Par Mansoureh Galestan
Le Daily Star britannique a interviewé des opposants au régime iranien qui ont déclaré au journal qu'au moins 30 000 prisonniers politiques, principalement des membres de l'Organisation des Moudjahidine du Peuple d'Iran (OMPI), avaient été exécutés en Iran pendant le massacre de 1988 et que les camps de la mort sont toujours ouverts.
S'adressant en exclusivité au Daily Star Online, certains des anciens prisonniers politiques ont parlé de leurs horribles expériences dans les chambres de torture du régime des mollahs.
A partir de juillet 1988, et pendant environ cinq mois, Rouhollah Khomeiny a émis une fatwa contre les membres de l’OMPI.
Le Daily Star Online a écrit dimanche qu'il avait rendu visite aux opposants du régime dans le nord de Londres et s'était entretenu avec d'anciens prisonniers et des parents des victimes du massacre de 1988.
La plupart ont parlé par l'intermédiaire d'un traducteur, Omid, 21 ans, qui s'est installé au Royaume-Uni depuis son enfance avec ses parents, Ahmad Ibrahimi et Farzaneh Majidi.
Maintenant qu'il étudie la médecine en Italie, Omid a déclaré au Daily Star Online : « Je ressens de très près la douleur de ce tragique événement parce que je me considère très chanceux d'être encore en vie. »
Son père Ahmad a passé 10 ans en prison entre 1981 et 1991, après avoir été arrêté pour avoir soutenu l’OMPI, a écrit le Daily Star.
Ahmad a expliqué qu'il avait été condamné à une exécution avec sursis et emmené dans la sinistre prison de Téhéran.
Il a été arrêté en 1981 peu après avoir terminé ses études secondaires après que des gardes armés l'ont arrêté dans la rue.
Après avoir refusé de désavouer l’OMPI, Ahmad a été battu en prison.
Les gardes lui ont dit : « Vous devez faire ce qu'on vous dit ou vous subirez quelque chose de pire. »
Ahmad a répondu : « Vous tuez déjà 400-500 manifestants par jour. Qu'est-ce qui pourrait être pire ? »
Tous les prisonniers ont été emmenés dans une pièce et on leur a demandé : « Qui soutenez-vous ? »
Ceux qui ont répondu l'OMPI ont été enlevés et exécutés ou torturés, ceux qui ont désavoué le parti ont survécu.
En 1984, il a été conduit à la prison de Gohardacht à Karaj, au nord-ouest de Téhéran.
Il a déclaré : « On m'a bandé les yeux et on m'a emmené dans une autre petite pièce où j'ai été détenu avec environ 90 autres personnes.
« Les noms des gens ont été appelés et on les a emmenés. Mais je n’ai pas entendu mon nom. J'y ai passé la journée de 20h à 18h.
« Finalement, le régisseur de la prison est entré et m'a emmené dans une autre pièce et m'a bandé les yeux.
« J'ai vu Mostafa Pourmohammadi, le Procureur du tribunal révolutionnaire des forces armées, avec d'autres éléments des Gardiens de la révolution (pasdaran) et des
interrogateurs assis là.
« Pourmohammadi m'a demandé : « Soutenez-vous toujours l'OMPI ? »
« J'ai dit : « Je ne sais pas. » Il a dit : « Les condamnez-vous ? » J'ai répondu : « Je suis en prison depuis huit ans. »
Après avoir été emmené hors de la salle, on lui a dit que d'autres prisonniers étaient tués.
« Il y en avait 150 dans ma section, 90 ont été exécutés. Dans une autre section près de la mienne, seulement 13 sur 207 ont survécu. »
Farzaneh, l'épouse d'Ahmad, a perdu cinq membres de sa famille sous le régime.
Un de ses frères n'avait que 16 ans lorsqu'il a été arrêté en 1981. Après avoir fouillé toutes les prisons en vain pour le retrouver, deux gardiens de la révolution sont venus un jour dans la maison familiale.
Farzaneh a déclaré : « Ils nous ont donné un sac de vêtements et nous ont dit : « Ce sont les vêtements de votre fils, nous l'avons tué et nous voulons de l'argent pour la balle. »
Sa mère était tellement traumatisée qu'elle a refusé de parler pendant trois ans.
Sa mère était tellement traumatisée qu'elle a refusé de parler pendant trois ans.
Un autre frère a été tellement torturé qu'il a perdu le contrôle nerveux de nombreuses parties de son corps.
Une autre victime, qui a demandé à conserver l’anonymat, a déclaré : « Pour l'une des tortures, j'ai été allongé sur la poitrine de mon frère sur un support de torture, et mes pieds et mes jambes ont été fouettés 150 fois.
« J'ai été forcé de battre mon frère, et quand j'ai refusé, les gardiens de prison nous ont battus tous les deux plus fort. »
Il dit qu'il a également été suspendu au plafond d'une cellule de prison avec huit autres dans une position insupportable.
« On m'a emmené à la potence deux fois, la première fois en 1981 et la seconde en 1983 », a-t-il laissé entendre.
L'ancien prisonnier a dit avoir vu en prison des scènes qu'il n'oublierait jamais.
« Des corps ont été jetés derrière le pavillon 4 de la prison d'Evine. Les prisonniers étaient alignés et fusillés, par bandes de 30 à 40 à la fois. Si l'un des prisonniers a survécu aux premières balles, les gardes lui tirent dans la gorge.
« Puis les corps étaient jetés à l'arrière d'un camion Mercedes Benz, et alors qu'il s'éloignait, tout ce que l'on pouvait voir, c'était le sang qui coulait de l'arrière du camion », se rappelle-t-il, sous l’emprise de l’émotion.
Munir Hussein a vu sa sœur et le mari de sa sœur exécutés par le régime, alors qu'elle était également emprisonnée pendant le massacre de 1988.
« J'ai été forcé de m'asseoir à l'extérieur de la cellule pendant la torture, et j'entendais les bruits des autres qui étaient torturés. De temps en temps, un garde venait me dire que j'étais le prochain. »
Elle a été arrêtée pour avoir distribué des tracts pour l’OMPI. Pendant qu'elle était en prison, une autre a dit avoir rencontré une femme portant une grossesse très avancée.
« Quand j'ai souhaité ses félicitations, elle m'a répondu : ‘Chaque jour qui se rapproche de la naissance est un jour qui se rapproche de l'exécution.’ »
« Quand j'ai souhaité ses félicitations, elle m'a répondu : ‘Chaque jour qui se rapproche de la naissance est un jour qui se rapproche de l'exécution.’ »
Dans un communiqué, les dissidents iraniens ont déclaré : « On ne verrait jamais ce genre d'événement au Royaume-Uni. Quand nous parlons aux Britanniques, c'est tellement difficile pour eux de comprendre une telle chose.
« Le régime n'en a pas fini avec l'OMPI, il ne s'arrêtera pas tant qu'il n'aura pas massacré tous ses membres. Nous voulons que tous les dirigeants internationaux traduisent le régime des mollahs en justice et exigent de savoir pourquoi le massacre a eu lieu.
« Nous voulons que des individus comme Pourmohammadi soient traduits devant un tribunal international, pour que le monde comprenne l'étendue de leurs crimes. »
Selon Amnesty International, le régime des mollahs mène depuis longtemps une campagne visant à diaboliser les victimes du régime et à déformer les faits de 1988.
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