La prisonnière politique Atena Daemi avait entamé une grève de la faim pour protester contre les coupures fréquentes des lignes téléphoniques dans la prison de Lakan, à Racht. Aujourd’hui, elle a envoyé un message à l’extérieur de la prison, annonçant qu’elle avait mis fin à sa grève de la faim.
Son message a été publié le 18 août 2021. Elle pointe du doigt la nomination d’Ebrahim Raïssi à la tête du régime et remet en question le système judiciaire et ses manœuvres théâtrales concernant l’octroi de permissions conditionnelles aux prisonniers. Le texte intégral de son message figure ci-dessous :
Je suis bannie à la prison misogyne de Racht depuis cinq mois. Comparée à la prison des hommes de cette province, (la prison des femmes) est pleine de discrimination. Comme dans d’autres régions d’Iran, seules la contrainte, l’oppression, l’injustice et la répression règnent dans cet endroit.
Il est même obligatoire d’arrêter de fumer ici. Malgré les cérémonies et les cours religieux obligatoires, le mensonge est lui aussi obligatoire. Par exemple, les prisonnières passent de longues heures à tisser des tapis entièrement en soie d’une valeur de 8 milliards de tomans. Le salaire maximum qu’elles reçoivent pour ce travail est d’un million de tomans par an. Elles peuvent également utiliser le téléphone pendant 20 minutes, mais les câbles des téléphones sont régulièrement volés. Cependant, devant les caméras, les autorités pénitentiaires leur demandent de dire qu’elles ont suffisamment de revenus pour faire vivre leur famille.
Ici, comme dans les autres prisons, les prisonnières sont une vitrine permettant au régime de diffuser ses mensonges, sans que la détenue ne bénéficie du moindre privilège, même du droit de suivre rapidement son dossier.
Voilà la justice et les droits humains en République islamique. Au lieu de faire de la pédagogie et de prévenir l’apparition et la récurrence du crime, ils ne cherchent qu’à reproduire le crime et à prononcer des peines injustes et inhumaines, à exploiter et à torturer les prisonnières, puis à en profiter, même des prisonnières politiques, pour faire de la propagande en faveur de leur dictature.
J’ai déjà parlé, à maintes reprises, des souffrances des détenues condamnées pour des délits de droit commun, mais j’ai été condamnée à la réincarcération. Cette fois encore, mon intention en faisant une grève de la faim, malgré les menaces répétées, était d’attirer l’attention de l’opinion publique sur la réalité derrière les barreaux.
Des gens qui sont tellement tourmentés par les mauvaises nouvelles de nos jours qu’ils pourraient se contenter des mensonges et de la propagande des médias des Goebbels de la république islamique. Mais la réalité n’est que de douleur.
Depuis quelque temps déjà, on parle en vain des prisonnières et de leur amnistie, de leur congé ou de leur libération conditionnelle. Ces pourparlers coïncident avec le glissement des postes et des positions des chefs du gouvernement et l’escalade simultanée de la répression.
À la lumière de cette pitié sous le masque de l’humanitaire, on peut se demander pourquoi des êtres chers comme Saïd Masouri, emprisonné depuis 22 ans, Hamzeh Savari, emprisonné depuis 16 ans, Zeinab Jalalian, emprisonnée depuis 14 ans, et Maryam Akbari Monfared, emprisonnée depuis 12 ans, sont toujours en prison sans même un seul jour de congé ?
Bien sûr, ce régime ne connait rien d’autre que le mensonge. Eh bien que ses dirigeants soient jugés par des tribunaux internationaux pour leurs crimes et assassinats dans les années 1980. Or ils continuent à prétendre sans vergogne avoir défendu les droits de l’homme et la justice. Les gens voient que les législateurs eux-mêmes sont les plus grands violateurs du droit national et international.
Les corrupteurs et les premiers détourneurs de fonds prétendent maintenant s’attaquer à la corruption. Les grands assassins cherchent à punir les assassins. La mafia de la drogue prétend combattre e trafic de drogue, et les producteurs d’espions prétendent s’occuper des espions, et ainsi de suite.
Le peuple iranien constate que les plus grands ennemis de l’humanité se prosternent aux pieds des êtres humains lorsque cela leur est nécessaire.
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