Paralèllement à l'inclinaison du régime iranien à arrêter et emprisonner les binationaux, il a été rapporté mercredi que le gouvernement iranien détenait un deuxième universitaire français.
La révélation s’ajoute au tollé international suscité par la détention douteuse de Fariba Adelkhah, anthropologue à l’Université Sciences Po de Paris, qui a été arrêtée en Iran.
L’Iran maintient fréquemment le voile du secret sur les arrestations, les enquêtes pénales et les poursuites. Ce secret peut être apploqué avec une vigueur particulière dans les cas politiquement sensibles ou susceptibles de générer une attention négative de la part du public.
En avril 2016, la binationale irano-iranienne, Nazanin Zaghari-Ratcliffe, a été arrêtée. Mais la mère alors âgée de 37 ans voyageait à l'époque avec sa petite fille pour rendre visite à sa famille iranienne. Aucune activité d'espionnage spécifique n'a été identifiée pour justifier la peine de cinq ans d'emprisonnement à laquelle elle a été condamnée par la suite. L'accusation semblait apparemment être liée, presque entièrement, à son ancienne association professionnelle avec la British Broadcasting Corporation. Ce travail, qui avait pris fin des années avant son arrestation, était limité à la branche caritative de la BBC, et Zaghari-Ratcliffe n’avait jamais travaillé comme journaliste ou formatrice.
De même, des preuves douteuses ont permis de condamner d’autres ressortissants étrangers devant le tribunal révolutionnaire iranien. Par exemple, l'étudiant diplômé de l'Université de Princeton et citoyen américain Xiyue Wang était en Iran à peu près au même moment que Zaghari-Ratcliffe, car il travaillait sur une thèse sur la dynastie des Qajar. Après avoir reçu l'approbation du régime pour ses recherches, il a commencé à numériser des documents de bibliothèques publiques traitant de la période pertinente de l'histoire iranienne, mais il a ensuite été accusé d'avoir envoyé des documents sensibles aux gouvernements occidentaux.
En janvier 2018, l'aile du renseignement des pasdarans a procédé à l'arrestation de 10 écologistes et chercheurs en environnement qui travaillaient ensemble à un projet d'étude et de protection du guépard asiatique, en danger. Le projet consistait à installer des pièges à caméra pour surveiller l'animal, ce qui a été cité comme preuve que les universitaires espionnaient réellement les sites de missiles des pasdarans. Mais en fait, en étudiant les menaces qui pèsent sur le guépard d’Asie, le groupe a évidemment menacé d’exposer également l’impact environnemental désastreux du développement incontrôlé de nouveaux sites de missiles des pasdarans.
L'une des 10 personnes détenues dans cette opération était un double ressortissant irano-canadien, Kavous Seyed-Emami. Il est mort dans des circonstances suspectes peu après les arrestations. Les autorités iraniennes ont déclaré qu’il s’était suicidé et elles ont déclaré qu'il avait avoué sa culpabilité avant de se suicider, mais ces mêmes autorités ont empêché la tenue d'une enquête indépendante et interdit à sa femme de quitter le pays pour rejoindre ses fils au Canada.
Quatre des neuf accusés restants ont été initialement inculpés de « propagation de la corruption sur la terre », qui peut entraîner la peine de mort. Bien qu'il ait été récemment rapporté que cette accusation avait été abandonnée, le groupe encourt toujours des peines de prison de plusieurs années sur la base de leurs travaux universitaires.
Le ministre iranien des affaires étrangères, Javad Zarif, a indiqué à Nazanin Zaghari-Ratcliffe, par exemple, qu’elle pourrait être échangée contre une Iranienne qui a été arrêtée en Australie sur la base d’un mandat américain pour violation des sanctions. Le mois dernier, la femme a été condamnée à une peine avec sursis après avoir été extradée aux États-Unis, puis renvoyée en Iran. Aucun nouveau développement n’a été signalé dans l’affaire Zaghari-Ratcliffe, bien que sa fille de cinq ans a récemment rejoint son père au Royaume-Uni après avoir vécu avec ses grands-parents iraniens et rendu régulièrement visite à sa mère à la prison d'Evine.
Les tensions qui en résulteraient surviendraient à un moment particulièrement crucial, la France ayant tenté de préserver l'accord sur le nucléaire iranien de 2015, dont les États-Unis se sont retirés l'année dernière. L’engagement pris par le gouvernement français en faveur de cette cause a déjà été mis à l’épreuve par la décision de l’Iran, il y a plusieurs mois, de commencer à rompre systématiquement ses engagements, dans le cadre du Plan d’action global et commun.
Mercredi, Téhéran a de nouveau évoqué la « quatrième étape » de ces violations, qu’il promet d’entreprendre ce mois-ci à moins que la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni ne dotent le régime de nouvelles incitations économiques substantielles. « Nous imposerons probablement des limites aux inspections, ce qui signifie que la surveillance des activités nucléaires de l'Iran par l'Agence internationale de l'énergie atomique sera réduite », a déclaré Hossein Naghavi-Hosseini, porte-parole de la commission de sécurité nationale du parlement iranien.
À Paris et dans toute l’Union européenne, les politiques actuelles à l’égard de l’Iran sont contestées non seulement par ces violations du JCPOA, mais aussi par la conduite générale de l’Iran sur la scène nationale. Le mois dernier, des frappes de missiles et de drones ont endommagé l’infrastructure pétrolière en Arabie saoudite, réduisant ainsi brièvement, de moitié, la production de pétrole du pays. Les trois signataires européens de l'accord nucléaire ont finalement accepté les renseignements américains indiquant que l'Iran était responsable de l'incident.
Source : Iran Focus
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