CNRI Femmes – La féminisation de la pauvreté en Iran apparait plus crument en ce 17 octobre, Journée internationale pour l’élimination de la pauvreté.
L’Iran est un pays flottant sur une mer de pétrole qui recèle dans son sous-sol la deuxième plus grande réserve de gaz naturel au monde. Ses ressources naturelles sont abondantes et le pays a accès à la haute mer au nord et au sud. Pourtant, plus de 80 pour cent de la population vivent en dessous du seuil de pauvreté et la classe moyenne a pratiquement disparu. Les femmes sont les premières touchées et on assiste au phénomène de la féminisation de la pauvreté en Iran.
La pauvreté s’aggrave de jour en jour, les politiques néfastes du régime en place ayant entraîné la fermeture d’usines et d’unités de production ainsi que la destruction de l’agriculture, le chômage est monté en flèche. En même temps, la flambée des prix et l’inflation avaient déjà réduit le pouvoir d’achat, avant même que la monnaie du pays ne plonge en chute libre.
La destruction de l’environnement, le pillage des richesses publiques, la fraude et les détournements de fonds dans tous les projets nationaux ont laissé la population sans défense face aux catastrophes naturelles comme les tremblements de terre et les inondations soudaines, ce qui a de nouveau contribué à accroître la population des pauvres et des déshérités.
Une simple recherche du mot « pauvreté » sur notre site internet révèle comment tous les secteurs des femmes iraniennes sont touchés : enseignantes, étudiantes, infirmières, fonctionnaires, ouvrières, femmes chefs de famille, etc. L’éducation des générations futures en a été une grande victime. Entre-temps, la pauvreté alimente la propagation de divers maux sociaux, comme la mendicité, le travail des enfants, la vente d’organes, les mariages précoces, l’itinérance sans domicile fixe, le tri des ordures pour la nourriture, la toxicomanie, la prostitution, la vente des enfants, des nourrissons et des foetus à naître et enfin le suicide.
Souffrant d’une double discrimination institutionnalisée dans les lois et les normes sociales de ce régime, les femmes en Iran sont confrontées à de multiples obstacles à l’éducation et à l’emploi, à l’obtention de prêts bancaires, au soutien du gouvernement, à toute forme d’assurance ou de subventions.
Par exemple, 82 % des 3,6 millions de femmes chefs de famille n’ont pas d’emploi décent et vivent sous le seuil de pauvreté sans recevoir la moindre aide du gouvernement.
Les femmes constituent donc le secteur le plus pauvre de la société iranienne à tel point que les médias et les autorités ont reconnu la « féminisation de la pauvreté » dans le pays.
La discrimination sexuelle et le chômage des femmes
L’instabilité économique est la principale cause de la pauvreté croissante en Iran, mais la féminisation de la pauvreté et les maux sociaux qui en découlent sont principalement dus aux politiques et aux lois officielles qui discriminent les femmes.
Par conséquent, la plupart des femmes sont poussées vers des emplois peu rémunérés dans le secteur privé des services, où les entreprises recrutent plus de femmes pour payer des salaires de misère.
Les femmes ont un travail difficile à accomplir dans le secteur des services. Elles tombent malades au fil du temps en raison de la pénibilité de leurs tâches et ne reçoivent pas régulièrement ou complètement leur maigre salaire.
Zahra Shoja’i, secrétaire générale de la soi-disant assemblée des femmes réformistes, a insisté sur la féminisation de la pauvreté en Iran : « La pauvreté s’est féminisée. Les maux sociaux, le suicide, les fugue, la toxicomanie et le nombre croissant de femmes détenues sont quelques-uns des problèmes auxquels nous sommes confrontés. » (Site dustaan.com, 20 juin 2018)
Anoushirvan Mohseni Bandpay, responsable de l’Organisation nationale de protection sociale, a déclaré à propos de la féminisation de la pauvreté : « Nous sommes à la traîne en ce qui concerne les indices économiques, comme la création d’emplois pour les femmes. Bien sûr, c’est principalement dû aux politiques du pays où nous avons 22 femmes employées contre 100 hommes ayant un emploi. Le taux d’emploi des femmes en Iran est de 12 %, au mieux. » (Site Tabnak, 13 février 2018)
Le taux de chômage des femmes dans la province d’Ardebil est de 51,2%, à Ispahan de 53%, à Alborz de 55,9%, à Ilam de 86,4%, à Charmahal-o Bakhtiari de 80,1%, à Khorassan-Razavi de 69,5%, à Khorassan-Nord de 55%, au Khouzistan 63.5 %, à Fars 70 %, à Qazvine 58,7 %, au Kurdistan 55,1 %, à Kermanshah 61,6 %, à Kohgilouyeh-Boyer-Ahmad 64,7 %, à Golestan 69,7 %, à Lorestan 81,7 %, à Mazandaran 64,1 %, dans la province centrale 62,5 %, à Hormozgan 73,1 % et à Téhéran21 %.
Les femmes se heurtent à des obstacles particuliers en matière d’emploi dans les secteurs privé et public, où elles sont facilement exclues du fait de leur mariage ou parce qu’elles ont des enfants. Outre la grave pénurie d’emploi pour les femmes dans le secteur public, les hommes ont la priorité sur les femmes dans les nouveaux emplois.
Les femmes chefs de famille parmi les plus pauvres
Les femmes chefs de famille sont parmi les plus pauvres des pauvres et constituent le principal exemple de la féminisation de la pauvreté en Iran.
Selon Massoumeh Ebtekar, chef de la direction présidentielle pour les femmes et les affaires familiales, 3 600 000 femmes ont été officiellement enregistrées comme femmes chefs de famille en Iran. (Agence IRNA, 7 octobre 2018) Mais les chiffres annoncés par les responsables du régime doivent être considérés comme le minimum.
Au moins 500 000 femmes, soit 16 % des femmes chefs de famille, ont moins de 20 ans. Ce chiffre ne représente que les 3 100 000 femmes chefs de famille « qui ont été identifiées ou se sont présentées dans les centres d’appui ». (Zohreh Ashtiani, secrétaire de la Faction familliale du parlement des mollahs, entretien avec le journal Shahrvand, 10 juillet 2018)
Plus de 3 millions de femmes chefs de famille en Iran, soit 82 %, sont au chômage. (Massoumeh Ebetkar, agence ISNA, 7 juillet 2018)
Le nombre de femmes chefs de famille en Iran ne cesse d’augmenter, mais elles sont confrontées à de nombreux problèmes en raison de la crise économique en Iran et de la discrimination à l’égard des femmes.
Selon une étude, « les trois principaux problèmes auxquels sont confrontées les femmes chefs de famille en Iran sont la discrimination et l’inégalité, le chômage et l’absence de sécurité sociale », a déclaré Susan Bastani, adjointe aux études stratégiques à la Direction des femmes et des affaires familiales, ajoutant : « Les prochains problèmes auxquels elles sont confrontées sont le manque de liberté et de choix, le manque de respect social, la pauvreté et le manque de moyens économiques. » (Agence IRNA, 4 mai 2019)
Les conditions de vie des femmes chefs de famille sont décrites comme étant en dessous du « seuil de décès » car même si ces femmes reçoivent des pensions, elles ne sont qu’environ 100 000 tomans (9 dollars) par mois, alors que le seuil de pauvreté est de 8 millions de tomans (700 dollars) pour chaque famille.
Selon Anoushirvan Mohseni Bandpay, chef de l’Organisation nationale de protection sociale, seules 180 000 femmes chefs de famille reçoivent une aide sociale. « En ce qui concerne les prêts professionnels aux femmes qui n’ont pas de tuteur ou qui ont un mauvais tuteur, cependant, l’organisation fait face à des défis majeurs », a déclaré Mme Bandpay. (Site Tabnak, 13 février 2018)
Pour toutes les raisons brièvement évoquées ci-dessus, en cette Journée internationale pour l’élimination de la pauvreté, nous constatons que la pauvreté est en augmentation en Iran et que les femmes en sont les premières victimes.
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