lundi 16 août 2021

Avec Ebrahim Raïssi, le régime iranien va se radicaliser en politique étrangère

 Ebrahim Raïssi, le nouveau président du régime iranien a été investi jeudi dernier. Le lendemain, dans le cadre de l’une de ses premières actions officielles au pouvoir, Raïssi a rencontré les représentants de plusieurs groupes inféodés au régime dans la région du Moyen Orient. Ses invités : cheikh Naeem Qasim, le secrétaire général adjoint du Hezbollah irakien, Faleh al-Fayadh, le chef du réseau de militants irakiens connu sous le nom de Forces de mobilisation populaire, et des responsables du Hamas et du Jihad islamique en Palestine.

Deux jours plus tôt, et juste avant l’inauguration officielle, Raïssi a également rencontré Mohammad Abdul Salam, un envoyé spécial du Yémen, un pays où Téhéran a soutenu les Houthis dans la guerre civile qui a vus le renversement du président internationalement reconnu du pays.

Les premiers efforts de Raïssi pour donner la priorité à l’extrémisme régional et au terrorisme indiquent que son administration supervisera une escalade des activités déstabilisatrice du régime, couvrant à la fois la politique intérieure et étrangère. L’héritage de Raïssi a longtemps été défini par sa contribution à la répression politique intérieure.

À l’été 1988, il a joué un rôle clé dans l’exécution de plus de 30 000 prisonniers politiques, en tant que l’un des quatre membres d’une « commission de la mort » formée à Téhéran en réponse à une fatwa du fondateur du régime, Rouhollah Khomeini.

Cet héritage a été ravivé ces dernières années lorsque de nouvelles informations sur le massacre ont été révélées sous la forme d’un enregistrement audio datant de l’époque des meurtres, du seul responsable religieux à s’y opposer, Hossein Ali Montazeri. Cela a incité un certain nombre de responsables du régime, dont Raïssi, à défendre publiquement leur rôle dans le massacre, faisant souvent référence aux condamnations à mort, dont beaucoup ont été prononcées en moins de deux minutes, comme « l’ordre de Dieu ».

Ce sentiment a montré clairement l’approche du régime pour réprimer la dissidence depuis décembre 2017, alors que le régime a été secoué par deux soulèvements nationaux et une série d’autres manifestations à grande échelle.

Dans les jours qui ont suivi le deuxième soulèvement qui a éclaté dans près de 200 localités en novembre 2019, les autorités du régime ont abattu environ 1 500 manifestants. À l’époque, Ebrahim Raïssi était à la tête du pouvoir judiciaire et, à ce titre, il supervisait directement la politique d’arrestations massives et de torture systématique qui a suivi les meurtres et s’est poursuivie pendant plusieurs mois.

L’incident a largement contribué à démontrer au guide suprême Ali Khamenei que Raïssi était toujours aussi attaché à la répression brutale de la dissidence. Par conséquent, Khamenei a proposé le nom de Raïssi pour la prochaine élection présidentielle et, par l’intermédiaire de son Conseil des gardiens, a exclu tous les autres candidats viables et a ouvert la voie à sa nomination.

Aussi important que fût l’expérience de Raïssi en tant que juge des pendaisons, il est peu probable que Khamenei l’ait soutenu avec autant d’enthousiasme s’il n’avait pas fait ses preuves dans les domaines de la politique étrangère extrémiste. En tant que gardien d’une fondation religieuse appelée Astan-e Quds Rezavi, Raïssi a servi à financier le terrorisme mondial, dirigeant les vastes ressources financières de la fondation vers une variété de projets religieux et culturels formant la base du recrutement de terroristes.

Raïssi a en fait facilité l’expansion des relations d’AQR avec des institutions terroristes clés pendant qu’il était gardien de Qods. Début 2018, Raïssi s’est rendu au Liban pour faire l’éloge de ses responsables. En juillet de la même année, il a accueilli Qassem Soleimani, alors commandant de la division des opérations spéciales étrangères des Gardiens de la révolution, la Force Qods. Après que Soleimani a été tué lors d’une frappe de drone américain en janvier 2020, Raïssi s’est tenu directement aux côtés de Khamenei lors du service commémoratif, cimentant son image de personne ayant des liens étroits avec la structure du pouvoir d’élite et un successeur probable de Khamenei.

La gestion d’AQR par Raïssi a duré une période d’activité terroriste considérable et s’est étendue au-delà de la région du Moyen-Orient et en Europe. Sa rencontre avec Soleimani a coïncidé avec un complot à la bombe déjoué qui aurait pu être la pire attaque iranienne sur le sol occidental. Quatre agents iraniens, dont un diplomate-terroriste de haut rang, ont été condamnés à des peines de prison en Belgique au début de l’année en lien avec ce complot, qui visait un rassemblement international près de Paris organisé par le Conseil national de la Résistance iranienne.

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