Après l’appel lancé par l’Organisation des Moudjahidine du peuple d’Iran (OMPI / MEK) à boycotter les élections et deux mois de campagne des unités de résistance de l’OMPI, même les médias d’État prévoient que la plupart des Iraniens éviteront de participer aux élections.
Le Conseil des gardiens, un agent de facto de la volonté du Guide Suprême, a éliminé tous les candidats potentiels qui auraient pu être classés comme « réformistes ». Cela n’a pas été une surprise, car il a fait de même durant les élections législatives de février 2020, contribuant ainsi à alimenter le soutien du public en faveur d’un boycott des urnes.
Durant les soulèvements de 2017 et 2019 les slogans des manifestants rejetaient les deux factions politiques de l’establishment intégriste: «Le jeu est terminé». Le boycott électoral a montré le rejet de l’ensemble du système par lequel deux factions se partagent le pouvoir tout en poursuivant les mêmes politiques néfastes.
Lors de manifestations publiques de la société civile, divers groupes parmi la population ont publiquement approuvé un tel boycott dans les semaines précédant l’annonce de la liste définitive des candidats. Des foules de manifestants ont scandé : «Nous n’avons vu aucune justice; nous ne voterons plus. »
Ce rejet apparent de l’ensemble de l’industrie des élections iraniennes souligne l’idée que ces élections ne sont qu’un «jeu». Et face à ce sentiment, le guide suprême ne voyait manifestement guère d’intérêt à tenter de perpétuer l’illusion d’un véritable choix dans les urnes. Ainsi, le Conseil des Gardiens est allé au-delà de son rejet attendu des candidats «réformistes» et a également éliminé du scrutin des personnalités qui auraient pu bénéficier d’un soutien au sein de l’establishment radical et ont ainsi présenté un véritable défi à Ebrahim Raïssi.
Parmi ces personnalités figuraient l’ancien président du Parlement Ali Larijani et le prédécesseur de Rohani, Mahmoud Ahmadinejad, qui était techniquement éligible pour se présenter à nouveau après une interruption après ses deux mandats. Lors de son inscription en tant que candidat potentiel plus tôt en mai, Ahmadinejad a annoncé que s’il n’était pas autorisé à se présenter, il boycotterait l’élection. Bien que son raisonnement soit aux antipodes de celui de la plupart des Iraniens ordinaires, son commentaire public souligne l’idée que cette élection représente une crise pour le régime des mollahs.
Ahmadinejad a spécifiquement décrit sa tentative de reprendre la présidence comme la dernière chance pour le régime de se sauver de l’effondrement. Alors que les médias d’État iraniens ont évité de discuter de la situation en des termes aussi désastreux, beaucoup ont prédit que la participation électorale pourrait atteindre un autre creux historique et que cela pourrait être le précurseur d’une résurgence des troubles sociaux.
Certains médias ont également noté que le silence officiel sur ces mouvements et leurs conséquences est susceptible d’alimenter davantage l’effort de boycott. Rien qu’en novembre 2019, les autorités iraniennes ont tué environ 1500 manifestants pacifiques et procédé à des milliers d’arrestations. Pendant les mois qui ont suivi, nombre de personnes arrêtées ont été soumises à la torture aux mains d’un système judiciaire dirigé par l’homme qui est supposé devenir le prochain président des mollahs.
La décision de Khamenei d’installer Raïssi comme président est un signe de la brutalité continue contre l’OMPI et donc contre tous les Iraniens qui ont soutenu sa plate-forme démocratique en participant aux récentes manifestations publiques et les appels au boycott électoral.
Dans cet esprit, les défenseurs des droits de l’homme du monde entier devraient être très attentifs aux propres prévisions des responsables iraniens concernant des troubles imminents. Lorsque ces troubles surgiront, il en résultera certainement davantage de meurtres de masse et de torture systématique comme celui qui a accompagné le soulèvement de novembre 2019, à moins que la communauté internationale ne prenne des mesures sérieuses pour l’empêcher.
L’ascension continue de Raïssi dans la hiérarchie du régime est un rappel effrayant de l’impunité dont jouissent les auteurs de violations des droits humains au sein du régime iranien. Mais c’est aussi une excellente occasion pour les puissances occidentales et les Nations Unies de contester cette impunité sur la scène internationale en attirant une attention renouvelée sur le massacre de 1988, en imposant des sanctions au futur président en promouvant une enquête par la Cour pénale internationale.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire