mercredi 10 août 2016

Massacre des prisons en Iran : bouleversante révélation

Publication d’un enregistrement inédit et saisissant des propos de l’ayatollah Montazeri
sur le massacre des prisons en Iran en 1988
Appel à la nécessité de faire juger les dirigeants du régime des mollahs pour crime contre l’humanité
 Lors d’un enregistrement audio rendu public hier par le bureau officiel de l’ayatollah Hossein-Ali Montazeri, ancien dauphin désigné de Khomeiny, Montazeri tient des propos saisissants sur le massacre de plus de 30 000 prisonniers politiques en 1988 sur ordre de Khomeiny.
Montazeri qualifie ce massacre de « crime le plus terrible commis en république islamique ».  Il précise avec colère à ses interlocuteurs : « A mon avis le crime le plus terrible perpétré en république islamique depuis la révolution a été commis par vous (…) Le plus grand crime en république islamique pour lequel l’histoire va nous condamner a été perpétré de vos mains. Et vous serez considérés parmi les criminels de l’histoire. Sans façon.»
Le site précise qu’après avoir pris connaissance de ces exécutions, Montazeri (alors successeur de Khomeiny) a écrit deux lettres à Khomeiny pour les faire cesser. Le 15 août 1988 il a rencontré Hossein-Ali Nayeri (le juge religieux), Morteza Echraghi (le procureur), Ebrahim Raïssi (le vice-procureur) et Mostafa Pour-Mohammadi (représentant du ministère du Renseignement, le Vevak). C’est l’enregistrement des conversations de cette rencontre qui dure une quarantaine de minutes qui vient d’être rendu public pour la première fois. 28 ans après le massacre, il s’agit d’un document sans appel contre les responsables du régime.
Les interlocuteurs de Montazeri sont les membres de ce qui est communément appelé « la commission de la mort » qui avait été chargée par Khomeiny de réexaminer les dossiers des prisonniers politiques et de faire exécuter tous ceux qui continuaient à défendre leurs convictions, en particulier les Moudjahidine du peuple d’Iran (OMPI). A la suite de cette décision plus de 30 000 prisonniers politiques, dont la plupart étaient membres ou sympathisants de l’OMPI, ont été exécutés dans une période de trois mois seulement. Ces exécutions ont commencé le 27 juillet 1988. La rencontre dont l’enregistrement vient d’être rendu public, a donc eu lieu trois semaines après le début de ce massacre qui a duré jusqu’à l’automne 1988.
Montazeri a été démis de ses fonctions de successeur du guide suprême après la publication de ses lettres de protestation à Khomeiny et a été assigné à résidence jusqu’à la fin de sa vie. Il est décédé le 20 décembre 2009. 
Dans ce document on entend Montazeri condamner la procédure qui a abouti notamment à exécuter des prisonniers de l’OMPI ayant déjà été condamnés à des peines de prison et qui purgeaient leurs peines : « le fait d’exécuter (des prisonniers) sans qu’ils aient eu de nouvelles activités revient à dire que notre appareil judiciaire ne sert à rien.» Il poursuit : « pourquoi avez-vous exécuté quelqu’un que vous aviez déjà condamné à dix ans de prison ? ». Il les met en garde sur le fait qu’interdire les visites des familles pendant deux mois ne servira à rien et que ces familles leur demanderont des comptes. Il évoque notamment l’exécution de femmes enceintes et précise que la situation est catastrophique en province, notamment à Ahwaz (dans le sud de l’Iran).
En fait, des peines de mort ont été prononcées en même temps contre les prisonniers politiques dans l’ensemble des prisons iraniennes et non seulement à Téhéran.
Dans cet enregistrement, Montazeri condamne la défense que Moussavi Ardebili, alors chef de l’appareil du judicaire, fait de ce massacre. A l’époque Ali-Akbar Rafsandjani (actuel président du Conseil de discernement des intérêts de l’Etat) était le président du Majlis (l’assemblée du Conseil islamique des mollahs), et l’actuel Guide suprême Ali Khamenei était président de la République. Ils ont tous les deux défendu à plusieurs reprises ce carnage.
Montazeri précise dans cette conversation que le régime avait programmé depuis longtemps ce massacre : « le ministère du Renseignement (Vevak) était favorable (à cette tuerie de masse) et avait investi dedans. Ahmad (fils de Khomeiny) disait en personne depuis trois, quatre ans que les Moudjahidine (du peuple) y compris ceux qui n’ont lu qu’un journal (du mouvement), une revue ou un tract, doivent être exécutés ». Montazeri s’insurge en disant que : « les Moudjahidine ne sont pas des individus, mais une doctrine, une interprétation qui suit une logique. On doit combattre une mauvaise logique avec une logique juste, ça ne se règle pas par des tueries. Au contraire ça la développe. »  
Les responsables de la « Commission de la mort » sont toujours au pouvoir et aux affaires dans ce régime : Mostafa Pour-Mohammadi est actuellement ministre de la Justice de Rohani, Hossein-Ali Nayeri est le chef de la Cour suprême compétent pour juger les magistrats, Ebrahim Raïssi était jusqu’à il y a quelques mois le procureur général et vient d’être nommé par le Guide suprême Ali Khamenei chef de la fondation d’Astane-Qods-Razavi, un des cartels religieux, politique et économique les plus puissants du pays. L’Astane-Qods qui est l’interlocuteur de nombreuses entreprises étrangères, est chargée de s’approprier les biens publics et les legs religieux pour consacrer les recettes à la répression et à l’exportation du terrorisme, en particulier à soutenir les efforts de guerre en Syrie.
Montazeri leur précise dans cette conversation : « Nous ne serons pas toujours au pouvoir et l’Histoire nous jugera. » Il ajoute à la fin que « le peuple rejette le (principe) du Guide suprême » sur lequel est fondé le régime.
Les propos de Montazeri sont un document irréfutable qui confirme la nécessité de faire juger les responsables du massacre de 1988, à savoir les principaux responsables du régime des mollahs, pour crime contre l’Humanité. La Résistance iranienne attire l’attention de la communauté internationale en particulier du Conseil de sécurité et du conseil des Droits de l’Homme des Nations unies sur la nécessité de renvoyer ce dossier devant un tribunal pénal international. La Résistance iranienne insiste sur le fait que l’indifférence devant un des plus terribles massacres de prisonniers politiques d’après-guerre, malgré l’existence de ce documents indiscutable, équivaut à piétiner les valeur reconnues des droits humains, de la paix et de la démocratie pour lesquelles l’ONU a été fondée.
  Une exposition aura lieu du 23 au 24 août à la Mairie du 2ième arrondissement de Paris, à l’occasion de l’anniversaire de ce massacre des prisons en Iran

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