Les exécutions de deux manifestants emprisonnés, Majidreza Rahnavard et Mohsen Shekari, ont attisé la colère du public.
Un groupe de femmes prisonnières politiques à Evine a exprimé sa protestation en publiant une lettre. Elles ont annoncé que le lundi 12 décembre, elles tiendront un rassemblement devant le bureau des gardiens de la prison et chanteront des slogans pour condamner les condamnations à mort prononcées et exécutées par le système judiciaire du régime clérical.
Le pouvoir judiciaire iranien a exécuté les condamnations à mort de deux jeunes manifestants détenus les 8 et 12 décembre.
Dans leur lettre, les femmes prisonnières politiques à Evine ont souligné : “Il n’y a pas d’autre solution ! Cette fois, conquérons les rues de la ville aux cris de ‘stop aux exécutions’. Poursuivons les grèves généralisées avec plus de puissance. Nous sommes aussi avec vous, bien qu’en prison, nous déclarons notre soutien à (ceux qui manifestent dans) les ‘rues’, dont nous avons été privés parce que nous sommes incarcérés. Nous exprimerons notre opposition aux exécutions dans le bureau de la sentinelle du quartier des femmes de la prison d’Evine, le 12 décembre. Nous tiendrons un rassemblement, en chantant des hymnes et en scandant des slogans.”
Les femmes détenues politiques à Evine protestent contre les exécutions de manifestants
Voici le texte intégral de la lettre de protestation des femmes détenues à Evine :
Arrêtez les exécutions !
Ces derniers mois, nous, le peuple épris de liberté et égalitaire d’Iran, avons uni nos forces pour renverser le régime dictatorial de la République islamique. Nous nous sommes soulevés dans nos villes et villages, dans nos rues et nos maisons, à l’intérieur et à l’extérieur du pays.
La répression brutale et étendue du régime dans tout le pays a dispersé les puissantes manifestations de rue de ces derniers jours. Au lieu de reculer devant les tueries dans les rues et la répression, le régime a fait un pas en avant et a commencé les exécutions pour terroriser la population. Ils exécutent ceux qui se tenaient côte à côte dans les rues. L’exécution de Mohsen Shekari qui protestait dans la rue est un crime flagrant qui a stupéfié le monde.
Souvenons-nous de nos engagements sincères, de nos mains chaudes jointes, des cris qui montent de nos poitrines et de la colère refoulée dans nos gorges. Ne les laissons pas seuls et levons-nous pour sauver la vie de ceux qui se sont levés mais qui sont maintenant en captivité. Arrêtons le cycle des meurtres d’État. Levons-nous pour déchirer le noeud coulant autour de la gorge de nos jeunes et pour écraser les potences de la mort.
Il n’y a pas d’autre moyen ! Cette fois, conquérons les rues de la ville aux cris de ” stop aux exécutions “. Poursuivons les grèves généralisées avec plus de force. Nous sommes aussi avec vous, bien qu’en prison, nous déclarons notre soutien à (ceux qui manifestent dans) les “rues”, dont nous avons été privés parce que nous sommes incarcérés. Nous exprimerons notre opposition aux exécutions dans le bureau de la sentinelle du quartier des femmes de la prison d’Evine, le 12 décembre. Nous tiendrons un sit-in, en chantant des hymnes et en scandant des slogans.
L’exécution de deux manifestants emprisonnés scandalise encore plus l’opinion publique
À l’aube du lundi 12 décembre 2022, la condamnation à mort de Majidreza Rahnavard, 23 ans, a été exécutée en public à Machad. De même, le jeudi 8 décembre 2022, la condamnation à mort de Mohsen Shekari, un autre manifestant détenu, également âgé de 23 ans, a été exécutée à la prison de Gohardasht (Rajai Shahr) pour avoir bloqué la rue, sous l’accusation de Moharebeh (guerre contre Dieu).
La nuit précédant l’exécution de Majidreza Rahnavard, sa mère l’a rejoint. Ni l’un ni l’autre ne savaient que l’exécution aurait lieu le lendemain. On a dit à la mère que la procédure judiciaire se déroulait bien et que son enfant serait probablement libéré. La mère a quitté la prison avec mille espoirs.
Mais le lendemain matin, on lui annonce la nouvelle de la mort de son fils.
La torture psychologique des familles de prisonniers en Iran est l’un des exemples graves de violations des droits de l’Homme en Iran, qui devrait faire l’objet d’une enquête par la délégation d’enquête approuvée par le Conseil des droits de l’Homme des Nations unies.
Après l’exécution criminelle de Majidreza Rahnavard, ce matin, un certain nombre de membres de la famille et d’amis de ce héros national ont jeté des fleurs sur sa tombe et scandé : Majidreza Rahnavard, martyr de la patrie…
Il convient de noter que Majidreza Rahnavard était un jeune athlète. Il a été arrêté le 19 novembre, accusé d’avoir assassiné deux membres du Bassidj lors de manifestations nationales. Lors de son arrestation, il a été sévèrement battu de telle manière que sa main gauche a été cassée. Ils l’ont aussi gravement torturé pour lui extorquer de faux aveux.
Le procès et l’exécution de Majidreza Rahnavard se sont achevés en trois semaines seulement et un jeune homme héroïque qui s’est rebellé contre l’oppression du régime en place a été envoyé à la potence.
Ces exécutions n’ont fait qu’attiser la colère du public, entraînant de vastes protestations qui, comme toujours, sont menées par les femmes et les filles courageuses d’Iran.
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