mardi 18 juin 2019

L'Iran déclare être tombé plus profondément dans la récession l'année dernière comme jamais auparavant


monnaie iranienne dollar iranVOA, le 18 juin 2019 - Cet article provient du service persan de VOA. Payam Yazdian y a contribué depuis Washington. L’Iran affirme que son économie a connu l’an dernier une récession pire que ce à quoi s’attendaient les organisations internationales, alors que les États-Unis ont commencé à imposer de nouvelles sanctions plus sévères au secteur pétrolier et aux autres secteurs financiers, qui sont essentiels à Téhéran.

Dans un rapport publié dimanche, le Centre de statistique iranien a annoncé que le produit intérieur brut iranien avait reculé de 4,9 % au cours de la dernière année perse, qui s’est terminée le 21 mars.
La Banque mondiale, une institution basée à Washington qui fournit des prêts à des pays, a publié un rapport plus tôt ce mois-ci estimant que le PIB de l'Iran avait diminué de 1,9 % en 2018 après une croissance de 3,8 % en 2017. Le Fonds monétaire international (FMI), une autre agence de prêt mondiale basée à Washington a publié un rapport en avril selon lequel le PIB iranien aurait diminué de 3,9 % en 2018. Les deux organismes ont également prédit que la récession iranienne s’aggravera cette année, la Banque mondiale prévoyant une croissance de -4,5 % et le FMI prévoyant une croissance de -6 %.
Le président Donald Trump a commencé à réimposer des sanctions à divers secteurs de l'économie iranienne en août dernier, dans le cadre d'une campagne visant à « exercer le maximum de pression » sur l'Iran afin qu'il négocie la fin de ses activités malveillantes. Le prédécesseur de Trump avait levé ces sanctions dans le cadre d'un accord de 2015 entre l'Iran, les États-Unis et cinq autres puissances mondiales, afin de permettre à Téhéran de réintégrer l'économie mondiale en échange de limites à son programme nucléaire. Trump a déclaré que l'accord n'était pas assez solide pour empêcher l'Iran de mettre au point des armes nucléaires ou de s’engager dans d'autres activités régionales déstabilisatrices. Téhéran nie poursuivre de tels objectifs.
Dans le cadre de sa campagne de pression, Trump a sanctionné unilatéralement les exportations de pétrole de l’Iran, sa principale source de revenus, en novembre. Il a aussi permis à plusieurs clients de Téhéran de continuer à importer du brut iranien jusqu’à ce qu’ils soient obligés de réduire leurs importations à zéro le mois dernier. Aucun d’entre eux n’a annoncé d’achats de pétrole en Iran depuis lors.
L’inflation et le chômage de l’Iran se sont aggravés et la valeur de sa devise a chuté par rapport au dollar, parallèlement à l’intensification des sanctions américaines. La détérioration des conditions économique a provoqué des manifestations de rue occasionnelles dans diverses régions du pays au cours de l’année écoulée, avec des manifestants dénonçant des responsables gouvernementaux et des chefs d’entreprise qu’ils accusent d’oppression, de mauvaise gestion et de corruption.
Dans une interview accordée lundi à VOA Persian, Siamak Shojai, économiste américain d'origine iranienne, de l'Université William Paterson, a dit que l'économie iranienne traverse une « crise énorme » en raison de l'intensification des sanctions imposées par les États-Unis et de l'implication continue de la nation à majorité chiite dans des conflits régionaux opposant ses mandataires à certains de ses voisins arabes sunnites et Israël.
« Le peuple iranien a du mal à faire face à ses besoins quotidiens », a déclaré Shojai. « À l'heure actuelle, l'économie iranienne semble être sur le pied de guerre sans qu'aucune balle n'ait été tirée ».
Patrick Clawson, directeur de recherche à l’Institut pour la politique du Proche-Orient à Washington, a également attribué la récession croissante de l’Iran à la gestion de l’économie par ses dirigeants islamistes.
« Il est remarquable de voir comment une équipe de soi-disant modérés a réussi à bousiller la politique économique », a déclaré Clawson à VOA Persian, lundi 17 juin, en référence au gouvernement du président Hassan Rouhani. « Les politiques actuelles de l’Iran découragent les exportations, encouragent les importations et obligent le gouvernement à utiliser l’inflation [résultant de l’impression de l’argent] pour se financer. C’est un mélange incroyablement mauvais », a-t-il déclaré.
Mais Clawson a également attribué au gouvernement Rouhani le mérite d’avoir publié des données qui reconnaissent les difficultés économiques de l’Iran. « Par souci de justesse… ce gouvernement est prêt à faire face à de mauvaises nouvelles », a-t-il déclaré.

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