L’obligation de rendre compte de la mort de Mme Amini et des violations commises dans le cadre des manifestations qui ont suivi a été insuffisante.
Le recours à la peine de mort a fortement augmenté, notamment à l’encontre des Baloutches et d’autres membres de communautés minoritaires.
Le Conseil des droits humains a ouvert sa cinquante-quatrième session ordinaire le 11 septembre 2023, en observant une minute de silence pour les victimes du tremblement de terre au Maroc et en écoutant une mise à jour globale du Haut Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme. Voici des extraits du texte de l’intervention du Haut Commissaire des Nations Unies aux droits humains, Volker Türk.
Monsieur le Président,
Excellences,
Mesdames et Messieurs les délégués,
Au fil des ans, mon travail au sein des Nations unies m’a permis de constater que les questions de développement sont à la base de presque tous les défis auxquels nous sommes confrontés.
Partout dans le monde, les gens veulent – et ont le droit de – bénéficier d’un niveau de vie décent. De la nourriture sur la table et l’accès à des soins médicaux abordables lorsqu’ils en ont besoin. L’éducation et l’égalité des chances pour eux-mêmes et leurs enfants. De bonnes perspectives économiques, avec une part équitable des ressources. Un environnement propre, sain et durable. La liberté de faire ses propres choix. Des informations objectives, et non de la propagande. Des systèmes de justice et de police qui respectent leurs droits.
Et pour garantir tout cela, ils veulent une participation active et significative aux décisions, et des gouvernements qui répondent à leurs besoins – et non à ceux des élites qu’ils doivent servir.
Pourtant, je vois régulièrement des personnes privées de ces droits humains et écrasées par un développement qui n’est ni respectueux ni équitable. L’injustice, la pauvreté, l’exploitation et la répression sont à l’origine de griefs qui alimentent les tensions, les conflits, les déplacements de population et l’aggravation de la misère, et ce, à l’infini.
(….)
Monsieur le Président,
Au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, les populations sont confrontées à une pénurie d’eau sans précédent. On estime que 83 % de la population de la région est exposée à un stress hydrique extrêmement élevé et que, d’ici à 2030, la quantité moyenne d’eau disponible par habitant passera sous le seuil de la pénurie absolue. Cette situation aura un impact négatif considérable sur la santé et la sécurité alimentaire ; elle intensifiera considérablement la pauvreté et risque d’accroître les conflits, l’instabilité et les déplacements de population.
De graves problèmes de gouvernance et l’incapacité à investir dans l’infrastructure des droits humains ont contribué à provoquer cette crise, ainsi que le changement climatique, la pollution et la croissance démographique. Il s’agit d’un exemple presque classique de l’interdépendance entre les institutions inclusives, la bonne gouvernance et la réalisation – ou l’échec – des objectifs de développement. Les réformes de la gouvernance – y compris un espace beaucoup plus large permettant à la société civile et aux défenseurs des droits humains de travailler pour le bien commun – peuvent mieux équiper les sociétés pour réagir, s’adapter et renforcer leur résilience face à la diminution de l’accès à l’eau.
L’eau n’est qu’un exemple de la nécessité de garantir une gouvernance inclusive dans le contexte du développement.
En Iran, un an après la mort de Mahsa Amini, je suis gravement préoccupée par le fait qu’un nouveau projet de loi en cours d’examen impose des sanctions sévères aux femmes et aux jeunes filles qui ne respectent pas le code vestimentaire obligatoire, notamment l’interdiction de voyager et le retrait de l’accès aux services sociaux. Il permet également l’utilisation de technologies de surveillance pour contrôler le comportement et la tenue vestimentaire des femmes. Les cas de femmes poursuivies en justice pour avoir enfreint le code vestimentaire se sont multipliés, même avant l’adoption du projet de loi. Dans ce contexte, j’exprime mon inquiétude quant au redéploiement de la police des mœurs, une force presque exclusivement destinée à contrôler les femmes et les jeunes filles. L’obligation de rendre compte de la mort de Mme Amini et des violations commises dans le cadre des manifestations qui ont suivi a été insuffisante. Le recours à la peine de mort a fortement augmenté, notamment à l’encontre des Baloutches et d’autres membres de communautés minoritaires.
(….)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire