jeudi 19 août 2021

Ebrahim Raïssi, architecte du massacre des prisonniers politiques en Iran, doit faire face à la justice.


 Le massacre a emporté les victimes et dans un même souffle l’âme de leurs proches.

CNRI Femmes – Ebrahim Raïssi, architecte du massacre des prisonniers politiques, doit faire face à la justice.

L’été 1988 a marqué le massacre de quelque 30 000 prisonniers politiques en Iran, dont un nombre important de jeunes femmes et de jeunes filles. Les commissions de la mort ont actionné l’effroyable machine à tuer de ce massacre.

En tant que membre des commissions de la mort, le nouveau président du régime clérical, Ebrahim Raïssi, est l’un des principaux responsables du génocide et du crime contre l’humanité qui ont eu lieu en Iran en 1988. Il doit être traduit en justice.

Les préparatifs du massacre ont commencé à l’automne 1987

Le massacre des prisonniers politiques en Iran est un projet qui a débuté à l’automne 1987 et à l’hiver 1988 par la classification et la répartition des prisonniers.

En mars 1988, personne ne comprenait pourquoi les prisonniers étaient classés et déplacés d’une prison à l’autre.

Bien que les prisonniers aient fait l’expérience directe de la torture et des mauvais traitements, il n’est venu à l’esprit d’aucun d’entre eux qu’ils pouvaient être massacrés, y compris ceux qui purgeaient leur peine de prison.

Au cours de la même période, le Conseil judiciaire suprême s’est fréquemment réuni pour des réunions urgentes, ce qui était également le signe de préparation de nouvelles mesures.

Le massacre a commencé le 19 juillet 1988

Le matin du 19 juillet 1988, de nombreux prisonniers ont été transférés des quartiers communs aux quartiers d’isolement. Le massacre a officiellement commencé le 19 juillet 1988.

Le 27 juillet 1988, il est officiellement annoncé qu’il n’y aura plus de visites pendant deux mois et que les familles des prisonniers ne pourraient pas voir leurs enfants. Le matin du jeudi 28 juillet 1988, la “Commission de la mort” a officiellement commencé son travail à Evine.

La première série de femmes a été exécutée le 20 juillet 1988.

La première série de femmes a été exécutée le 20 juillet 1988.

Une note sur les femmes détenues à la prison d’Ilam explique : “Le 20 juillet 1988, les gardiens de la révolution ont fait sortir de prison Farah Eslami, Hakimeh Rizvandi, Marzieh Rahmati, Nasrine Rajabi et Jasomeh Heydari sous prétexte que la prison d’Ilam n’était pas sûre et qu’il fallait les transférer dans un endroit sûr. À l’époque, nous pensions qu’elles avaient été transférées dans les prisons de Kermanchah ou de Téhéran. Mais nous avons découvert le lendemain que les prisonnières avaient été emmenées sur une colline aux alentours de Salehabad et exécutées par des pelotons d’exécution.”

Exécutions massives de femmes

Exécutions massives de femmes

Selon des informations sur les femmes détenues à la prison d’Evin, les autorités pénitentiaires ont convoqué le 27 juillet 1988 Ashraf Fada’i, Monir Abedini, Mojgan Sorbi, Fereshteh Hamidi et une vingtaine d’autres prisonnières du quartier n°2 pour les interroger. Elles ont également convoqué des prisonnières du quartier n°3. Les détenues sont revenues quelques heures plus tard et ont déclaré qu’on leur avait posé les mêmes vieilles questions sur leurs fonctions et la durée de leurs peines. Elles avaient également vu un fusil automatique installé juste en face de la porte.

À 23 heures, le haut-parleur de la salle a appelé les noms de Maryam Saghari Khodaparast, Zahra Falahatpisheh, Fariba Omoumi et Homa Radmanesh et les gardiens les ont faites sortir de la salle.

À minuit, des prisonnières ont été sorties de l’isolement. Personne ne savait encore ce qui se passait, mais elles ne sont jamais revenues.

Le matin du jeudi 28 juillet 1988, après que la Commission de la mort ait commencé son travail à Evine, des femmes placées en isolement à Evine ont été pendues. L’une d’entre elles était Soheila Mohammad Rahimi.

Le jeudi 4 août 1988, d’autres femmes, dont Maliheh Aghvami, ont été exécutées à Evine. Le même jour, Fariba et Farahnaz Ahmadi ont été exécutées à Ispahan.

Des prisonnières très malades figuraient également parmi les exécutées.

Tayebeh Khosro-Abadi souffrait de paralysie congénitale. La vision de Zahra Bijanjyar avait été gravement altérée par les coups de câbles portés à la tête. Leila Dashti avait une tumeur au cerveau.

Bien sûr, le nombre de prisonnières politiques massacrées ne se limite pas à ces exemples.

Le 13 août 1988, plus de 70 prisonnières politiques ont été pendues à la prison Gohardacht de Karadj entre 7h30 et 21h.

Des centaines de prisonnières politiques de la prison d’Evine ont été exécutées le dimanche 14 août et le lundi 15 août 1988.

Des lycéennes parmi les exécutées

L’âge moyen des prisonniers exécutés lors du massacre de 1988 montre que nombre d’entre eux avaient 16 ou 17 ans et étaient lycéens au moment de leur arrestation.

Un membre de la Commission de la mort a déclaré à Montazeri : “Nous avons également une vingtaine d’individus qui avaient environ 16-17 ans lorsqu’ils sont arrivés en prison, et qui ont maintenant vingt-trois ou quatre ans…”

Cette conversation a eu lieu lors de la réunion de la Commission de la mort avec Montazeri le 15 août 1988, en plein massacre. Son fichier audio a été divulgué en 2016.

Leila Hajian, Soheila Hamidi, Roya Khosravi, Mehri Derakhshannia et Soheila Shams font partie des victimes qui avaient 16 ans au moment de leur arrestation.

Soudabeh Rezazadeh, Mahtab Firouzi, Farahnaz Moslehi et Parvine Bagheri étaient également des ados arrêtées à l’âge de 15 ans.

Beaucoup étudiantes et des spécialistes sont parmi les personnes exécutées

Beaucoup étudiantes et des spécialistes sont parmi les personnes exécutées

Selon des témoins oculaires, lors du massacre de 1988, l’accent était mis sur les étudiants, en particulier les femmes instruites. Ainsi, de nombreuses victimes étaient des étudiantes et des diplômées d’université, notamment :

Hourieh Beheshti-Tabar, titulaire de deux maîtrises et d’une licence des universités de Téhéran.

Parvine Haeri était une étudiante diplômée en linguistique de l’université de Téhéran

Razieh Ayatollah-Zadeh-Shirazi était étudiante en physique.

Forouzan Abdi était étudiante en éducation physique à Téhéran et membre de l’équipe nationale féminine iranienne de volley-ball.

La Shouranguiz Karimian était étudiante en médecine

Fazilat Allameh était étudiante en génie électrique.

Simine Behbahani-Dehkordi et Zahra Shab-Zendehdar étaient étudiantes en médecine au complexe médical Taleghani, à Téhéran.

Azam Taghdareh était étudiante en génie chimique à l’École des sciences et de la technologie de Téhéran.

Maryam Golzadeh-Ghafouri et Fariba Omoumi étaient étudiantes en mathématiques à l’université de Téhéran.

Mahine Ghorbani était à l’école de formation des enseignants de Téhéran

Mina Azkia était étudiante à l’école de formation des enseignants de Téhéran.

Nayereh Fath’alian, Effat Esmaili, Soudabeh Mansouri, Soudabeh Shahpar et Homa Radmanesh étaient également étudiantes à l’université de Téhéran.

Exécution de familles

Selon les témoignages d’anciens prisonniers, des dizaines de frères et sœurs ont été exécutés rien que dans les prisons d’Evine et de Gohardasht. Il s’agit notamment de :

Nahid et Hamid Tahsili, frère et sœur

Fariba et Farahnaz Ahmadi, sœurs

Massoumeh, Hossein et Mostafa Mirza’i, une sœur et deux frères, exécutés. Le mari de Massoumeh a également été exécuté. 

Entre cinq et six membres des familles Gholami, Adab-Avaz, Hariri, Rahimnejad, Shoja’i, Davoudi, Borhani dans différentes villes.

Le massacre a emporté l’âme des proches en même temps

L’un des aspects les plus douloureux du massacre des prisonniers politiques a été son impact sur les mères, pères, épouses, enfants et proches.

De nombreuses de mères ont fait une crise cardiaque dès qu’elles ont appris la nouvelle de l’exécution de leurs enfants, et certaines ont perdu la raison.

De nombreuses mères n’ont pas cru et ne croient toujours pas à l’exécution de leurs enfants, même après avoir reçu un sac d’affaires et un testament.

La mère de Safdar Azadmehr est morte d’une crise cardiaque après avoir appris la nouvelle de son exécution.

La sœur de Safdar s’est suicidée de désespoir.

Un témoin du massacre donne un autre exemple : “Les autorités ont appelé une mère et lui ont dit que son fils avait été libéré, venez tel jour chercher votre fils au Comité (prison) de Zandjan. La mère a informé tous les voisins. Avec l’aide des voisins, elle a décoré une voiture avec des fleurs. Elle a rapidement organisé une fête de bienvenue élaborée pour son fils. Puis elle s’est rendue au Comité de Zandjan à l’heure prévue. Mais au lieu de voir son fils, on lui a remis un sac avec l’adresse de sa tombe. A ce moment, la mère n’a plus parlé ni réagi. Elle s’est contentée de fixer un point éloigné et a lentement versé des larmes.”

Un crime impuni

L’histoire de l’Iran est le témoin d’un massacre flagrant pour lequel justice n’a pas encore été rendue.

Ses commanditaires et ses auteurs n’ont pas encore été jugés ni punis. De nombreuses scènes et souvenirs non exprimés par les témoins de cette grande tragédie qui n’ont pas encore été enregistrés, et de nombreuses mères ne savent même pas où sont enterrés les leurs.

À cet égard, le rôle direct d’Ebrahim Raïssi, le nouveau président du régime des mollahs, est indéniable. Il est un architecte du massacre des prisonniers politiques et doit être traduit en justice à tout prix. L’histoire n’oubliera ni ne pardonnera jamais les crimes de ces assassins.

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