Au début du procès, des centaines de partisans du principal mouvement d’opposition iranien, l’Organisation des Moudjahidine du peuple d’Iran (OMPI/MEK), ont manifesté devant le tribunal de district de Stockholm.
En juillet 1988, le Guide suprême des mollahs, Rouhollah Khomeini, a publié un décret stipulant que tous les prisonniers politiques qui restent inébranlables dans leur soutien au mouvement d’opposition iranien, l’Organisation des Moudjahidine du peuple d’Iran (OMPI/MEK), doivent être exécutés. D’autres faits et détails ont établi que le régime avait planifié un tel massacre bien avant.
Suite à la fatwa de Khomeiny, des « commissions de la mort » ont été formées à Téhéran et dans tout l’Iran. Les prisonniers ont été traduits devant la Commission (trois à quatre membres), et leur sort a été décidé en quelques minutes. Les prisonniers politiques qui refusaient d’abandonner leurs convictions ont été exécutés.
En quelques mois, au moins 30 000 prisonniers politiques ont été massacrés, dont 90 pour cent de l’OMPI. Les victimes, dont beaucoup avaient déjà passé plusieurs années d’emprisonnement et avaient même purgé leur peine mais n’avaient pas été libérées, ont été enterrées dans des fosses communes secrètes.
Presque tous les dirigeants et hauts responsables du régime iranien ont été impliqués dans le massacre. Depuis lors, les auteurs de ces actes jouissent d’une impunité totale.
Qui est Hamid Noury ?
Hamid Noury (également connu sous le nom de Hamid Abbasi) était l’un des hommes de main impliqués dans le massacre en tant qu’assistant du procureur adjoint de la prison de Gohardasht à Karaj (à l’ouest de Téhéran). Il fut le bourreau d’un grand nombre de prisonniers. Il y a plusieurs années, la Résistance iranienne l’a identifié comme l’un des auteurs du massacre de 1988.
Avant cela, il était membre des Gardiens de la révolution (CGRI) et a travaillé pendant de nombreuses années comme interrogateur et tortionnaire dans la tristement célèbre prison d’Evin à Téhéran. En 1988, Noury a été transféré à la prison de Gohardasht à Karaj, à l’ouest de Téhéran, où il a joué un rôle actif dans le massacre de prisonniers politiques sur décret du chef suprême de l’époque, Rouhollah Khomeini.
Noury était spécifiquement chargé de conduire les prisonniers vers la « Commission de la mort », puis de là vers un lieu de la prison, où ils étaient exécutés. Il a personnellement exécuté plusieurs prisonniers. De nombreux témoignages de survivants du massacre confirment qu’il a dit aux partisans de l’OMPI que tous ceux qui continueraient à soutenir l’OMPI seraient exécutés. Pour briser le moral des prisonniers, il distribuait parfois des pâtisseries après l’exécution d’un groupe de prisonniers.
L’arrestation de Hamid Noury en Suède
En novembre 2019, lors de sa visite en Suède, il a été arrêté par les autorités suédoises. Après 21 mois d’enquête, il a été mis en examen le 27 juillet 2021. Son procès s’est ouvert le 10 août.
Au cours de l’enquête, les membres et sympathisants de l’OMPI, témoins des crimes de Noury, ont témoigné devant les autorités suédoises et fourni de nombreux éléments de preuve et documents. La plupart des 35 plaignants dans l’affaire Noury sont des membres et sympathisants de l’OMPI. Beaucoup d’entre eux ont vu Noury dans le couloir de la mort de la prison de Gohardacht, où les prisonniers étaient alignés pour être emmenés dans la salle d’exécution.
L’acte d’accusation
Les procureurs du tribunal de district de Stockholm ont émis un acte d’accusation contre Hamid Noury le 27 juillet 2021. L’enquête est supervisée depuis le début par la procureure générale, Kristina Lindhoff Carleson. L’acte d’accusation fait référence à la fatwa (ordre religieux) du Guide suprême du régime de l’époque, Rouhollah Khomeini, qui déclarait que « tous les prisonniers dans les prisons iraniennes qui appartiennent aux Moudjahidines et qui restent fidèles / loyaux dans leurs croyances devraient être exécutés.
Peu de temps après, des exécutions massives des sympathisants des moudjahidine dans les prisons iraniennes ont commencé.
Selon l’acte d’accusation, « Entre le 30 juillet 1988 et le 16 août 1988, Hamid Noury, en tant que procureur adjoint ou autre rôle similaire, en coopération et en collusion avec d’autres auteurs à la prison de Gohardasht à Karaj, en Iran, a exécuté un grand nombre de prisonniers qui étaient membres ou sympathisants des Moudjahidines.
La participation d’Hamid Noury aux exécutions a consisté à ce qu’il a sélectionné les prisonniers qui ont été traduits devant une commission qui avait un mandat en vertu de la fatwa décidant quels prisonniers devaient être exécutés.
Noury emmenait ces prisonniers dans le couloir de la mort et les y garder, lisait les noms des prisonniers à amener à la commission, fournissait des informations écrites/orales sur les prisonniers à la commission, lisait les noms des prisonniers qui devaient être conduits à l’exécution, ordonnait aux prisonniers de faire la queue pour être escortés jusqu’au site de l’exécution et a également escorté les prisonniers là-bas, après quoi les prisonniers ont été pendus. Hamid Noury a également lui-même participé à certaines occasions aux exécutions.
Selon l’acte d’accusation, Hamid Noury est également accusé du meurtre de prisonniers affiliés à d’autres groupes politiques. Certains membres de leur famille ont été acceptés comme plaignants dans cette affaire.
L’acte d’accusation et le dossier contiennent des textes d’entretiens et des documents que des dizaines de membres et sympathisants de l’OMPI ont présentés en tant que témoins ou plaignants lors d’entretiens avec le bureau du procureur. Les entretiens avec 16 membres de l’OMPI à Achraf 3 en Albanie, ont été menés par vidéoconférence, et d’autres entretiens ont été menés soit en Suède en personne, soit dans d’autres pays par vidéoconférence. Ces individus sont des rescapés du massacre, témoins des crimes commis par Hamid Noury dans le couloir de la mort de la prison de Gohardacht lors du massacre de 1988, ou sont des membres des familles des exécutés.
Appel à enquête internationale
Ces dernières années, alors que la campagne pour la justice pour les victimes, menée par la Résistance iranienne, notamment l’OMPI en Iran, prenait de l’ampleur, le régime iranien a eu recours à une campagne systématique pour détruire les fosses communes pour cacher tout preuves du crime, qu’un certain nombre de juristes éminents ont décrit comme l’un des cas les plus flagrants de crime contre l’humanité depuis la Seconde Guerre mondiale.
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