OLENA ZELENSKA, l’épouse du président ukrainien Volodymyr Zelensky, a accordé au Parisien une interview exclusive le 22 mars. Dans cette interview, elle parle de son combat pour organiser le sauvetage d’enfants atteints de maladies graves. Elle parle également du rôle admirable des femmes dans la résistance populaire de l’Ukraine contre l’invasion russe. Voici des extraits de cette interview :
OLENA ZELENSKA, la première dame d’Ukraine, nous explique, dans cet entretien réalisé à distance, son combat pour organiser l’évacuation d’enfants malades de son pays.
Le Parisien : Comment allez-vous ?
OLENA ZELENSKA. Comme un être humain qui a une guerre dans sa maison. Comme chaque Ukrainien. Je me précipite sur les informations. Où l’ennemi a-t-il visé cette fois ? Y a-t-il des victimes ? Je guette les nouvelles de Marioupol, où des centaines de milliers de personnes, même des connaissances personnelles, sont dans les sous-sols sans communication, sans électricité, sans médicaments. C’est maintenant le rituel de tous mes concitoyens. Chaque jour, vous devez appeler tous vos proches. Sont-ils vivants ? Vérifier les messageries. Si les messages s’affichent comme lus, il reste de l’espoir qu’ils aient eu un peu de réseau, qu’ils soient en vie. Et c’est déjà un bonheur incroyable pendant la guerre.
Vous travaillez depuis plusieurs jours avec les premières dames française et polonaise pour organiser l’évacuation d’enfants malades. Comment se déroule cette opération ?
Ces « convois de la vie » sont sans précédent. Une véritable opération de sauvetage. Quand il est devenu clair qu’il était impossible de traiter les enfants atteints de cancer dans les abris anti-bombes, nous avons immédiatement cherché une solution. (…) Certains resteront en Pologne, d’autres seront redirigés en France, en Italie, en Allemagne, aux États-Unis, au Canada. Je suis heureuse d’avoir pu être utile dans le processus (…)
Espérez-vous que les négociations diplomatiques aboutissent à cessez-le-feu ?
Il y a toujours de l’espoir -…)
Quel est le rôle des femmes dans cette guerre ?
Avant la guerre — je ne m’habitue pas à cette expression — j’avais écrit qu’en Ukraine, il y a 2 millions de femmes de plus que d’hommes. Ces jours-ci, cette statistique prend toute sa signification. Notre résistance, comme notre future victoire, a aussi un visage particulièrement féminin. Les femmes se battent dans l’armée, elles sont inscrites à la Défense territoriale, elles sont la base d’un puissant mouvement bénévole qui fournit, livre, nourrit… Elles donnent la vie dans des abris, sauvent leurs enfants et en gardent d’autres, font tourner l’économie, vont à l’étranger chercher du secours. Enfin, elles font simplement leur travail — dans les hôpitaux, les pharmacies, les magasins, les transports, les services publics — pour que la vie continue.
Comment travaillez-vous avec votre époux, le président Volodymyr Zelensky ?
Volodymyr est pour moi un exemple, je suis sa partenaire fiable et son soutien. Aujourd’hui, toute l’Ukraine s’est unie pour gagner, et notre mission est la même. Dans cette guerre, je suis aux côtés de tout le peuple ukrainien.
Votre mari a marqué l’opinion publique internationale jusqu’ici pour son sang-froid dans ce conflit. Et vous qui le connaissez depuis 1995, avez-vous été étonnée ?
Est-ce que j’admire cet homme ? Tous les jours. Suis-je surprise ? Non. Volodymyr a toujours été comme ça, déterminé et calme. En temps de guerre, tous les Ukrainiens et le monde entier ont bien vu les principes qu’il a et ils ont senti la force en lui. Il n’abandonnera pas les intérêts de l’Ukraine.
Au premier jour de l’invasion russe, vous avez publié sur Instagram : « Je ne vais pas paniquer ni pleurer. Je serai calme et confiante. » Après presque un mois de guerre, est-il encore possible de tenir cette promesse ?
Les larmes étaient et sont là quand je vois nos victimes, des enfants morts, des familles fusillées ou ensevelies sous les décombres de leurs propres maisons. On ne peut pas s’en empêcher. Mais il n’y a pas de panique. La panique arrive quand vous ne savez pas quoi faire. Et moi, je sais parfaitement ce qu’on doit faire et le peuple ukrainien le sait aussi. Notre plan est de protéger les Ukrainiens et de gagner.
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