- « Vous n'avez pas le droit de respirer », a déclaré le juge Mohammad Moghiseh à Masoud Kazemi, prisonnier politique.
Le juge notoirement intransigeant présidant l'affaire de l'ancien rédacteur en chef d’un magazine, Masoud Kazemi, a exprimé à plusieurs reprises sa haine contre le prisonnier politique et refusé de réduire le montant de la caution extrêmement élevé d'un montant de 23 milliards de tomans, a indiqué une source au Centre pour les droits de l’homme en Iran (CDHI).
L’avocat de Kazemi a entre-temps déposé une plainte contre le juge Mohammad Moghiseh pour sa sa partialité manifeste dans l’affaire Kazemi.
« Au cours du procès, le juge Moghiseh a déclaré à Masoud : « Vous n’avez pas le droit de respirer ; vos mains devraient être broyées ; vous devriez exploser avec de la poudre à canon versée dans votre bouche ; vos stylos devraient être cassés », a déclaré au CDHI, le 29 mai 2019, une source ayant une connaissance approfondie du dossier de Kazemi.
La source, qui a requis l'anonymat pour des raisons de sécurité, a ajouté que le juge Moghiseh savait que Kazemi ne serait pas en mesure de payer le montant de la caution.
« Masoud était au chômage depuis sept mois avant son arrestation (le 6 novembre 2018) », a déclaré la source. « Quand il travaillait, son salaire mensuel n'était jamais supérieur à deux millions de tomans (474 USD) ».
« Il doit subvenir aux besoins de son fils âgé de 11 ans », a ajouté la source. « Comment peut-il y arriver avec un milliard de tomans ? »
« Le juge a fixé un montant supérieur aux ressources de Masoud afin de le maintenir en prison », a déclaré la source.
Malgré la menace d'emprisonnement, l'avocat de Kazemi, Ali Mojtahedzadeh, a publiquement critiqué le juge Moghiseh pour son traitement de l'affaire Kazemi.
« Le comportement affiché par « le juge Moghiseh était absolument indigne d'un juge, en particulier d'un clerc », a tweeté Mojtahedzadeh, le 22 mai. « Il a insulté Masoud Kazemi lors du procès et a eu un comportement incroyablement étrange ».
Le 28 mai, Mojtahedzadeh a déclaré à l’agence de presse officielle, IRNA, qu’il avait écrit au chef du pouvoir judiciaire, Ebrahim Raisi, pour se plaindre de la conduite de Moghiseh.
« Aujourd’hui, j’ai soumis à la 28e chambre du tribunal révolutionnaire une défense écrite dans laquelle je n’avais pas défendu mon client mais plutôt exprimé ... mon objection à l’écart d’impartialité de la part du juge », a-t-il déclaré.
Le juge Moghiseh est connu en Iran pour avoir condamné des détenus pacifiques, y compris des journalistes, des militants et des dissidents, à de longues peines d'emprisonnement dans des affaires politiquement sensibles.
Selon des témoignages cités par Justice for Iran, une organisation qui a documenté les exécutions de milliers de prisonniers politiques en Iran dans les années 1980, Moghiseh a également joué un rôle important dans la torture et la persécution de prisonniers politiques dans les prisons de Gohardasht, Evine et Ghezelhesar, pendant cette période.
Kazemi, qui a travaillé pour de grands journaux réformistes iraniens, dont Ghanoon et Shargh, a été arrêté le 6 novembre 2018 pour avoir tweeté au sujet de la corruption présumée au ministère de l'Industrie, des Mines et du Commerce, et a interrogé le conseiller présidentiel du président Hassan Rouhani, Hesamoddin Ashena, à propos des assassinats de dissidents iraniens à la fin des années 90, lorsque Ashena était vice-ministre du renseignement.
Il a été libéré sous caution cinq jours plus tard.
Kazemi, ancien rédacteur en chef du magazine politique Sedaye Parsi (Persian Voice), fait face à cinq chefs d'accusation, dont deux qui ont été ajoutés lors de son procès le 22 mai devant la 28e chambre du tribunal révolutionnaire de Téhéran : " Troubles à l'opinion publique, insulte du Guide suprême, insulte des autorités, propagande contre l'État " et " rassemblement et collusion contre la sécurité nationale".
Source : Le Centre pour les droits de l’homme en Iran
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