accusations de sécurité nationale forgées de toutes pièces. Toutefois, les autorités ont annulé la séance pour des raisons inconnues.

Zeynab Jalalian

Des agents du ministère du renseignement torturent la femme kurde iranienne Zeynab Jalalian. Ils la privent délibérément de soins médicaux pour la contraindre à faire des « aveux » filmés.

Le ministère du renseignement conditionne l’accès à des soins de santé adéquats, le transfert de Zeynab Jalalian dans une prison plus proche de son domicile familial dans la province d’Azerbaïdjan occidental et la fin des représailles contre Zeynab Jalalian et sa famille au fait qu’elle a « avoué » des méfaits, exprimé des remords pour ses activités politiques passées devant une caméra et accepté de travailler avec le ministère du renseignement. Pendant plus de 6 ans, Zeynab Jalalian n’a pas eu le droit de se rendre dans des établissements extérieurs pour recevoir des soins. En 2020, elle n’a bénéficié qu’une seule fois, en juin, de soins de santé hors de la prison. En effet, elle était positive à la COVID-19.

Jalalian purge actuellement sa 14e année de prison à vie dans la prison centrale de Yazd. Elle souffre d’un souffle court et de fortes toux après avoir contracté la Covid-19 dans la prison de Qarchak. Son asthme a encore aggravé son état.

Source : Iran HRM

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