samedi 3 octobre 2020

La poursuite d’un diplomate iranien devrait marquer la fin de l’impunité de Téhéran

By: Alejo Vidal-Quadras

En juin 2018, le régime iranien a tenté d’attaquer un rassemblement international dans le cadre d’un plan visant à éradiquer les efforts organisés pour faciliter le changement de régime et établir un gouvernement démocratique à la place de la dictature théocratique. En novembre 2020, le cerveau de ce complot terroriste déjoué fera l’objet de poursuites en Belgique pour complot en vue de commettre des assassinats terroristes. Il est d’une importance vitale non seulement qu’il soit tenu pour responsable de l’incident, mais aussi que son procès serve d’avertissement au régime sur les conséquences futures qu’il devra subir d’une telle violence politique.

Le terrorisme iranien est un phénomène douloureusement familier, mais le complot terroriste de 2018 est inhabituel à certains égards. L’accusé au procès de novembre sera un diplomate iranien, le troisième conseiller de l’ambassade d’Iran à Vienne. Il n’est pas du tout inhabituel que les diplomates de ce régime jouent un rôle dans la planification ou la facilitation du terrorisme iranien, mais les actions d’Assadollah Assadi, il y a deux ans, étaient particulièrement visibles et concrètes. Outre le recrutement et la transmission d’ordres aux agents chargés de faire exploser une bombe lors du rassemblement Free Iran près de Paris, Assadi aurait personnellement fourni à ces agents 500 grammes de l’explosif TATP, plus un détonateur.

À la suite de son arrestation, les autorités européennes ont reconnu que les ambassades iraniennes dans toute l’Europe grouillaient pratiquement d’agents de renseignement. Les actions d’Assadi soulignent à quel point le danger résulte de permettre à des diplomates terroristes de vivre et de travailler dans les capitales européennes avec peu de surveillance et peu de conséquences pour leurs activités illicites. N’importe lequel d’entre eux pourrait se révéler être le chef d’une cellule dormante sur le point de déclencher des explosifs ou de commettre des assassinats au cœur de l’Europe.

C’est en fait une leçon que les décideurs politiques occidentaux auraient dû apprendre il y a très longtemps. Les ambassades et consulats iraniens étaient auparavant des canaux par lesquels Téhéran a organisé des complots terroristes. Et tous n’ont pas été contrecarrés comme l’a été Assadi. Dans les années 80 et 90, Téhéran a mené une série d’assassinats de militants de l’opposition tels que Kazem Radjavi, qui était le représentant du Conseil national de la résistance iranienne auprès des Nations Unies avant d’être abattu dans son véhicule près de son domicile à Genève en 1990. Honteusement, Téhéran n’a fait face à aucune conséquence réelle de l’un ou l’autre de ces meurtres et n’avait donc guère d’incitation à ralentir l’expansion de son réseau de terroristes-diplomates.

En fait, Assadollah Assadi est le seul diplomate à faire face à des accusations pour son rôle dans le terrorisme iranien. Cela aide que son implication soit particulièrement difficile à minimiser ou à expliquer. Il peut être encore plus utile que les victimes potentielles de son complot ne se limitent pas aux expatriés iraniens, comme dans le cas de la plupart des assassinats ciblés antérieurs. Le rassemblement annuel organisé par le CNRI en est venu à attirer plus de 100000 participants chaque année et, bien que la grande majorité soient des exilés iraniens et leurs proches, la liste des orateurs comprend de nombreux dignitaires politiques, représentant des délégations multipartites de toute l’Europe, des États-Unis, et d’une grande partie du monde.

Il ne fait aucun doute que la principale cible du complot terroriste de 2018 était la présidente élue du CNRI, Maryam Radjavi. Mais les explosifs confisqués aux membres d’Assadi étaient suffisamment puissants pour en tuer des centaines. Et il est pratiquement impossible d’imaginer que les victimes qui en résultent n’auraient pas inclus des personnalités comme Rudy Giuliani, Newt Gingrich, Giulio Terzi, ou l’un d’autres personnalités et élus occidentaux de haut niveau ou des experts politiques qui sont devenus des partisans dévoués de la résistance iranienne ces dernières années.

À l’approche de la date du procès d’Assadi, la communauté internationale devrait se rappeler activement que sa volonté de cibler les politiciens occidentaux n’est pas inhabituelle dans les rangs des responsables iraniens. Le complot terroriste de 2018 a peut-être été inhabituellement imprudent en raison du désir désespéré du régime d’écraser la dissidence à la suite du soulèvement national au début de cette année. Mais cela ne veut pas dire que la nature essentielle de l’intrigue était une sorte d’anomalie. Il révéle la cruauté et le sentiment d’impunité qui ont guidé le régime des mollahs tout au long de ses quatre décennies au pouvoir.

Pour cette raison, le tribunal belge devrait imposer la peine légale maximale au diplomate terroriste iranien. Et au-delà de cela, les nations d’Europe devraient indiquer que le résultat est un avertissement à l’ensemble du régime iranien. Ils devraient étayer le châtiment d’Assadi par de nouvelles sanctions liées au terrorisme et à la violation systématique des droits de l’homme. Et ils devraient s’engager à une politique révisée de l’Iran qui envoie un message clair que l’ère de l’impunité de Téhéran est révolue.

Il est grand temps que le régime dans son ensemble soit tenu pour responsable des crimes qui sont restés impunis. L’application européenne des principes des droits de l’homme devrait s’étendre aux meurtres de dissidents iraniens sur le sol occidental ainsi qu’aux meurtres systématiques qui ont eu lieu à l’intérieur même de l’Iran, comme le massacre de 30000 prisonniers politiques en été 1988 et la mort par balle de 1500 manifestants pacifiques lors d’un soulèvement national en novembre dernier. Le régime des mollahs a vécu dans un bain de sang depuis sa création. Il est temps que les démocraties occidentales cessent de fermer les yeux sur une telle dictature criminelle.

Alejo Vidal-Quadras, professeur de physique atomique et nucléaire, a été vice-président du Parlement européen de 1999 à 2014. Il est président de l’International Committee In Search of Justice (ISJ)

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