Des experts en droit international qualifient le massacre de 1988 en Iran de génocide et de crime contre l’humanité.
Maryam Radjavi :
– Les gouvernements européens et américains doivent reconnaitre le massacre de 1988 en Iran comme un génocide et un crime contre l’humanité et envoyer le dossier des crimes du régime au conseil de sécurité de l’ONU.
– Le mouvement pour la justice est synonyme de persévérer sur nos positions et résister de toutes nos forces pour le renversement de ce régime et la liberté. Nier le massacre ou minimiser le nombre de martyrs et effacer leur identité est ce que recherche le régime car cela sert ses intérêts et l’aide à se maintenir au pouvoir.
Coïncidant avec le 33e anniversaire du massacre de 1988, des témoins de torture dans les prisons des mollahs ont appelé à mettre fin à l’impunité des dirigeants du régime des mollahs et au procès de Khamenei, Raïssi, le chef du judiciaire Ejeï et d’autres auteurs du massacre. Lors du massacre de 1988, le régime criminel des mollahs, sur une fatwa de Khomeiny, a massacré au moins 30.000 prisonniers politiques, dont plus de 90 % étaient des membres des Moudjahidine du peuple d’Iran (OMPI/MEK), pour leur engagement en faveur de la cause de l’OMPI et de la liberté du peuple iranien.
Mme Maryam Radjavi, Présidente élue du Conseil national de la Résistance iranienne (CNRI) et des centaines de personnalités politiques éminentes, ainsi que des juristes et des experts de premier plan en matière de droits humains et de droit international du monde entier, ont participé à la conférence. Parmi les orateurs figuraient Guy Verhofstadt, Premier ministre belge (1999-2008), Franco Frattini, ministre italien des affaires étrangères (2008-2011), Giulio Terzi, ministre italien des affaires étrangères (2011-2013), John Baird, ministre canadien des affaires étrangères ( 2011-2015), Audronius Ažubalis, ministre lituanien des Affaires étrangères (2010-2012), Kumi Naidoo, secrétaire général d’Amnesty International (2018-2020), Dominique Atias, présidente de la Fédération des barreaux européens, Geoffrey Robertson, premier président du Tribunal spécial des Nations unies pour les crimes de guerre en Sierra Leone, Eric David, professeur de droit international, Valeriu M. Ciuca, ancien juge de la Cour européenne, et Gulnara Shahinian, rapporteur spécial des Nations unies sur les formes contemporaines d’esclavage (2008-2014).Dans son discours, Mme Radjavi a évoqué la présence de 1000 prisonniers politiques à la conférence, qui ont été torturés sous les régimes du chah et des mollahs, dont un quart sont des femmes des Moudjahidine du peuple. Elle a déclaré : Le régime des mollahs voulait briser et vaincre chaque membre et partisan de l’OMPI avec toutes les méthodes de torture. Il a essayé toutes les tactiques diaboliques, vicieuses et inhumaines. Les terribles unités dites « résidentielles» ont infligé les tortures les plus ignobles aux prisonnières Moudjahidine.
Des femmes ont été enfermées dans des cages pendant des semaines, voire des mois pour briser leur esprit de résistance. Finalement, à l’été 1988, les prisonniers ont été placés devant un choix : se soumettre en reniant leur fidélité à l’OMPI ou être exécutés.
Cependant, la génération qui s’est engagée dans cette voie, inspirée par Massoud Radjavi (le leader de la Résistance iranienne) et aspirant à la liberté, a résisté héroïquement en prison, sous la torture et dans les conditions les plus difficiles, jusqu’au choix de la soumission ou de l’exécution. Ils ont courageusement adhéré à leurs principes: le renversement du régime clérical et l’établissement de la liberté pour le peuple.
Mme Radjavi a qualifié le massacre de 1988 d’exemple clair de génocide, et a rappelé que le mollah Raïssi, l’actuel président du régime, a lui aussi déclaré en janvier 2010 que « tous les Moudjahidine du peuple sont des ennemis de Dieu et condamnés à mort ». Par conséquent, le rassemblement de 1000 anciens prisonniers de l’OMPI est un capital unique du mouvement pour la justice et le mouvement de résistance qui vise à renverser le régime.
Cette assemblée extraordinaire est la pointe d’une grande pyramide dans la société iranienne, avec des centaines de milliers de personnes emprisonnées et torturées, et les familles de 120 000 martyrs formant le chemin de la liberté. Avec leurs compagnons d’Achraf 3, ils forment le cœur battant de la résistance nationale organisée du peuple iranien.
Mme Radjavi a qualifié la nomination du bourreau de 1988 à la présidence de signe de déclaration d’une guerre ouverte avec le peuple et les Moudjahidine du peuple, au centre de la grande armée de la liberté. Soulignant que le mouvement pour la justice n’est pas un phénomène spontané, elle a ajouté : Pour nous, le mouvement pour la justice est synonyme de persévérance, de fermeté et de résistance pour renverser ce régime et instaurer la liberté. C’est précisément pour cette raison, que nier le massacre ou minimiser le nombre de martyrs et effacer leur identité est ce que recherche le régime. Comment peut-on vouloir détruire l’OMPI, briser ses positions, ses valeurs, ses lignes rouges, et vouloir éliminer le dirigeant de la Résistance, et ensuite se dire sympathisant des martyrs ? Il s’agit d’un stratagème des services de renseignements des mollahs et de leurs pasdarans pour déformer, faire dévier ou rendre inefficace le mouvement pour la justice.
Mme Radjavi a de nouveau appelé les gouvernements européens et américains à reconnaitre le massacre de 1988 en Iran comme un génocide et un crime contre l’humanité. Ils ne doivent pas accepter de recevoir Raïssi. Il faut lui demander des comptes et le juger. Elle a également souligné la nécessité d’une visite urgente de l’ONU dans les prisons du régime iranien pour y rencontrer les prisonniers, en particulier les prisonniers politiques. Elle a déclaré que le dossier des violations des droits de l’homme en Iran, en particulier le comportement du régime dans les prisons, doit être soumis au Conseil de sécurité de l’ONU.
Dans son discours, Geoffrey Robertson, premier président du Tribunal spécial des Nations unies pour la Sierra Leone, a déclaré : « Cela fait des siècles que tuer des prisonniers est un crime. La différence est que si cela équivaut à un crime particulier de génocide, il existe une convention internationale qui oblige les pays à prendre des mesures et à punir ce génocide. »
Se référant à la fatwa de Khomeiny appelant à l’anéantissement des Moudjahidine du peuple, les qualifiant d’ennemis de Dieu, et qui a été utilisée par le régime comme base du massacre, il a réitéré : « Il me semble qu’il y a des preuves très solides qu’il s’agit d’un génocide. Ce terme s’applique au fait de tuer ou de torturer un certain groupe en raison de ses croyances religieuses. Un groupe religieux qui n’acceptait pas l’idéologie rétrograde du régime iranien… Il ne fait aucun doute qu’il y a lieu de poursuivre [le président du régime Ebrahim] Raïssi et d’autres personnes. Un crime a été commis qui engage la responsabilité internationale. Quelque chose doit être fait à ce sujet, comme cela a été fait contre les auteurs du massacre de Srebrenica. »
Kumi Naidoo, secrétaire général d’Amnesty International de 2018 à 2020, a déclaré : « Le massacre de 1988 était un massacre brutal et sanguinaire, un génocide. Il est émouvant pour moi de voir la force et le courage de personnes qui ont traversé tant de choses et vu tant de tragédies et qui endurent ces atrocités. Je voudrais rendre hommage à tous les prisonniers de l’OMPI et vous applaudir. L’UE et la communauté internationale au sens large doivent prendre l’initiative sur cette question. Ce gouvernement, dirigé par Raïssi, a une culpabilité encore plus grande sur la question du massacre de 1988. Les gouvernements qui se comportent de la sorte doivent reconnaître que ce n’est pas tant une démonstration de force qu’un aveu de faiblesse. »
Eric David, expert en droit international humanitaire, a également confirmé la qualification de génocide et de crimes contre l’humanité pour le massacre de 1988.
Franco Frattini, ministre italien des affaires étrangères (2002-2004 et 2008-2011) et commissaire européen chargé de la justice, de la liberté et de la sécurité (2004-2008) a déclaré : « Les actions du nouveau gouvernement iranien s’inscrivent dans le droit fil de l’histoire du régime. Le nouveau ministre des affaires étrangères a servi sous les gouvernements précédents. Il n’y a pas de différence entre les conservateurs et les réformateurs. Il s’agit du même régime. Cela est confirmé par la proximité du ministre des affaires étrangères avec le commandant de la force Qods. Il a même confirmé qu’il poursuivrait le chemin de Qassem Soleimani. Enfin, j’espère une enquête indépendante et sans limite sur le massacre de 1988. La crédibilité du système des Nations unies est en jeu. Le Conseil de sécurité de l’ONU a un devoir moral. L’ONU a ce devoir moral envers les victimes innocentes. Cherchons à obtenir justice. Allons de l’avant avec une enquête internationale sérieuse. »
Guy Verhofstadt, Premier ministre de Belgique (1999 à 2008), a déclaré : « Je suis toujours choqué par ce qui s’est passé en 1988. Le massacre de 1988 a visé une génération entière de jeunes. Il est crucial de savoir que cela a été planifié à l’avance. Il a été planifié et rigoureusement exécuté avec une cible claire en tête. Il peut être qualifié de génocide. Le massacre n’a jamais fait l’objet d’une enquête officielle de l’ONU, et les auteurs n’ont pas été inculpés. Ils continuent de jouir de l’impunité. Aujourd’hui, le régime est dirigé par les tueurs de l’époque. »
Giulio Terzi, ministre des Affaires étrangères d’Italie (2011 à 2013), a déclaré : « Plus de 90 % des personnes exécutées lors du massacre de 1988 étaient des membres et des partisans de l’OMPI. Les prisonniers ont choisi de résister en refusant de renoncer à leur soutien à l’OMPI. Nombreux sont ceux qui ont demandé une enquête internationale sur le massacre de 1988. Le Haut représentant de l’UE, Josep Borrell, devrait mettre fin à son approche habituelle avec le régime iranien. Il devrait encourager tous les États membres des Nations unies à demander des comptes pour ce grand crime contre l’humanité commis par l’Iran. Des milliers de personnes attendent une approche plus ferme de la part de la communauté internationale, et notamment de l’UE. »
John Baird, ministre des Affaires étrangères du Canada (2011-2015), a également pris la parole à la conférence pour condamner le massacre de 1988. Il a lui aussi demandé une enquête internationale sur ce crime contre l’humanité.
Audronius Ažubalis, ministre des affaires étrangères de Lituanie (2010-2012), a souligné que « personne n’a encore été traduit en justice pour ce crime contre l’humanité. Il n’y a pas de volonté politique de demander des comptes aux auteurs de ce crime. Une enquête de l’ONU sur le massacre de 1988 est indispensable. L’Union européenne a ignoré ces appels, n’a montré aucune réaction, et n’a pas été préparée à montrer une réaction. Je veux demander à l’UE de sanctionner le régime pour crimes contre l’humanité. Je pense que la Lituanie peut prendre l’initiative parmi les membres de l’UE. »
Secrétariat du Conseil national de la Résistance iranienne
Le 27 août 2021
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